2032. L’Humanité est prise au piège : la Pénurie Noire sévit et dans son sillage naît un profond chaos. Douglas McMullick, un pétrolier écossais zélé et dénué de morale, est lancé dans la course à l’or noir qui agite le monde. Ce matin-là, il vient de forer le trou de trop, qui va changer le destin de notre civilisation.

Au même moment, mille mètres plus bas dans la croûte terrestre, un rat de roche nommé Kedder Warp est appelé pour une intervention d’urgence : les anciens dépôts de Dirh Lobbus, au fin fond de son secteur, viennent d’être percutés par un engin non-identifié. Sans prendre le temps de finir sa dernière cuillère de pentules fraiches, il charge ses jumelles et son masque à gaz dans son side-car, avant de sauter sur sa bécane. Il ne va pas rentrer de sitôt.

Véritable fable oil-punk (ou cheese-punk, selon le point de vue), le premier roman de Charles R. Spessardy raconte comment un peuple de rongeurs, vivant à mille mètres sous terre et dotés d’un don certain pour la plomberie, va faire trembler notre civilisation afin de lui extorquer du fromage.

 – Mon avis –

Si vous êtes à la recherche d’une lecture rafraîchissante, absurde juste ce qu’il faut, et aussi surprenante qu’un raton laveur dans une raffinerie, alors Les Rats du Pétrole de Charles R. Spessardy mérite une place de choix sur votre table de chevet — ou dans votre terrier, au choix.

Dès les premières pages, le ton est donné : un univers original, à la fois foutraque et méticuleusement construit, où l’absurde côtoie le pertinent avec une aisance déconcertante. On sent très vite que l’auteur ne se contente pas de raconter une histoire : il joue avec les codes, détourne les attentes, et s’amuse autant que ses lecteurs à faire cohabiter un monde souterrain de rats techniciens avec une humanité à la dérive. Le tout baigne dans une ambiance « oil-punk » à la fois pétillante et franchement fromagère.

Ce qui frappe surtout, c’est la plume. L’écriture est vive, pleine d’esprit, truffée de clins d’œil savoureux et d’un humour pince-sans-rire qui évoque tantôt Terry Pratchett, tantôt Roald Dahl, avec une touche de Tex Avery pour l’aspect cartoon qui affleure sous la surface. On rit souvent, on sourit beaucoup, et l’on se surprend même à réfléchir — car derrière les jeux de mots et les situations loufoques, la critique sociale est bien là, subtile mais acérée.

Côté personnages, l’auteur réussit le pari d’offrir une galerie aussi improbable qu’attachante, sans jamais tomber dans la caricature stérile. Les rongeurs sont malins, les humains pas toujours brillants, et pourtant chacun a sa logique, ses failles, son rôle à jouer dans ce drôle d’engrenage narratif. Mention spéciale à l’art de faire exister un monde complet, avec ses mythes, ses classes sociales, et même ses querelles internes, le tout dans un rythme parfaitement maîtrisé.

Les Rats du Pétrole est une belle surprise, un roman qui déborde d’inventivité, d’humour et de malice. C’est à la fois un divertissement intelligent et une fable mordante sur notre époque. Si vous aimez les lectures qui sortent des sentiers battus (et qui creusent parfois un peu en dessous), ce livre est fait pour vous. Et petit conseil d’ami : gardez toujours un morceau de fromage à proximité. On ne sait jamais qui pourrait toquer à la porte…

CATEGORIES

Littérature

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *