Dans l’océan infini des Tower Defense sur Steam, il devient difficile de garder la tête hors de l’eau sans se noyer dans la redondance. Pourtant, le studio Lasot Interactive tente le pari avec Rustic Defense, un titre qui ne paie pas de mine au premier abord avec son esthétique low-poly, mais qui cache une mécanique de jeu redoutablement huilée. Mélangeant la défense de tour classique, la génération procédurale et une couche de deckbuilding, ce petit indé a-t-il les épaules pour se faire une place aux côtés des ténors du genre comme Rogue Tower ? Verdict après plusieurs heures à défendre nos terres contre des hordes incessantes.
Une profondeur tactique cachée sous le brouillard
Loin d’être un simple couloir où l’on pose ses tourelles en attendant que ça passe, Rustic Defense repose sur un principe d’expansion territoriale risqué mais gratifiant. Le jeu vous place sur une carte hexagonale noyée dans le brouillard de guerre. À chaque fin de vague, c’est au joueur de décider quelle direction explorer en dissipant les nuages sur les cases adjacentes. Cette mécanique est le cœur battant du gameplay : dévoiler le terrain vous offre de nouveaux emplacements stratégiques pour vos tours et des ressources (or, cristaux), mais ouvre potentiellement de nouveaux chemins pour les ennemis ou révèle des nids de monstres plus proches que prévu. On se retrouve constamment tiraillé entre la sécurité d’un périmètre restreint et la nécessité de s’étendre pour optimiser sa puissance de feu.
La gestion du terrain est d’ailleurs plus fine qu’il n’y paraît. Le relief joue un rôle crucial, puisque placer une tour d’archers sur une case surélevée (comme une montagne) augmente significativement sa portée. C’est ce genre de petit détail qui transforme une partie banale en un véritable casse-tête d’optimisation, forçant le joueur à lire la topographie avant de dépenser son or.
Le hasard fait-il bien les choses ?
L’aspect « Roguelite » intervient via le système de cartes et d’améliorations. Contrairement à un TD classique où l’arbre technologique est figé, ici, votre évolution intra-run dépend de la main que le jeu vous donne. À chaque montée de niveau ou étape clé, vous tirez des cartes qui peuvent soit débloquer de nouvelles tours, soit offrir des bonus passifs globaux, soit améliorer des structures existantes.
Cette dimension aléatoire, typique du deckbuilding, force à l’adaptation. Vous partiez pour une stratégie basée sur le feu et les dégâts de zone ? Pas de chance, le tirage vous propose des améliorations pour les dégâts de poison et les tours de sniper. Il faut composer avec l’imprévu, ce qui garantit une excellente rejouabilité, même si cela peut parfois générer une certaine frustration lorsque le RNG (générateur de nombres aléatoires) décide de ne pas coopérer face à des vagues d’ennemis en armure lourde.
Une réalisation sommaire mais lisible
Sur le plan technique et artistique, Rustic Defense porte bien son nom. La direction artistique est fonctionnelle, optant pour un style 3D épuré, voire minimaliste. Si l’on n’est clairement pas face à une claque graphique, cette sobriété a le mérite d’offrir une lisibilité parfaite de l’action, même lorsque l’écran est saturé d’ennemis et de projectiles. Les différents biomes (Vallée, Désert, Marais, Montagne) sont facilement identifiables et apportent chacun leurs contraintes visuelles et tactiques, notamment via les résistances élémentaires des monstres.
On apprécie également la progression méta-game. Entre deux échecs cuisants, l’expérience accumulée permet de débloquer des compétences passives et de nouveaux héros dans un arbre de talent permanent. Cela donne ce sentiment de « montée en puissance » nécessaire pour ne pas lâcher la souris après une défaite injuste à la vague 40. La bande-son, quant à elle, reste dans le ton : discrète, elle accompagne l’action sans devenir envahissante, bien qu’un peu plus de variété dans les thèmes musicaux n’aurait pas été de refus pour les longues sessions.
Rustic Defense est la preuve qu’on n’a pas besoin de graphismes 4K pour faire un bon jeu de stratégie. C’est un titre « café-crème » par excellence : on le lance pour une petite partie de vingt minutes, et on se retrouve deux heures plus tard à optimiser le placement d’une tour de glace pour ralentir un boss. S’il n’invente rien de foncièrement nouveau, il synthétise avec brio des mécaniques addictives. C’est un jeu honnête, vendu à un prix doux, qui ravira les amateurs d’optimisation et de challenge tactique.
J’aime
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Le système d’expansion de la carte qui mélange risque et récompense.
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L’importance de la topographie (hauteur) pour la portée des tours.
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La lisibilité de l’action, même dans le chaos.
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Le mélange addictif entre Tower Defense et Deckbuilding.
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Une rejouabilité solide grâce à la génération procédurale et aux biomes variés.
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Le sentiment de progression constant grâce à l’arbre de talents permanent.
J’aime pas
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Le facteur chance (RNG) parfois punitif sur le tirage des cartes d’amélioration.
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Une direction artistique très austère qui ne plaira pas à tout le monde.
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L’interface utilisateur (UI) qui manque un peu de finition et de modernité.
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Certains pics de difficulté soudains lors de la découverte de nouveaux biomes ennemis.

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