Après avoir dévoré le premier opus qui posait les bases d’un univers où les statistiques font loi, je me suis plongé avec une curiosité vorace dans System Universe – Tome 2 : Torith. Si le premier tome était celui de la survie et de l’adaptation en milieu hostile, cette suite opère un virage à 90 degrés vers un terrain tout aussi glissant, mais beaucoup plus civilisé : la jungle urbaine et ses intrigues politiques.

Derek Hunt, notre protagoniste aussi surpuissant que désinvolte, quitte les contrées sauvages pour Torith, la cité des mystères. Et laissez-moi vous dire que le décalage entre sa puissance brute et la subtilité requise par la noblesse locale est un délice absolu. 

📜 Le Pitch : Un éléphant dans un magasin de porcelaine (magique)

Nous retrouvons Derek juste après sa victoire écrasante dans le Donjon des Immortels. Ses statistiques crèvent le plafond (littéralement, le système ne sait plus trop quoi faire de lui), mais sa nouvelle quête n’est pas de tuer un boss de fin de niveau. Non, son défi est bien plus complexe : naviguer dans Torith, une ville où les sourires cachent des poignards et où les serments sont des chaînes magiques.

Cherchant simplement à se faire un nom (et peut-être trouver un bon repas), Derek se retrouve malgré lui au cœur des convoitises. Entre une aristocratie qui veut l’utiliser et des rivaux qui veulent sa peau, il va devoir décider à qui accorder sa confiance. Spoiler : quand on peut raser un bâtiment d’un claquement de doigts, la diplomatie prend une tournure… intéressante.

1. Le mythe du « Power Fantasy » décomplexé

Ce qui est rafraîchissant avec SunriseCV, c’est l’honnêteté de sa proposition. Nous ne sommes pas ici pour voir le héros souffrir mille morts ou échouer lamentablement. Derek est OP (Overpowered), il le sait, et le lecteur le sait. L’intérêt littéraire ne réside donc pas dans le « va-t-il survivre ? », mais dans le « comment le monde va-t-il réagir à cette anomalie ? ». Voir les nobles arrogants de Torith réaliser peu à peu qu’ils essaient de manipuler une force de la nature est un plaisir coupable dont on ne se lasse pas. C’est du « popcorn book » de haute volée : fluide, gratifiant et fun.

2. L’extension du World-Building

Là où le tome 1 était centré sur les mécaniques de base, Torith étoffe le lore. On découvre comment fonctionne la société de ce « System Universe », la hiérarchie des classes, et l’impact réel du Système sur l’économie et la politique. L’auteur parvient à rendre la ville vivante, avec ses bas-fonds et ses quartiers huppés, sans jamais nous noyer sous des descriptions à la Tolkien. Le rythme reste soutenu, typique du LitRPG moderne.

3. Derek et Silvi : Le duo dynamique

Impossible de parler de ce tome sans mentionner Silvi, le lapin du Vide (Void Bunny). Si Derek est la force tranquille et un peu cynique, Silvi apporte cette touche de mascotte chaotique et adorable qui équilibre le récit. Leur dynamique s’affine ici, offrant des moments d’humour qui désamorcent la tension des intrigues de cour. On s’attache aussi davantage aux personnages secondaires qui, contrairement au premier tome, commencent à gagner en épaisseur et ne sont plus de simples PNJ (Personnages Non Joueurs).

⚖️ Le Bémol

Si vous cherchez de la « Dark Fantasy » où le héros risque sa vie à chaque page, passez votre chemin. La tension dramatique est faible concernant la survie physique de Derek. Les enjeux sont plus sociaux et relationnels. De plus, certains puristes de la littérature classique pourraient tiquer sur le style très direct, parfois utilitaire, propre au genre LitRPG. Mais soyons honnêtes : on est là pour le loot et la progression, pas pour de la prose poétique.

System Universe Tome 2 : Torith transforme l’essai. SunriseCV prouve qu’il peut sortir son héros des donjons pour le jeter dans l’arène sociale sans perdre ce qui fait le sel de la série : un sentiment de puissance jouissif et un univers qui s’étend comme un jeu vidéo open-world.

C’est une lecture addictive, légère et parfaitement rythmée. Un excellent « page-turner » pour décompresser, qui confirme que cette saga est une des valeurs sûres du LitRPG traduit en français.