Habitué des contes macabres et des ambiances pesantes au charme rétro, le développeur Stranga Games revient avec Red Bow: Strange Dream. Après nous avoir glacé le sang dans ses précédentes itérations du « Strangaverse », ce nouvel opus nous invite à plonger une nouvelle fois dans les cauchemars de la jeune Roh. Disponible sur Steam, cette aventure narrative promet une exploration semi-ouverte et des énigmes tordues. Mais ce rêve étrange vaut-il la peine de fermer les yeux ? Verdict après avoir traversé le miroir.

Dès les premières minutes, Red Bow: Strange Dream impose sa patte artistique singulière. Si vous êtes familier avec les travaux précédents du studio, vous retrouverez immédiatement cette esthétique pixel art en vue de dessus, qui rappelle l’âge d’or des jeux d’aventure 16-bits, mais avec une touche de modernité indéniable. La direction artistique est maîtrisée, offrant des décors à la fois colorés et profondément inquiétants. Le contraste entre l’apparence presque enfantine des personnages et la noirceur des thèmes abordés (suicide, mal-être, entités grotesques) crée un malaise constant et efficace. L’ambiance sonore n’est pas en reste, avec une bande originale inédite qui accompagne parfaitement l’exploration, oscillant entre mélancolie et tension pure. C’est propre, c’est beau, et cela prouve une nouvelle fois que le pixel art reste un vecteur d’émotion puissant lorsqu’il est bien utilisé.

Sur le plan du gameplay, le titre ne cherche pas à réinventer la roue mais affine sa formule. Nous sommes face à un jeu d’aventure classique où l’exploration et la résolution d’énigmes sont au cœur de l’expérience. Contrairement à une narration purement linéaire, ce volet propose une structure semi-ouverte intéressante. Le joueur peut naviguer entre différents royaumes oniriques dès le début, ce qui offre un sentiment de liberté bienvenu. Les énigmes restent logiques et accessibles : on ramasse des objets, on discute avec des esprits tourmentés pour comprendre leurs besoins et on débloque la voie. Si les vétérans du « point’n click » ne seront jamais réellement bloqués, cette simplicité permet de maintenir un rythme fluide. L’expérience est courte, comptez environ une à deux heures pour en voir le bout, mais ce format « snack » est parfaitement adapté au propos. On ne s’ennuie pas, le jeu va à l’essentiel et chaque interaction apporte une pierre à l’édifice narratif.

Côté scénario, Stranga Games continue d’étoffer son « Strangaverse » avec brio. L’histoire de Roh, cherchant à s’échapper de ce rêve étrange pour se réveiller, est prenante. L’écriture aborde des sujets matures avec une certaine finesse, évitant souvent les clichés du genre horrifique pour se concentrer sur l’aspect psychologique et émotionnel. Les dialogues avec les PNJ, souvent des monstres ou des fantômes, sont bien écrits et contribuent à l’atmosphère surréaliste du titre. On apprécie particulièrement la manière dont le jeu connecte ses éléments narratifs aux précédents titres, offrant aux fans de l’univers quelques clins d’œil savoureux sans pour autant perdre les nouveaux venus. C’est une aventure qui se vit comme un petit conte sombre, une parenthèse cauchemardesque dont on ressort avec le sentiment d’avoir vécu quelque chose de complet, même si l’on aurait peut-être aimé s’attarder un peu plus longtemps dans cet univers fascinant.
Red Bow: Strange Dream est une réussite solide pour les amateurs d’indés horrifiques. Il ne révolutionne pas le genre mais exécute sa partition sans fausse note. C’est une expérience condensée, atmosphérique et touchante qui prouve que l’horreur n’a pas besoin de jumpscares toutes les deux minutes pour être efficace. Si vous cherchez une aventure narrative à plier en une soirée pluvieuse, avec une tasse de thé et une bonne dose de frissons nostalgiques, le voyage de Roh est une destination tout indiquée.
J’aime
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La direction artistique en pixel art, toujours aussi charmante et détaillée.
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Une ambiance sonore immersive qui porte bien le récit.
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La structure semi-ouverte qui brise la linéarité habituelle du genre.
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L’écriture des dialogues et la profondeur du lore « Strangaverse ».
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Un rythme maîtrisé, pas de temps mort.
J’aime pas
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Une durée de vie très courte (1 à 2 heures), on en voudrait plus.
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Les énigmes parfois un peu trop simples pour les habitués du genre.
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Quelques allers-retours qui peuvent lasser sur la fin.

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