Dans la marée incessante des « Mascot Horrors » qui ont envahi le monde du jeux vidéo depuis le succès de Five Nights at Freddy’s et Poppy Playtime, il devient difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. C’est dans ce contexte saturé que débarque Cakey’s Twisted Bakery, une petite production indé signée TinyMindz qui tente de nous faire avaler sa propre recette de l’horreur. Loin d’être une simple copie carbone, ce titre propose une saveur particulière en mélangeant l’esthétique enfantine colorée et une mécanique de survie culinaire assez stressante. Ayant parcouru les couloirs de cette boulangerie maudite sur ma Xbox Series, voici mon verdict sur cette aventure où la phrase « mettre la main à la pâte » prend un sens littéralement mortel.

Le postulat de départ joue la carte du classique efficace : vous êtes à la recherche de votre petit frère, George, disparu dans l’enceinte de la boulangerie de Cakey. Très vite, on comprend que les viennoiseries ici ont un ingrédient secret peu ragoûtant : des enfants humains. L’ambiance visuelle frappe dès les premières minutes par son contraste saisissant. Le jeu adopte une direction artistique « cartoonesque » et colorée qui tranche violemment avec la menace omniprésente. Ce n’est pas sans rappeler l’angoisse de se faire poursuivre dans une aire de jeux pour enfants, mais transposée ici dans une cuisine industrielle labyrinthique. Les antagonistes, Cakey, Frostina et Candy Bane, arborent ce design faussement sympathique qui devient rapidement terrifiant lorsqu’ils vous talonnent dans un couloir sombre.

Là où le jeu tire son épingle du jeu, c’est dans son gameplay qui ne se contente pas d’un simple « cache-cache ». Bien sûr, la furtivité est primordiale et vous passerez un temps considérable à vous faufiler derrière des étagères ou à raser les murs pour éviter le regard des monstres. Cependant, le titre intègre une mécanique de « crafting » offensif bienvenue. Pour survivre et progresser, vous devez rassembler des ingrédients et cuisiner des tartes destructrices à utiliser contre vos assaillants. Cette nécessité de s’exposer pour collecter des ressources, puis de rester statique le temps de la « cuisson » ou de la préparation, ajoute une couche de tension palpable. On ne se contente pas de fuir ; on prépare sa contre-attaque, ce qui donne un sentiment d’agence gratifiant au joueur, souvent absent dans les petits jeux d’horreur à la première personne.

Techniquement, le titre reste modeste, trahissant son statut de production indépendante à petit budget. Les animations peuvent parfois sembler rigides et l’intelligence artificielle des ennemis alterne entre l’omniscience frustrante et la stupidité aveugle. Néanmoins, le sound design compense largement ces errances visuelles. Les bruits de pas, les rires distordus et les effets sonores de la boulangerie créent une enveloppe sonore immersive qui maintient le joueur sur le qui-vive. La durée de vie est courte, adaptée à son prix mini, mais l’expérience est suffisamment dense pour ne pas laisser un goût d’inachevé. C’est une petite attraction de train fantôme : on sait que c’est artificiel, mais on sursaute quand même avec plaisir.
Cakey’s Twisted Bakery est une honnête surprise pour les amateurs du genre. Il ne révolutionne pas la formule de l’horreur mascotte mais l’exécute avec suffisamment de cœur et d’idées originales — notamment via ce système de cuisine défensive — pour justifier son achat. C’est un petit encas horrifique idéal pour une soirée, pour peu que l’on accepte ses limites techniques et sa répétitivité inhérente au genre.
J’aime
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Le contraste réussi entre l’univers coloré/sucré et l’horreur glauque.
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La mécanique de « cuisiner pour survivre » qui change des simples simulateurs de marche.
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Une ambiance sonore stressante qui fait le gros du travail d’immersion.
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Le prix très accessible (environ 5€) pour une expérience complète sans DLC abusifs.
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Un design des monstres (Cakey et sa bande) qui fonctionne bien.
J’aime pas
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L’IA des ennemis parfois aux fraises (trop agressive ou totalement aveugle).
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Techniquement daté avec des textures simples et quelques bugs de collision.
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Une durée de vie assez courte, on en fait vite le tour.
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Les objectifs de collecte peuvent devenir répétitifs vers la fin.

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