L’humanité raconte des histoires depuis la nuit des temps. Que ce soit pour transmettre un savoir, chercher la reconnaissance ou affronter ses propres démons, inventer des mondes et des personnages a toujours été une manière de donner du sens à la vie. Pourtant, à une époque où les grandes entreprises privilégient le profit au détriment de la narration, cette essence semble s’être perdue.

C’est justement cette envie de raconter des histoires sincères qui anime Hazelight depuis une décennie. Avec des jeux comme A Way Out et It Takes Two, le studio ne se contente pas de créer des récits marquants sur le pouvoir des liens humains : il nous pousse aussi à les vivre à deux. Ici, impossible de jouer seul. Chaque épreuve se surmonte à deux, et c’est dans cette collaboration qu’on apprend à aimer des personnages imparfaits mais profondément humains, en quête de leur propre vérité.

Avec Split Fiction, Hazelight poursuit cette mission et atteint peut-être son sommet, entre beauté et contraste. À travers les yeux de Zoé et Mio, entre fantasy et science-fiction, on explore le deuil, l’amour et l’essence même de la narration. Mais le jeu hésite, tiraillé entre son héritage coopératif et une ambition plus vaste.

Côté gameplay, Split Fiction est exactement l’évolution de It Takes Two que j’espérais. Chaque joueur incarne Zoé ou Mio, et chaque niveau introduit de nouvelles compétences à maîtriser pour avancer, combattre et résoudre des énigmes. Par exemple, dans un premier niveau aux allures de science-fiction, Mio manie une épée gravitationnelle qui lui permet de découper des robots et de courir sur les murs et plafonds, tandis que Zoé utilise un fouet télékinétique pour faire tomber des échelles ou projeter des objets à distance.

J’ai vite pris le réflexe de découvrir comment chaque mécanique signature fonctionnait en début de niveau. Souvent, j’étais bluffé par leur ingéniosité avant de me concentrer sur la coopération avec mon partenaire de jeu (en l’occurrence, mon fils) pour voir comment nos styles pouvaient se compléter. Parfois, cependant, le jeu en fait un peu trop : dans un niveau de science-fiction assez générique, Zoé et Mio se retrouvent avec de banals pistolets laser, à tirer sur des ennemis et à activer des interrupteurs colorés… rien de très original.

Ce niveau traîne clairement en longueur et peine à mener à un final prévisible qui, après tout ce temps passé à découvrir des bribes de scénario, tombe un peu à plat. J’ai toujours trouvé le style d’écriture de Hazelight un peu fleur bleue, mais sincère, et Split Fiction ne fait pas exception… sauf que cette fois, ça joue contre lui. J’avais deviné la plupart des rebondissements dès le début. Heureusement, des performances convaincantes et des thèmes sur le deuil qui me parlaient personnellement m’ont permis de rester accroché, mais c’est frustrant de voir que Hazelight n’a pas pris le temps de peaufiner son écriture.

Heureusement, malgré une écriture parfois fade, l’alchimie entre Zoé et Mio reste indéniable. Ce duo, qui commence l’aventure comme de simples connaissances teintées d’amertume, évolue peu à peu vers une amitié sincère et profonde. Chaque niveau donne envie d’explorer chaque recoin, non seulement pour découvrir de nouveaux pouvoirs, mais aussi pour écouter leurs dialogues, ces petites anecdotes qui tissent leur histoire et révèlent leurs fêlures.

On aurait pu imaginer Split Fiction comme une simple alternance de genres, sans que chaque monde traversé ne porte une signification plus grande. Pourtant, c’est justement cette charge émotionnelle propre à chaque univers qui les rend si marquants. Faire éclore un dragon, le voir grandir avant de le laisser s’envoler, est une expérience douce-amère, miroir parfait du lien troublé de Zoé avec la culpabilité. De son côté, Mio se retrouve à détruire un établissement avide d’aspirer la vie d’une créature impuissante, un écho glaçant à son propre combat contre une maladie incurable. Même les moments les plus fantasques, comme cette scène où l’on incarne tour à tour des arbres géants et des singes enragés, finissent par toucher juste, trouvant une résonance inattendue dans cette fresque où la douleur et l’espoir s’entrelacent.

Le jeu regorge aussi d’histoires secondaires qui offrent un aperçu unique de l’imagination de Zoé et Mio. Mais ce n’est pas juste un moyen d’enrichir leur univers : Hazelight en profite aussi pour lâcher complètement la bride de sa créativité, sortant du cadre fantasy et science-fiction de Split Fiction. Résultat ? Des délires aussi absurdes qu’inoubliables, comme incarner des cochons capables de péter pour voler, ou voir les deux héroïnes transformées en dents affrontant un robot dentiste démoniaque. Toutes ces petites aventures sont excellentes et valent le détour, même si le jeu s’assure que, sauf une exception, vous ne puissiez en rater aucune. Niveau exploration, ne vous attendez pas à une tonne d’objets à collectionner ou de secrets bien cachés, à part quelques Easter Eggs bien sentis.

Certaines de ces histoires secondaires sont même les moments les plus mémorables du jeu. Descendre des ruines stellaires en snowboard avec style ou sauter dans mon propre carnet de croquis pendant que Zoé narrait l’expérience ? Magique. Et contrairement à certains niveaux principaux qui s’étirent trop, ces escapades restent parfaitement dosées… si bien que j’en aurais voulu encore plus. 

Split Fiction représente Hazelight à son meilleur en matière de coopération locale. Le jeu célèbre le pouvoir de l’imagination à travers des niveaux captivants qui nous tiennent en haleine du début à la fin. Certes, son duo d’héroïnes repose un peu trop sur des clichés, mais impossible de ne pas s’y attacher. À chaque nouveau monde, j’avais hâte de maîtriser les nouvelles mécaniques et d’en explorer toutes les subtilités.

Malgré ses imperfections, Split Fiction reste une pépite dans le paysage vidéoludique actuel. Et tant que Hazelight continuera à nous offrir des expériences aussi inventives et mémorables, je serai toujours au rendez-vous.

CATEGORIES

Jeux Vidéo|Test

2 Responses

  1. Bon test 👍 je trouve dommage qu’on incarne seulement des femmes, j’aurais aimé qu’on puisse avoir le choix 😉 s’aurais était cool 4 histoires pas tout a fait pareil mais qui ce ressemble.

Répondre à West57 Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *