« J’avais bientôt 13 ans et une enfance impressionniste. Je me rappelle donc flou cette journée, c’était la veille du 15 mai 2027, la première fois où nous allions voter. – Et je veux pas voter. Mon père pose ses couverts. Aïe mauvaise réponse ». C’est l’histoire d’une jeune ado. Attendez… Ou tout aussi bien d’un jeune ado. Qui traverse la grande histoire du droit de vote des mineur.e.s depuis son petit trou de serrure. Depuis son petit trou à rats familial. Iel raconte la vie au collège, les copines, Lela surtout, proche – border crush. Le préau de la récréation, les salles de cours aux tapisseries de l’Apocalypse, la cafétéria. Sa mère, habitante de la planète Déni, gentille à claquer. Le père, un beauf ? C’est pire, nettement pire, en fait. Les désirs pullulants, qui grattent.

 – L’avis de Xav –

Cui Cui, c’est un roman un peu à part, comme un petit oiseau qui se pose doucement sur ton épaule sans faire de bruit. Juliet Drouar y écrit avec délicatesse, en choisissant chaque mot comme une plume légère. Ce n’est pas une histoire pleine d’action ou de rebondissements, mais plutôt un voyage intérieur, tout en émotions retenues. On y suit un personnage en quête de soi, de son identité, de sa place dans un monde qui ne comprend pas toujours ceux qui sont différents.

Le livre parle de sujets importants : le genre, la différence, la manière dont on se sent à l’intérieur, même si ce n’est pas ce que les autres voient à l’extérieur. Mais il le fait sans être lourd ou compliqué. Il y a beaucoup de pudeur, parfois un peu de flou aussi. On ne comprend pas tout d’un coup, et c’est fait exprès. C’est un texte qui demande de lire lentement, de laisser les émotions venir petit à petit. Si tu aimes les histoires qui font réfléchir, tu t’y retrouveras sûrement.

L’écriture est très poétique, avec des images, des silences, un vrai rythme. On sent que l’autrice aime faire chanter les phrases. C’est beau, mais ce style particulier peut aussi dérouter si on s’attend à quelque chose de plus direct. L’intrigue, elle, tient en peu de choses : un personnage qui apprend à dire “je”, à s’accepter. Ce minimalisme peut laisser sur sa faim ceux qui aiment les romans pleins de péripéties ou de dialogues, mais c’est aussi ce qui rend le livre unique.

Cui Cui ne plaira pas à tout le monde, et ce n’est pas grave. C’est un roman discret, fragile, mais très sincère. Il s’adresse aux lecteurs et lectrices qui aiment les textes qu’on ressent plus qu’on ne comprend. Ce n’est pas une lecture pour se distraire vite fait, mais un livre qu’on garde en soi, comme un secret ou un souffle. Un roman qui ne crie pas, mais qui touche doucement — et parfois, c’est ce qu’il faut.

– L’avis d’Isa-

Parler de Cui-Cui sans trop en révéler relève presque du défi. Le thème principal, profondément intime, se dévoile progressivement au fil des pages, et c’est justement cette discrétion qui en fait la force. Ce roman, qui se lit d’une traite, nous embarque dans une histoire de reconstruction personnelle. On s’attache très vite au personnage principal, dont l’évolution est à la fois douce, douloureuse et profondément humaine.

Malgré quelques maladresses propres à un premier roman — notamment dans la structure narrative —, la plume de l’auteur·ice se révèle délicate, poétique et sincère. Il y a cette sensibilité à fleur de peau qui rend la lecture aussi fluide que touchante.

Le seul véritable bémol à noter concerne la quatrième de couverture : elle nous oriente vers une histoire un peu différente de celle que l’on découvre réellement. On s’attend à un certain ton ou un sujet plus léger, pour finalement plonger dans une forme d’autobiographie, sincère et pudique. Une surprise qui, loin de décevoir, rend cette lecture encore plus marquante.

En bref, Cui-Cui est une belle découverte, un premier roman prometteur que je recommande à celles et ceux qui aiment les récits personnels, sincères, et portés par une plume prometteuse. Si c’est le cas, n’hésitez pas à cliquer ici.