Après le succès critique et populaire du premier Pirates Outlaws, qui avait su s’imposer comme une excellente alternative « mobile-friendly » à Slay the Spire, le studio Fabled Game revient avec une suite ambitieuse : Heritage. J’ai passé plusieurs heures à écumer les mers de ce nouvel opus en Accès Anticipé sur Steam. Si le fond de jeu reste un deckbuilder roguelike solide, la forme, elle, a pris un virage qui ne laissera personne indifférent.

Une mer plus profonde, un cap plus tactique
Dès les premières minutes, on sent que la formule a été enrichie. Là où le premier volet brillait par sa simplicité immédiate, Heritage injecte une dose de complexité bienvenue. La grande nouveauté réside dans le système de « Compte à rebours » (Countdown). Désormais, jouer des cartes n’est plus seulement une question de gestion de munitions ou de points d’action : chaque carte jouée influe sur la jauge d’action de l’ennemi. C’est une mécanique brillante qui force à réfléchir à deux fois avant de vider sa main. On ne joue plus en solitaire ; on danse avec le rythme de l’adversaire.
L’ajout des Compagnons (animaux et acolytes) apporte également une couche stratégique supplémentaire. Ils ne sont pas juste décoratifs ; ils possèdent leurs propres cartes qui viennent se mélanger à votre deck, permettant des synergies parfois dévastatrices.
Côté progression, le système de « Fusion » est la star du show. Au lieu d’améliorer bêtement une carte au feu de camp, le jeu vous incite à collecter trois exemplaires identiques pour choisir entre deux voies d’évolution. Cela change la façon dont on drafte son deck : on cherche les doublons autant que la puissance brute.

Une direction artistique qui divise
C’est là que le bât blesse pour les puristes. Adieu le style « papier mâché » sans visage, un peu crasseux et très stylisé du premier opus. Pirates Outlaws 2 opte pour des illustrations beaucoup plus vibrantes, colorées, presque « anime » par moments, avec des protagonistes plus jeunes. C’est techniquement superbe, les animations sont fluides et l’interface est propre, mais on perd un peu de cette ambiance « taverne sombre » qui faisait le sel de l’original.
Pirates Outlaws 2: Heritage est une suite qui a du coffre. Fabled Game a pris le risque de ne pas simplement faire un « copy-paste » du premier jeu, en introduisant des mécaniques de tempo et de gestion de deck qui rafraîchissent le genre. Si vous arrivez à passer outre la direction artistique plus « bon enfant », vous trouverez ici un deckbuilder d’une richesse tactique indéniable. C’est un excellent point de départ, qui ne demande qu’à se bonifier au fil des mises à jour.
J’aime
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La générosité du contenu : Pour un Early Access, le jeu est déjà massif (plus de 200 cartes, plusieurs biomes).
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Le système de Fusion : Une mécanique intelligente qui rend le « loot » de cartes communes excitant (il faut en trouver trois pareilles) et ouvre des choix tactiques profonds.
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La mécanique de « Countdown » : Gérer le temps de réaction de l’ennemi en fonction de nos propres cartes ajoute une tension inédite aux combats.
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La lisibilité : L’interface utilisateur est moderne et explique clairement pourquoi on prend des dégâts, ce qui évite la frustration.
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La progression globale : L’arbre de talents (« Héritage ») motive à relancer une partie même après une défaite cuisante.
J’aime pas
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Le changement de ton artistique : Le style visuel plus « enfantin/anime » et moins « dark fantasy » que le premier opus peut décevoir les fans de la première heure.
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Le rythme de l’exploration : La carte non-linéaire oblige parfois à des allers-retours (backtracking) un peu laborieux pour se soigner ou acheter, ce qui casse la dynamique.
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L’équilibrage encore mouvant : Certains boss ou élites agissent comme des murs de difficulté soudains, rendant certaines runs dépendantes de la chance (RNG) au tirage.

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