Adapter un monument du jeu de société en jeu vidéo est un exercice périlleux. Trop simple ? On crie à l’application mobile portée à la va-vite. Trop complexe ? On perd l’essence de l’original. Avec Kingdomino sur Steam, les développeurs tentent le pari de transposer le chef-d’œuvre de Bruno Cathala dans nos écrans. Après plusieurs heures à bâtir des royaumes pixelisés, voici mon verdict sur ce « petit jeu très sympa » qui cache bien son jeu.
Si vous avez déjà touché à la version carton, vous serez en terrain conquis. Pour les néophytes, Kingdomino repose sur un principe d’une élégance rare : c’est un jeu de dominos, mais sous stéroïdes. Vous incarnez un seigneur en quête de terres pour étendre son royaume. À chaque tour, vous draftez des tuiles (champs, forêts, mers, mines…) pour les connecter à votre château ou à des terrains existants de même type.
C’est là que la « bonne touche de logique » mentionnée prend tout son sens. Ce n’est pas juste du placement ; c’est de l’optimisation spatiale sous contrainte. Vous devez faire tenir votre royaume dans une grille stricte de 5×5 cases (ou 7×7 en mode duel « Harmonie », un vrai régal). Le dilemme est constant : prendre cette tuile riche en couronnes (multiplicateurs de points indispensables) mais qui me force à jouer en dernier au prochain tour, ou prendre une tuile médiocre pour m’assurer le premier choix ensuite ?
Sur Steam, cette mécanique brille par sa fluidité. Le jeu calcule automatiquement les placements valides et les scores en temps réel, ce qui permet de se concentrer purement sur la stratégie sans la lourdeur administrative du comptage de points.
Visuellement, le portage est une réussite. On retrouve le côté « coloré » et vibrant des illustrations originales de Cyril Bouquet, mais avec ce petit plus numérique. Les champs de blé ondoient sous le vent, l’eau scintille, et les petits châteaux en 3D ajoutent une profondeur bienvenue. L’interface est propre, pensée pour le PC, et ne vient jamais obstruer la lecture du jeu. C’est mignon, c’est chaleureux, et ça tourne comme une horloge, même sur des configurations modestes.
J’ai passé pas mal de temps sur le mode solo pour me faire la main. L’IA propose un défi décent, parfait pour tester des stratégies d’agencement risquées. Mais c’est évidemment en ligne que le jeu prend sa saveur. Le système de matchmaking est efficace, et le crossplay assure de trouver des adversaires (même si la communauté est encore en construction). Les parties sont rapides (15-20 minutes), ce qui en fait le jeu « pause café » par excellence, avec ce goût de « reviens-y » typique des bons puzzle-games.
Kingdomino sur Steam est la version numérique idéale du classique de plateau. C’est un jeu de logique accessible mais profond, habillé d’une réalisation colorée et soignée. Si vous cherchez un titre pour vous détendre tout en faisant travailler vos méninges, foncez. C’est propre, c’est carré (littéralement), et on ne voit pas le temps passer.
Ce que j’aime :
- La fidélité absolue : L’esprit du jeu de plateau est parfaitement conservé, c’est une adaptation respectueuse et intelligente.
- La fluidité : Fini la mise en place et le rangement ! On lance, on joue, on enchaîne. Le calcul automatique du score est un bonheur.
- L’aspect visuel : C’est très coloré, vivant et les animations donnent une âme au plateau.
- La profondeur tactique : Sous ses airs enfantins, c’est un vrai défi de logique et d’anticipation (le système de draft est génial).
- Les modes de jeu : La présence du mode 7×7 pour des duels plus vastes et plus stratégiques.
Ce que j’aime moins :
- L’ambiance sonore : Bien que sympathique au début, la musique boucle un peu vite et peut devenir répétitive sur de longues sessions.
- Interaction limitée : En ligne, les interactions sociales sont sommaires (quelques emotes), on perd un peu le sel du « trash talk » amical autour d’une table.
- Contenu solo : Une campagne solo scénarisée avec des défis de puzzle plus poussés aurait été un vrai plus pour la durée de vie hors ligne.

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