Avec Wreckreation, Three Fields Entertainment, le studio dirigé par l’ancienne garde de Criterion Games (les géniteurs de Burnout), ne cherche pas seulement à ressusciter un genre, mais à le redéfinir. Le titre se positionne comme le chaînon manquant entre la course arcade explosive d’antan et l’ère du jeu-service bac à sable. Bien loin d’une simple course en circuit fermé, il propose une gigantesque carte de 400 000 km², le MixWorld, où la destruction et surtout la construction, sont les maîtres-mots.

La première chose qui frappe, c’est l’excellence du feeling de conduite. Les véhicules sont légers, réactifs, et la sensation de vitesse procure instantanément cette ivresse que l’on ne retrouvait plus depuis l’apogée des jeux Burnout. Les dérapages s’enchaînent avec panache, et chaque contact avec un concurrent ou un élément du décor est un festival de tôle froissée rendu avec le savoir-faire unique du studio. Au-delà de la simple course, le gameplay est structuré autour de la notion de « Wreck Score ». Chaque cascade réussie, chaque destruction d’environnement spectaculaire et chaque chaîne de drifts contribuent à un multiplicateur qui est la véritable monnaie d’échange du jeu. Le MixWorld est parsemé d’activités spontanées — zones de vitesse, défis de drift, tremplins de cascades extrêmes — qui servent de catalyseurs à ces scores élevés.

Le cœur du jeu réside dans la « MixTape », l’outil de création dynamique. En plein drift à 200 km/h, on peut littéralement dérouler des rampes, des boucles et des tremplins depuis son capot, transformant l’autoroute paisible en terrain de jeu instantané. Cet aspect TrackMania intégré est non seulement intuitif, mais il ouvre des possibilités d’improvisation et de créativité communautaire vertigineuses. C’est un moteur de jeu qui encourage l’expérimentation constante. L’intégralité des créations faites avec la MixTape peut être partagée instantanément, transformant vos sauts improvisés en défis pour vos amis ou la communauté globale. La personnalisation est également très présente, que ce soit pour le look (peintures, kits de carrosserie) ou pour le son (choix de la radio ou d’une playlist personnelle), ancrant l’expérience dans le style du joueur.

L’aspect technique est crucial pour ce type de jeu, et Wreckreation livre la marchandise avec brio. Graphiquement, le jeu adopte un style « clean arcade » qui privilégie la clarté et la fluidité de l’action. Les environnements du MixWorld sont vastes et variés, allant des côtes ensoleillées aux canyons désertiques, tous bénéficiant d’un éclairage dynamique efficace. Les modèles de voitures, bien que stylisés, gèrent l’impact physique (déformations et particules) avec une fidélité impressionnante. L’effet de flou cinétique (motion blur) à haute vitesse est parfaitement dosé, renforçant l’impression d’ivresse sans nuire à la lisibilité, un équilibre que peu de jeux de course parviennent à maîtriser.

L’Expérience PlayStation 5

Sur PS5, le jeu brille par son optimisation. Le 60 images par seconde (FPS) est maintenu avec une solidité impressionnante, indispensable pour la lisibilité lors des phases de haute vélocité. L’utilisation de la manette DualSense est particulièrement réussie : les gâchettes adaptatives simulent la résistance du moteur et le retour haptique accentue les impacts et les crissements de pneus, ajoutant une couche d’immersion physique rarement atteinte dans un jeu de course. C’est la version la plus « confortable » et immédiate.

L’Expérience PC (Steam)

Le portage Steam est, comme souvent, la plateforme de la polyvalence. Avec une machine musclée, on peut monter la résolution et la qualité des ombres bien au-delà de ce que propose la console, offrant des panoramas encore plus saisissants du MixWorld. Cependant, c’est dans le domaine de la création que le PC prend l’avantage. La précision de la souris et du clavier rend la manipulation des éléments de la MixTape légèrement plus rapide et chirurgicale, un atout non négligeable pour les architectes du chaos les plus exigeants.

Wreckreation n’est pas qu’un simple jeu de course ; c’est une philosophie du jeu en monde ouvert. En proposant des outils de création d’une souplesse inédite, il confie au joueur les clés d’un univers où le seul obstacle est son imagination. Si l’on regrettera peut-être un manque initial de contenu « prêt-à-jouer » en solo, la promesse d’une infinité de créations communautaires compense largement ce point.

Three Fields Entertainment a réussi son pari : fournir la meilleure conduite arcade du moment tout en offrant le bac à sable le plus jouissif et accessible du genre. Que vous soyez un fan inconditionnel de Burnout ou un architecte de circuits frustré par la rigidité des éditeurs habituels, Wreckreation est l’autoroute vers le plaisir immédiat.

On aime

  • L’ADN arcade pur et le feeling de conduite nerveux, digne héritier de Burnout.

  • L’outil MixTape révolutionnaire et sa liberté de création dynamique et instantanée.

  • L’optimisation technique irréprochable (60 FPS solide sur toutes les plateformes).

  • L’utilisation exemplaire du retour haptique DualSense sur PS5.

  • Le Wreck Score addictif qui récompense la destruction créative.

On regrette

  • Le manque de contenu structuré « prêt-à-jouer » en solo au lancement.

  • Le MixWorld, bien que gigantesque, peut générer un sentiment de vide par moments.

  • La création à la manette est moins précise qu’au clavier/souris, rendant les constructions complexes plus laborieuses.

Note finale : 18/20.

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