C’est l’heure de quitter le plancher des vaches. Avec Off World Racing, le studio Off World Racing Company (on ne peut pas faire plus littéral) nous invite à troquer l’asphalte brûlant de nos circuits terrestres pour la poussière rouge de Mars et les glaces traîtres d’Europe. Sorti fraîchement en accès anticipé ce début décembre 2025, le titre promet de marier la physique réaliste à des environnements extraterrestres hostiles. Après avoir poncé le bitume spatial au clavier et surtout au volant, voici notre verdict sur cette expérience qui tente de redéfinir la gravité.
Dès les premiers tours de roues, le jeu affiche clairement ses ambitions : ce n’est pas un simple reskin futuriste d’un jeu de rallye classique. Le cœur de l’expérience réside dans sa gestion de la physique, propulsée par l’Unreal Engine. La proposition est double avec deux modes bien distincts : Arcade et Simulation. Si le mode Arcade offre des sensations immédiates et permissives, c’est bien le mode Simulation qui a retenu toute notre attention. Ici, la gravité n’est pas une constante universelle. Piloter sur la Lune n’a rien à voir avec une course sur Io. La gestion du poids du véhicule, de son inertie et surtout de l’adhérence précaire sur des surfaces volcaniques ou glacées demande un véritable doigté. On sent que les développeurs ont voulu que chaque corps céleste ait sa propre identité « routière », transformant chaque virage en une équation mathématique où la moindre erreur de trajectoire vous envoie, littéralement, sur orbite.
Visuellement, le titre souffle le chaud et le froid, symptôme classique d’un accès anticipé ambitieux mais aux ressources indés qu’on imagine limitées. Les panoramas sont souvent saisissants : voir Jupiter se lever à l’horizon alors qu’on dérape sur une croûte de glace a quelque chose de majestueux. Les effets de lumière et de particules, merci l’Unreal Engine, flattent la rétine, notamment lors des tempêtes de poussière martiennes qui réduisent la visibilité à néant. Cependant, on note encore une certaine disparité dans la modélisation des véhicules. Si les buggies et autres engins futuristes ont un design cohérent, certains modèles font un peu plus « génériques ». Côté sonore, le constat est similaire : le vrombissement des moteurs (électriques ou non, l’ambiance reste mécanique) fait le travail, mais il manque parfois ce punch viscéral qui vous prend aux tripes lors des impacts ou des atterrissages lourds.
Parlons maintenant du sujet qui fâche souvent dans les productions indés : la prise en charge du matériel. Ayant testé le jeu sur PC avec un setup volant, la surprise fut plutôt bonne, notamment grâce à la toute récente mise à jour v0.80. L’introduction du « Raw Input » change la donne. Là où beaucoup de jeux de ce calibre se contentent d’émuler un joystick, Off World Racing transmet désormais des informations brutes et précises. Sur des surfaces à faible gravité, le retour de force devient votre seul repère tangible. Sentir le volant s’alléger lorsque la traction se perd sur la régolite lunaire procure une immersion que la manette ne pourra jamais égaler. Ce n’est pas encore du niveau d’un Assetto Corsa en termes de finesse de Force Feedback, mais pour un titre qui mélange exploration spatiale et course, le feeling est étonnamment robuste et engageant.
Le contenu, quant à lui, trahit la jeunesse du projet. Avec quatre mondes (Lune, Mars, Io, Europa) et huit véhicules pour le moment, on fait assez vite le tour des possibilités si l’on est un boulimique de contenu. Le mode carrière est encore embryonnaire et le multijoueur en ligne (PvP) manque à l’appel, bien que le split-screen soit présent et fonctionnel — un excellent point pour les soirées canapé. Néanmoins, la promesse d’un suivi sur 8 à 12 mois et l’ajout progressif de contenu laisse présager du bon, à condition que la physique continue d’être affinée et que le garage s’étoffe.
Off World Racing est un pari audacieux. Il réussit là où on l’attendait le moins : rendre la conduite en faible gravité non seulement jouable, mais technique et gratifiante. Ce n’est pas encore le jeu de course ultime, mais c’est une base solide pour quiconque cherche à dépoussiérer ses habitudes de pilotage. Si vous avez un volant et l’envie de soutenir un projet qui ose sortir des sentiers battus (au sens propre), le ticket d’entrée vaut le coup. Pour les autres, c’est un titre à surveiller de très près.
J’aime :
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La physique gravitationnelle qui change radicalement le pilotage selon la planète.
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La prise en charge native et récente (Raw Input) des volants qui offre un bon feeling.
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Les panoramas spatiaux parfois grandioses grâce à l’Unreal Engine.
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La présence d’un mode écran partagé (Split-screen), trop rare de nos jours.
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La distinction claire et réussie entre les modes Arcade et Simulation.
J’aime pas :
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Contenu encore chiche (8 véhicules, 4 mondes) typique de l’Early Access.
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Certains assets graphiques inégaux et un sound design qui manque de patate.
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Pas encore de multijoueur en ligne PvP.
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Des collisions parfois capricieuses avec le décor.

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