Schematic Void n’est pas un jeu. C’est un concept, une blague de développeur qui a mal tourné… ou peut-être une performance artistique. En vous plongeant dans ce qui est censé être un jeu inachevé et cassé, Meowton Games livre une expérience déroutante, mais profondément satisfaisante pour les esprits curieux. C’est un point-and-click qui refuse d’être un point-and-click, un puzzle-game qui vous demande de briser ses propres règles. Si vous cherchez des objectifs clairs et une narration linéaire, passez votre chemin. Si vous êtes prêt à embrasser le chaos créatif et l’humour absurde, vous tenez là un bijou étrange.

La prémisse de Schematic Void est son coup de génie : le jeu que vous achetez est, selon l’histoire, un projet abandonné par son créateur, vous laissant la tâche ingrate de « finir le travail ». Cette mise en abyme constante est le moteur de l’aventure. On ne se contente pas de jouer ; on interagit avec un environnement qui est à la fois un jeu vidéo et l’outil de développement brisé d’un jeu vidéo.

L’humour décalé et la conscience de soi (le fameux « quatrième mur brisé ») sont omniprésents. Vous vous retrouvez à discuter avec des pixels qui parlent de crise existentielle ou à résoudre des énigmes qui nécessitent de manipuler les « fichiers » du jeu lui-même, transformant la frustration potentielle en rire. C’est une œuvre qui se moque d’elle-même tout en vous invitant à la prendre au sérieux.

Au fond, Schematic Void est un jeu d’énigmes basé sur des circuits électriques. Cependant, la règle fondamentale est de ne surtout pas respecter les règles. Chaque niveau introduit de nouvelles mécaniques qui contredisent souvent ce que vous avez appris précédemment.

Les puzzles sont moins une question de logique pure à la Portal et davantage une affaire de pensée latérale. Il faut observer, expérimenter et parfois même utiliser des solutions non conventionnelles que le jeu semble implicitement encouragé. C’est un véritable bac à sable pour la curiosité. Là où un point-and-click traditionnel vous guide, Schematic Void vous lâche dans l’abstrait. Ce caractère vague peut être frustrant par moments, mais la récompense – l’effet « Eurêka ! » – est d’autant plus puissante lorsque vous réalisez la solution tordue.

Le gameplay est profond sans être vaste. Il n’y a pas de collectionnite ni de vastes zones à explorer, mais une série de salles et d’écrans qui se renouvellent constamment dans leurs défis, vous forçant souvent à revenir sur des zones déjà explorées pour y découvrir une nouvelle interaction.

Visuellement, Schematic Void opte pour un style minimaliste et élégant. Les graphismes 2D, occasionnellement saupoudrés d’effets 3D pour un rendu étrange, créent une ambiance à la fois relaxante et mélancolique. L’esthétique est épurée, laissant toute la place à l’énigme et au concept.

Mais là où le jeu excelle vraiment, c’est dans sa bande-son. Elle est décrite comme stupéfiante, capable de vous donner envie de danser et de pleurer en même temps. La musique est un pilier de l’expérience, ajustant parfaitement l’atmosphère, que vous soyez en train de vous creuser les méninges sur un circuit complexe ou de contempler une vérité existentielle absurde. Le mixage est une réussite qui enveloppe le joueur dans cette drôle de solitude numérique.

Schematic Void est une expérience qui ne s’adresse pas à tout le monde. Ceux qui exigent des mécanismes précis et une histoire bétonnée risquent de trouver le jeu trop décousu.

Cependant, pour les amateurs de jeux d’aventure méta, ceux qui ont aimé la folie de The Stanley Parable ou les énigmes tordues de Baba Is You, ce titre est une pépite bizarre. Il réussit à transformer son statut de « jeu inachevé » en une forme d’art ludique, prouvant qu’un jeu n’a pas besoin d’être parfait pour être mémorable. C’est l’équivalent vidéoludique d’un carnet de croquis rempli de demi-idées et de philosophie numérique.

Ce qu’on a aimé :

  • Le concept méta brillant de l’environnement « cassé ».
  • La bande-son incroyable, à la fois entraînante et émotive.
  • L’obligation de « penser en dehors de la boîte » pour les puzzles.
  • L’humour décalé et la rupture constante du quatrième mur.

Ce qu’on a moins aimé :

  • Peut être trop vague ou confus pour certains joueurs.
  • Le rythme des puzzles, parfois inégal.
  • La direction artistique très minimaliste (question de goût).

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