Disponible depuis peu sur PS5, She’s Leaving tente le pari risqué de mélanger l’enquête forensique pointue et le survival horror pur et dur. Développé par le modeste duo de Blue Hat Studio, ce titre nous met dans la peau d’un analyste de traces de sang traqué par un tueur en série. Alors, simple promenade de santé ou véritable cauchemar éveillé ? Après avoir poncé les couloirs du manoir Haywood manette DualSense en main, voici notre enquête !
Une ambiance à couper au couteau
Dès les premières minutes, She’s Leaving impose un respect technique surprenant pour une production indépendante. Sur PS5, le jeu tourne comme une horloge (probablement un 4K dynamique/60fps très stable). Le travail sur les lumières et les particules de poussière dans ce vieux manoir Tudor est bluffant. L’ambiance visuelle est lourde, poisseuse, rappelant les meilleures heures d’un Resident Evil 7 ou d’un Visage.
Mais c’est le design sonore qui mérite la palme. Le jeu vous demande de tendre l’oreille, et sur PS5, l’audio 3D fait des merveilles. Le bruit du vent, le craquement du parquet et, surtout, les pas lourds du tueur qui vous traque sont restitués avec une précision effrayante. Mention spéciale à l’utilisation du haut-parleur de la DualSense : entendre les divagations du tueur sortir directement de la manette quand il est proche ajoute une couche d’immersion (et de stress) absolument géniale.
« Ce soir, je conclus » : Le gameplay d’enquête
Là où le jeu se distingue de la masse des « walking simulators » horrifiques, c’est par son approche du métier de Charles Dalton, le protagoniste. Vous n’êtes pas un flic armé jusqu’aux dents, mais un expert en projection de sang. Le cœur du gameplay repose sur l’analyse de scènes de crime macabres pour reconstituer les événements.
C’est là que la magie opère : il ne suffit pas de cliquer sur un objet. Il faut observer l’angle des gouttes, la texture, la direction. Si vous réussissez, Charles déduit logiquement la suite des événements, ouvrant de nouveaux passages ou révélant des clés. Si vous échouez, une mécanique de « brouillard mental » (Brain Fog) s’installe, rendant l’écran flou et le personnage plus vulnérable. C’est malin, ça force à réfléchir vite malgré la pression, et ça donne un vrai sentiment d’intelligence au joueur.
Un chat et une souris sous haute tension
Évidemment, vous n’êtes pas seul. Un Stalker (le tueur) rôde en permanence. Il est invulnérable, brutal et imprévisible. Votre seule défense ? Un taser. Et c’est là que l’expérience PS5 brille encore. Les gâchettes adaptatives (L2/R2) offrent une résistance réaliste lorsqu’on charge l’arme, simulant la tension électrique avant la décharge.
Cependant, c’est aussi ici que le jeu montre ses limites. Le taser a un temps de recharge, et le schéma « analyse -> le tueur arrive -> on se cache -> on attend -> on repart » peut devenir répétitif sur la durée. L’IA du tueur souffle le chaud et le froid : parfois capable de vous débusquer dans un coin sombre avec un réalisme terrifiant, elle peut l’instant d’après ignorer votre présence alors que vous êtes à deux mètres.
L’absence d’armes létales crée une vulnérabilité constante qui plaira aux puristes du genre (façon Outlast ou Amnesia), mais qui pourra frustrer les joueurs aimant en découdre. La narration, quant à elle, est portée par cette voix intérieure et les indices environnementaux. C’est cryptique, sombre, et ça traite de l’obsession de manière assez fine, même si la fin arrive un peu vite (comptez 5 à 6 heures environ).
On aime
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L’originalité du concept : Incarner un expert en « blood spatter » change vraiment la donne et rend l’exploration intellectuellement stimulante.
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L’ambiance sonore et visuelle : Le manoir Haywood est un personnage à part entière, sublimé par des graphismes soignés et un sound design anxiogène.
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L’intégration DualSense : Enfin un jeu tiers qui utilise bien la manette PS5 ! Le haut-parleur pour la voix du tueur et les gâchettes pour le taser renforcent l’immersion.
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Le stress permanent : La vulnérabilité du personnage et l’absence d’armes à feu créent une tension qui ne retombe jamais vraiment.
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Le prix : Proposé à un tarif « indé » très honnête pour la qualité de la production.
On aime pas
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L’IA parfois aux fraises : Le comportement du tueur oscille entre le génie maléfique et l’aveuglement total, ce qui brise parfois l’immersion.
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Une certaine répétitivité : La boucle de gameplay (analyse / cache-cache) s’essouffle un peu dans le dernier tiers du jeu.
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Durée de vie un peu courte : On en aurait voulu un peu plus, surtout vu la qualité de l’intrigue.
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Quelques raideurs dans les animations : On sent que c’est une petite équipe derrière, notamment sur les mouvements du personnage principal.

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