Cela fait 50 ans qu’un cataclysme naturel a libéré une horde de monstres sur la Terre. Des monstres sur lesquels les armes traditionnelles ne fonctionnent pas. Heureusement pour l’Humanité, des humains dotés de pouvoirs spéciaux ont également commencé à apparaître. On les appelle les « pionniers de première classe ». En utilisant des cristaux, ils se transforment en guerriers surpuissants. Kuroki n’est hélas qu’un « pionner de seconde classe », un peu médiocre. Jusqu’à ce qu’un jour, accompagné d’un petit chien nommé Pomukichi, il découvre un cristal d’un nouveau genre… Son destin se met alors en marche…
= Mon avis =
Franchement j’ai pris Earth Expansion un peu au hasard, en mode “tiens c’est de la SF chez Akata, pourquoi pas”, et je m’attendais à un délire futuriste classique avec des scientifiques qui bricolent la planète ou des grosses thèses écolos bien senties, mais pas du tout. Ça commence cash avec un fait brut, la Terre a commencé à grandir, sans raison, sans alerte, comme si c’était normal, et ça m’a scotché direct,
Ça m’a complètement happé, surtout quand on découvre qu’il y a maintenant des humains dotés de pouvoirs. Pas des super-héros en collants, plutôt des gens capables de ressentir les nouvelles zones, de traquer les créatures ou de cartographier ces terres étendues. Une espèce de nouvelle élite fonctionnaire mi-chasseur mi-explorateur mi-commis d’État, et franchement, j’adore cette vibe mi-fantastique mi-bureau des légendes, qui donne au tout un ton unique, à la fois étrange, calme, et super intriguant
Le manga prend donc à contre-pied tous les récits de science-fiction habituels où l’Homme bricole la planète. Ici, il subit, il regarde, il analyse, un peu paumé, un peu dépassé, et ce premier tome fonctionne comme un épisode pilote ultra efficace, qui installe ce phénomène impossible sans jamais chercher à tout expliquer tout de suite. Au contraire, Yamamoto Hajime adopte un ton clinique, distancié, presque documentaire, comme si tout ça était normal, comme si l’agrandissement inexpliqué des terres et des océans était juste une nouvelle donnée logistique à intégrer dans les rapports du lundi matin.
Graphiquement, Yamamoto reste dans un style sobre, net, sans esbroufe, avec un découpage très posé qui accompagne cette ambiance de faux calme, presque bureaucratique. On a l’impression de lire le compte-rendu d’une apocalypse lente, où chaque case devient un bulletin météo un peu trop précis, un rapport d’observation détaché d’un monde qui s’étire, se transforme, et peut-être nous échappe. Et c’est dans cette retenue, dans ce refus du spectaculaire, que le manga trouve toute sa force. Parce qu’il nous laisse dans l’attente, dans l’observation tendue, comme si nous aussi on devait surveiller les lignes du globe avec une règle et un compas.
Ce premier tome est une vraie réussite en tant que mise en place d’une série. Il pose un mystère immense sans le résoudre, il installe un monde à la fois familier et déjà altéré, il fait naître mille questions sans en choisir une, et surtout, il capte cette émotion rare en fiction : le vertige devant l’incompréhensible, devant un phénomène qui dépasse tout et qui pourtant se produit sous nos yeux, calmement, lentement, implacablement. Un tome 1 silencieux mais lourd de promesses, qui donne très envie de savoir ce que la Terre prépare dans les épisodes suivants.

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