Ah, Révélations, ce mot qui sent bon les secrets fracassants, les trahisons en costard noir et les vérités qu’on aurait préféré laisser dormir dans un tiroir bien fermé à double tour. Et effectivement, Benoit Cauby ne s’est pas contenté de faire du remplissage entre deux scènes d’action. Ce deuxième tome d’Armageddon 2036 s’attaque au nerf de la guerre : les coulisses de l’apocalypse annoncée, et les petites mains – ou plutôt les grosses pattes – qui tirent les ficelles.
Dès les premières pages, on sent que le récit a gagné en maturité. On a quitté le décor d’introduction pour entrer dans le dur, le lourd, le croustillant. Là où le premier tome posait les bases façon « et si le monde partait en cacahuète à cause d’un plan tordu », le deuxième se permet de plonger tête la première dans la marmite géopolitique, technologique et surtout humaine. Enfin, humaine… façon de parler, vu qu’à ce stade, les cyborgs, IA, mégacorpos et autres illuminés religieux sont presque plus crédibles que nos propres gouvernements IRL.
Le style de notre auteur reste toujours aussi direct, parfois brut de décoffrage, avec des dialogues qui font souvent mouche et un ton parfois plus caustique qu’un discours de fin du monde en plein stand-up. Et franchement, ça fonctionne. Il y a une vraie patte, une énergie presque nerveuse dans la narration, comme si l’auteur écrivait sous caféine avec une main et faisait tourner un globe terrestre de l’autre pour choisir le prochain lieu de chaos. Entre Paris, Moscou, les satellites et les coins reculés d’un monde au bord de la rupture, on ne s’ennuie pas. C’est dense, oui, parfois trop ambitieux pour ses propres bottes, mais jamais tiède.
Les personnages évoluent, prennent cher, certains révèlent des facettes inattendues, d’autres confirment qu’ils sont des traîtres de compétition. Mention spéciale à ce twist de mi-parcours qui fait lever les sourcils si haut qu’on touche presque le plafond. Et même si certains arcs sont encore en gestation – après tout, c’est une série – on sent que Cauby sait où il va, même s’il prend des détours musclés et quelques raccourcis à 300 km/h.
Côté thématiques, on continue de jongler avec les grands classiques de la SF techno-thriller : transhumanisme, manipulation de masse, religion toxique, politique toxique, climat toxique… bref, tout est toxique sauf le plaisir de lecture. L’auteur pousse la réflexion sans jamais perdre le lecteur dans un jargon abscons, même s’il faut parfois relire deux fois pour bien digérer les révélations. Le mec s’appelle pas Asimov, mais il n’essaie pas non plus de te vendre une métaphore planquée dans une disquette : ici, c’est frontal, mais bien torché.
Révélations est une suite qui tient ses promesses, qui accélère là où il faut, qui approfondit sans s’alourdir (trop), et qui confirme que Benoît Cauby n’écrit pas juste pour vider son sac, mais pour construire un vrai puzzle apocalyptique, pièce par pièce, avec une certaine jubilation de pyromane littéraire. Est-ce que c’est parfait ? Non. Est-ce que c’est addictif, furieusement contemporain et jubilatoire par moments ? Carrément.
Je te recommande de garder ton extincteur à portée de main pour le tome 3, parce que ça risque de chauffer sévère.
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