C’est parti mon Choom, on pose les flingues deux secondes et on ouvre le capot pour voir ce qui tourne vraiment dans le moteur de ce manga, le tout sans bullet points (parce que les listes, c’est pour les corpos).
Le Scénario : Un tuto pour devenir Cyberpsycho
Soyons clairs : Bartosz Sztybor n’a pas écrit ce script pour nous vendre du rêve, mais pour nous expliquer pourquoi nos anti-héros sont aussi déglingués du ciboulot. L’histoire fonctionne comme une cocotte-minute tragique. Là où l’anime nous montrait le résultat final, le manga dissèque la recette du désastre : prenez une pauvreté crasse, ajoutez-y l’humiliation constante de la vie à Night City, et saupoudrez le tout d’implants bas de gamme. L’auteur réussit le tour de force de rendre la relation Pilar-Rebecca aussi toxique qu’hilarante ; on comprend enfin que si Rebecca est une gâchette folle, c’est surtout parce qu’elle doit compenser les plans foireux et l’ego surdimensionné de son frangin. C’est écrit avec les tripes, alternant des dialogues qui claquent comme des coups de fouet et des moments de silence pesants où l’on sent que la santé mentale des personnages ne tient plus qu’à un fil de cuivre dénudé.
Le Dessin : L’art du « Gremlin » sous stéroïdes
Graphiquement, Asano a dû consommer autant de stimulants que ses personnages pour sortir des planches pareilles. Le défi était de taille : faire oublier les couleurs fluo de l’anime pour passer au noir et blanc sans perdre l’énergie. Le résultat est une boucherie visuelle absolument délicieuse. Le trait est « sale » dans le meilleur sens du terme, capturant la crasse et la densité étouffante de la ville mieux qu’une image 4K. Mais la vraie star du crayon, c’est Rebecca. Le dessinateur s’éclate littéralement à déformer son visage, la faisant passer de la gamine « kawaii » inoffensive à la créature des enfers en une fraction de seconde. C’est dynamique, ça gicle, ça explose, et le découpage des scènes d’action est tellement nerveux qu’on a presque l’impression d’entendre la techno bourriner en fond sonore pendant qu’on tourne les pages.
Pour boucler la boucle, ce premier tome de Cyberpunk Edgerunners Madness est une réussite totale qui évite avec brio le piège du « produit dérivé paresseux ». C’est une friandise narrative indispensable pour quiconque a laissé un bout de son âme à Night City après le visionnage de l’anime. Loin d’être un simple remplissage, ce volume apporte une texture et une profondeur tragique au duo Pilar-Rebecca, transformant des figures secondaires en véritables piliers émotionnels de l’univers.
C’est une lecture qui se consomme vite, certes, mais qui frappe fort. Le mariage entre l’écriture désabusée de Sztybor et la frénésie graphique d’Asano crée une œuvre cohérente, brutale et étrangement touchante. On ne lit pas ce manga pour la complexité de l’intrigue politique, mais pour l’ambiance crasseuse, l’humour noir décapant et cette sensation de fuite en avant désespérée qui définit le genre.
Si tu cherchais une excuse pour replonger dans ce monde sans pitié, ne cherche plus : ce tome est ton ticket d’entrée. C’est fun, c’est violent, c’est du Cyberpunk dans ce qu’il a de plus viscéral. Une excellente mise en bouche avant de voir jusqu’où la folie peut mener nos Edgerunners.


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