Si Salvador Dalí avait développé un jeu mobile après avoir mangé trop de fromage avant de dormir, le résultat ressemblerait probablement à Tingus Goose. Débarqué sur Steam après avoir fait sensation sur mobile, ce « Clicker » signé par l’artiste Master Tingus n’est pas un jeu comme les autres. C’est une expérience viscérale, un body-horror mignon et une perte de temps absolument délicieuse. Verdict après quelques heures à faire pousser le cou de l’oie.

Un cauchemar éveillé à la direction artistique folle

Dès le lancement, Tingus Goose impose sa patte. Oubliez les graphismes 3D ultra-réalistes ou le pixel art rétro. Ici, nous sommes dans le monde de l’illustration pure, style bande dessinée underground. Le principe est d’une stupidité assumée : vous devez prendre soin d’une oie. Mais pas n’importe laquelle. Son cou s’étend indéfiniment vers le ciel, traversant les strates de l’atmosphère et de l’espace, tandis que de son corps (ou plutôt de ses fleurs parasites) éclosent d’autres oies.

La force majeure du titre réside dans sa Direction Artistique (DA). Chaque « bébé oie » est une aberration visuelle : oies à tête humaine, oies-ciseaux, oies-flaque… C’est grotesque, parfois un peu dérangeant (les bruits de « pop » organiques sont très ASMR), mais on ne peut s’empêcher de vouloir voir la prochaine horreur que le jeu nous réserve. Sur un écran PC, les détails des dessins ressortent bien mieux que sur smartphone, rendant honneur au trait de crayon unique de Master Tingus.

Un Gameplay Loop classique mais efficace

Côté mécanique, nous sommes sur du terrain connu. C’est un Idle Game (ou jeu incrémental) pur jus.

  1. Arroser l’arbre/cou pour le faire grandir.

  2. Faire éclore des œufs qui tombent et rapportent de l’argent.

  3. Acheter des améliorations pour gagner plus d’argent et aller plus haut.

  4. Recommencer (Prestige) via un système d’ascension pour obtenir des bonus permanents.

Sur Steam, la souris remplace le doigt. Le clic est satisfaisant, et l’interface, bien que chargée, reste lisible. Cependant, le jeu ne révolutionne rien. On attend, on clique, on améliore. La « stratégie » se limite à choisir quel bonus activer au bon moment. C’est le jeu parfait pour le « Second Screen Gaming » : on le laisse tourner sur le deuxième écran pendant qu’on regarde une vidéo ou qu’on travaille, en jetant un coup d’œil toutes les 5 minutes pour activer un bonus.

Le problème du portage PC

C’est là que le bât blesse pour cette version Steam. Le jeu a été pensé, conçu et optimisé pour le format vertical (portrait) des téléphones. Sur un écran de PC en 16:9, Tingus Goose ne s’adapte pas en plein écran « réel ». On se retrouve avec une fenêtre centrale verticale et de gros espaces vides (souvent comblés par des artworks fixes) sur les côtés.

Bien que cela n’empêche pas de jouer, on sent le portage un peu paresseux. On aurait aimé une interface retravaillée qui utilise la largeur de l’écran pour afficher les menus d’améliorations en permanence sur les côtés, plutôt que de devoir ouvrir et fermer des fenêtres pop-up qui cachent l’action.

Durée de vie et Économie

Le jeu est techniquement gratuit (Free-to-Play). La progression est assez généreuse au début, mais comme tout Idle Game, on frappe un mur de progression qui incite soit à la patience extrême, soit à sortir la carte bleue. Sur Steam, l’absence de publicités forcées (qui polluent souvent la version mobile) est un grand soulagement, rendant l’expérience beaucoup plus fluide et « premium », même sans payer.

Tingus Goose n’est pas le jeu de l’année, ni le jeu de gestion le plus profond du marché. C’est une curiosité, une anomalie vidéoludique qui vaut le détour uniquement pour son univers graphique complètement déjanté. Si vous cherchez un petit jeu « poubelle » (dans le bon sens du terme) pour occuper vos mains pendant que vous écoutez un podcast, c’est un excellent choix. L’ambiance surréaliste compense la simplicité extrême du gameplay. À essayer au moins une fois pour se demander : « Mais qu’est-ce que je suis en train de regarder ? »

CE QUE L’ON AIME 

  • L’identité visuelle unique : Le style de Master Tingus est inimitable. C’est bizarre, c’est « trash », c’est drôle. Une vraie galerie d’art interactive.

  • Le Sound Design : Les bruitages « squishy », les bruits de succion et les « honk » des oies participent grandement à l’ambiance hypnotique.

  • La découverte : L’envie de débloquer la prochaine variété d’oie mutante est un moteur de motivation puissant.

  • Version Steam « propre » : Pas de pubs intempestives qui coupent le flow du jeu, contrairement à beaucoup de portages mobiles.

  • Très peu gourmand : Tourne sur n’importe quelle machine (c’est littéralement de la 2D statique animée).

CE QUE L’ON AIME MOINS

  • Format vertical imposé : Le jeu ne tire aucun parti de l’écran large du PC. On joue dans une bande au milieu de l’écran.

  • Répétitivité inévitable : Passé la découverte des premières heures, on fait exactement la même chose en boucle. Le gameplay manque de profondeur sur le long terme.

  • Interface UI invasive : Les menus d’upgrade prennent trop de place sur l’écran de jeu, obligeant à jongler constamment.

  • Rythme inégal : Le milieu de jeu (mid-game) est un peu lent sans micro-transactions, demandant beaucoup de « prestige » (recommencer à zéro) pour avancer de quelques mètres.

NOTE FINALE : 14/20

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Jeux Vidéo|Test

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