Après sept longues années d’absence, Hiyori Kusakabe a ressurgi dans la vie d’Ichimatsu de manière providentielle. Pour lui, c’est une chance unique de reconquérir l’ex qui l’obsède. Pour elle, c’est un moyen commode de faire d’une pierre deux coups : se trouver un donneur de sperme et un réalisateur pour documenter sa grossesse. Dévoré par la passion – et la frustration – le jeune homme se plie en quatre pour satisfaire les demandes toujours plus extravagantes de sa dulcinée tout en dissimulant ses sentiments. Mais il n’est pas le seul à cacher son jeu… Les projets de Hiyori vont vite se révéler plus sombres que prévu. Ichimatsu est-il réellement prêt à la suivre jusqu’en Enfer ?
Avec Comment en finir avec son ex, Kyo Yoneshiro prouve l’étendue de son talent d’autrice. Derrière des apparences trompeuses, elle livre une série complexe qui bouscule nos certitudes, entre polar et drame des temps modernes.
– Mon avis –
Ce deuxième tome poursuit sur la lancée du premier avec la même intensité émotionnelle et cette façon bien à lui de traiter les relations amoureuses comme un champ de mines affectif où chaque souvenir, chaque mot non dit, chaque regard esquivé devient une tension palpable à la surface d’un quotidien en apparence banal.
On retrouve le duo central toujours enlisé dans cette drôle de relation ni tout à fait finie ni vraiment relancée, comme si rompre n’avait été qu’un prétexte à mieux se retrouver sans jamais oser le dire à voix haute et ce flou est géré avec une finesse rare dans le manga romantique moderne.
YONESHIRO Kyo explore avec précision ces zones grises de l’attachement, ces moments où l’on prétend vouloir tourner la page alors que tout dans le corps, le regard et les gestes trahit le contraire et il le fait sans surjouer, sans discours grandiloquent simplement en laissant les silences parler, en cadrant les hésitations et les gestes manqués.
Le dessin reste sobre mais incroyablement expressif. Chaque case semble chargée d’une tension latente comme si le moindre déplacement des personnages risquait de tout faire basculer et c’est précisément cette retenue, cette pudeur graphique, qui rend le récit aussi crédible que troublant.
L’ex brille ici autant par sa présence que par ses absences. Le passé ne cesse de faire irruption dans le présent, parfois avec douceur, parfois avec violence et cela crée une atmosphère où rien n’est jamais vraiment réglé, où les émotions circulent encore à vif malgré les ruptures, les efforts pour aller de l’avant ou les nouvelles rencontres.
Ce tome 2 questionne sans relâche ce que signifie vraiment tourner la page et il propose une réponse profondément humaine, parfois dérangeante, souvent belle dans son ambiguïté. Car ici, aimer ne se limite pas à un choix ou un statut, c’est une mémoire vivante qui refuse de s’effacer malgré soi.
Ce manga continue d’éviter les clichés pour proposer un regard mature sur les émotions post-rupture et le lien invisible qui subsiste entre deux personnes qui se sont aimées avec intensité et qui n’arrivent pas tout à fait à se détacher sans laisser une partie d’elles-mêmes derrière.
En refermant ce tome, on n’a pas forcément de réponse claire mais on a ce sentiment étrange d’avoir vécu quelque chose de vrai, quelque chose de fragile et d’essentiel, comme une dernière conversation jamais tout à fait terminée qui continue de résonner longtemps après la dernière page tournée.
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