Cordélia n’avait rien demandé à personne. Elle tentait simplement de survivre après le décès de ses parents. Mais un messager divin lui annonce que le responsable est un prince-démon, banni il y a des millénaires et qui prépare son grand retour à l’aide d’humains félons : Entropia. Elle seule peut le contrecarrer, en rassemblant les sept Reliques divines dispersées sur les continents d’Alkymia.

 – Mon avis –

L’univers de réveil d’Entropia, premier tome des Sept Reliques signé Joffrey Lebourg, débarque comme un rouleau compresseur de fantasy : dense, vivant, sacrément bien pensé. Chaque région a sa personnalité, son folklore, sa petite musique intérieure – et on a l’impression de feuilleter un atlas magique qui aurait rencontré un traité d’histoire antique. C’est un vrai terrain de jeu pour l’imaginaire, où l’on passe d’un royaume austère à une cité flamboyante, comme un aventurier un peu trop curieux avec un abonnement illimité pour les emmerdes… et les merveilles.

Et au beau milieu de cette fresque, brillent (ou frémissent sournoisement) les fameuses sept reliques. Non, ce ne sont pas de vulgaires bibelots enchantés sortis d’un fond de tiroir de mage. Ce sont des artefacts pleins de mystère, porteurs de secrets bien trop gros pour être digérés d’un coup. On en aperçoit des morceaux, on en devine les enjeux, et chaque chapitre en rajoute une couche de suspense, comme un bon feuilleton qui sait ménager ses effets. On avance, on veut savoir, on râle de ne pas tout comprendre – et c’est ça qui est savoureux !

La magie ici ? C’est du sérieux. Pas des étincelles décoratives ou des incantations façon karaoké elfique. C’est une force ancienne, rugueuse, pleine de règles ésotériques et de dangers qu’on ferait bien de ne pas sous-estimer. Elle pue le vieux grimoire poussiéreux, la cérémonie interdite et l’équilibre cosmique sur le point de basculer. Et comme par hasard, plus on s’approche des fameuses Reliques, plus cette magie semble s’impatienter. Coïncidence ? Je ne pense pas.

Ajoutez à cela une politique aussi tordue qu’un serpent enrhumé, des alliances en mode « je t’aime moi non plus », des cultes, des trahisons et des ambitions qui brillent dans le noir comme des yeux de chat affamé. Chaque royaume a ses petits secrets et ses grosses casseroles. Et pendant que les intrigues s’épaississent, nos héros font leurs premiers pas dans ce joyeux bazar, encore un peu perdus, souvent dépassés, mais déjà attachants – et pas prêts d’en ressortir indemnes.

Ce premier tome, c’est un appel à l’aventure qui ne se contente pas de toquer à la porte : il l’enfonce à coups de révélations. Une fois refermé, on ne pense pas à « si » on continue – on guette juste le moment où on pourra s’y replonger. Les secrets nous narguent, les personnages commencent à se métamorphoser, et on sent bien que l’auteur a planqué tout un feu d’artifice pour la suite. Le tome 2 ? Clairement, ça sent la montée en puissance, le grand chambardement, le « accrochez-vous, ça va secouer ».

Alors, qui a dit que la fantasy française ne savait pas faire frissonner ? Certainement pas ce livre – il a déjà préparé la tempête. Préparez-vous à embarquer… et à ne plus vouloir descendre.