Après avoir traumatisé les salles obscures et retourné l’estomac des spectateurs avec Terrifier 3, Art le Clown délaisse sa caméra argentique pour s’inviter sur nos consoles. Développé par Relevo et édité par Selecta Play, Terrifier: The ARTcade Game tente le pari audacieux de transposer l’horreur graphique et le sadisme de la franchise dans un emballage coloré de Beat’em up 16-bit. J’ai pu enfiler mes chaussures de clown et faire couler l’hémoglobine sur la version PS5. Alors, simple produit dérivé opportuniste ou véritable pépite du néo-rétro ? Verdict, hachoir à la main.
Silence, on tue !
Le scénario de Terrifier: The ARTcade Game joue la carte de la mise en abyme, un choix narratif plutôt malin qui justifie parfaitement le délire arcade. Vous n’êtes pas simplement en train de tuer des gens au hasard ; vous incarnez Art (ou l’un de ses acolytes comme la Pale Little Girl ou Victoria) qui débarque sur des plateaux de tournage où l’on filme un biopic sur ses propres crimes. Vexé par cette appropriation culturelle, notre mime psychopathe décide de « corriger » le script en massacrant réalisateurs, policiers et figurants. C’est un prétexte idéal pour traverser des décors variés, allant du studio de cinéma aux ruelles sordides, le tout baigné dans une ambiance qui respecte à la lettre l’ADN crasseux et irrévérencieux des films de Damien Leone.

Visuellement, le jeu est une réussite indéniable pour les amateurs de pixel art. Le travail sur les sprites est soigné, avec des animations fluides qui donnent une lourdeur satisfaisante aux coups. Mais c’est évidemment dans la gestion du gore que le titre était attendu au tournant, et il ne déçoit pas. Le jeu est une lettre d’amour à la violence décomplexée : les têtes explosent, les membres volent et les « Finishers » sont aussi créatifs que répugnants. Voir Art sortir une tronçonneuse ou un lance-flammes en version pixelisée procure ce plaisir coupable et régressif propre aux bornes d’arcade des années 90 comme Splatterhouse. La direction artistique est soutenue par une excellente bande-son chiptune, composée en partie par Cody Carpenter (fils de John), qui dynamise l’action avec des thèmes entraînants, même si l’on regrette parfois que les bruitages d’impact manquent un peu de « punch » auditif.
Un gameplay qui souffle le chaud et l’effroi
Manette en main, Terrifier: The ARTcade Game se présente comme un Beat’em up à l’ancienne, très (trop ?) classique. On avance, on nettoie la zone, et on continue vers la droite. Le panel de coups est standard : attaque rapide, attaque lourde, saut et une attaque spéciale dévastatrice. Si les premières minutes sont grisantes grâce à la découverte des armes et des fatalités, une certaine répétitivité s’installe malheureusement assez vite. Là où des ténors modernes du genre comme Streets of Rage 4 ou TMNT: Shredder’s Revenge ont su moderniser la formule avec des combos aériens complexes et des juggles, Terrifier reste très terre-à-terre. Le gameplay manque parfois de profondeur technique et la gestion des « hitboxes » (zones d’impact) est par moments capricieuse, rendant certains affrontements contre les boss plus frustrants que difficiles. On se retrouve souvent à marteler les mêmes boutons sans véritable stratégie, ce qui peut lasser sur la durée, surtout en solo.

Cependant, le titre reprend des couleurs dès qu’on y joue à plusieurs. Le multijoueur local jusqu’à 4 joueurs transforme l’expérience en un capharnaüm joyeux et sanglant. C’est clairement dans cette configuration que le jeu prend tout son sens, devenant un défouloir « party game » idéal pour une soirée entre amis fans d’horreur. Le contenu est honnête sans être pharaonique : le mode Histoire se boucle en quelques heures, mais la présence de multiples chemins (routes alternatives dans les niveaux) et de 6 modes de jeu différents (dont un Boss Rush et un mode Versus anecdotique) gonfle artificiellement la durée de vie. On sent que les développeurs ont voulu bien faire, mais le manque de finition sur certains aspects techniques, comme des petits bugs de collision ou une IA ennemie parfois aux fraises, rappelle qu’il s’agit d’une production au budget modeste.
errifier: The ARTcade Game est un produit conçu par des fans, pour des fans. Si vous vouez un culte à Art le Clown, vous passerez un excellent moment à découvrir les innombrables références et à savourer l’humour noir omniprésent. Pour les puristes du Beat’em up à la recherche de technicité pure, le titre risque de paraître un peu léger et rigide. C’est une bonne petite friandise d’Halloween, savoureuse mais qui ne nourrit pas longtemps.
Ce que j’aime
- L’ambiance et l’humour noir fidèles à la saga cinématographique.
- Le Pixel Art de qualité et les animations de gore très détaillées.
- La bande-son chiptune signée Cody Carpenter qui met dans le bain.
- Les « Finishers » jouissifs et la variété des armes loufoques.
- Le fun immédiat en coopération locale à 4 joueurs.
- Les embranchements dans les niveaux qui invitent à refaire le jeu.
Ce que j’aime pas
- Un gameplay un peu rigide qui manque de profondeur technique (pas de gros combos).
- Des problèmes de hitboxes (collisions) parfois agaçants.
- Une répétitivité inhérente au genre qui s’installe vite en solo.
- Le prix de lancement un poil élevé (environ 20-30€) pour la durée de vie.
- Pas de mode multijoueur en ligne, uniquement du local.

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