Simon est de retour. L’annonce de Simon the Sorcerer: Origins, une préquelle se déroulant quelques semaines avant le classique de 1993, a fait vibrer la fibre nostalgique de toute une génération de joueurs de point-and-click. Après des épisodes en demi-teinte et une longue absence, la question était simple : ce retour aux sources saura-t-il capturer la magie cynique des débuts ? La réponse est un grand oui. Avec une refonte artistique audacieuse et le retour de la voix originale, cette préquelle est le meilleur cadeau que l’on pouvait faire aux fans.
C’est le changement le plus visible et le plus clivant : l’adieu au pixel art des années 90 au profit d’une direction artistique entièrement dessinée à la main (plus de 15 000 images selon les développeurs), inspirée par les productions Disney de la fin des années 90 et du début des années 2000 (avec des artistes ayant travaillé sur Klaus).

Si certains puristes regretteront les gros pixels d’antan, le résultat est tout simplement splendide. Chaque arrière-plan est une toile immersive, et l’animation des personnages est fluide et expressive, conférant au Monde Magique une richesse visuelle inédite. On se déplace dans un véritable dessin animé où l’irrévérence de Simon contraste parfaitement avec la beauté du décor. C’est un pari risqué, mais qui élève le jeu au standard visuel moderne sans sacrifier son âme 2D.
Origins reste un pur point-and-click dans sa philosophie, mais il bénéficie d’une ergonomie moderne. Fini l’interface verbeuse à multiples icônes : les interactions sont désormais contextuelles, simplifiant le flux de jeu. Cela rend l’expérience plus accessible aux nouveaux venus sans pour autant mâcher le travail aux vétérans.

Les énigmes, quant à elles, sont fidèles à la tradition : complexes, souvent absurdes, et nécessitant cette fameuse logique tordue propre à la série. Il faudra combiner des objets de manière inattendue, user de l’alchimie (un aspect bien développé) et apprendre de nouveaux sorts. Le jeu propose un défi relevé, mais rarement frustrant, grâce à des dialogues et des descriptions d’objets bien écrits qui distillent des indices subtils. L’introduction d’un bouton de surbrillance des points d’intérêt est une concession intelligente à la modernité, bienvenue lorsque l’on bloque.
Le cœur de Simon the Sorcerer a toujours été son humour, et sur ce point, Origins excelle. Le retour de l’acteur vocal original, Chris Barrie (célèbre pour Red Dwarf), est l’atout majeur. Sa livraison des lignes de Simon est impeccable, injectant une dose de sarcasme pince-sans-rire à chaque réplique et coupant court aux clichés de la fantasy avec un timing comique parfait.

L’histoire, qui explore l’adolescence de Simon juste avant son premier voyage magique, réussit à injecter une couche inattendue d’émotion et de profondeur sous le vernis de l’humour. La relation avec sa mère et la découverte de ses propres valeurs, bien que traitées avec légèreté, donnent un ancrage narratif qui manquait parfois aux aventures précédentes. C’est une histoire de passage à l’âge adulte décalée, remplie de références pour les fans.
Le jeu est extrêmement bien poli.Les options d’accessibilité sont nombreuses (taille de police, contrôle du volume, etc.), et l’ambiance sonore, avec sa bande originale originale signée Mason Fisher, mélange l’épique et le loufoque avec brio. Sur le plan technique, l’expérience est un sans-faute.

Simon the Sorcerer: Origins est un retour triomphal pour le héros le plus sarcastique du jeu d’aventure. Smallthings Studios a réussi l’exploit de moderniser l’apparence de la série tout en préservant intactes son écriture hilarante et son approche exigeante des énigmes. C’est un must-play pour les fans de longue date, récompensés par le retour de Chris Barrie, et une excellente porte d’entrée pour les novices du genre. Le Monde Magique n’a jamais été aussi beau, ni Simon aussi irrévérencieux.
On a aimé
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La Direction Artistique (DA) Dessinée à la Main : Splendide, fluide et très expressive, c’est un pari réussi pour la modernisation de la série.
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Le Retour de Chris Barrie : L’acteur vocal original reprend son rôle et assure un sarcasme et un timing comique impeccables.
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L’Humour Acéré et Cynique : Fidèle à l’esprit de la série, il coupe court aux clichés de la fantasy.
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Le Retour aux Sources du Point-and-Click : Des énigmes complexes et tordues qui respectent la tradition du genre.
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L’Ergonomie Moderne : L’interface simplifiée par des interactions contextuelles rend le jeu plus accessible sans le trahir.
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La Profondeur Narrative Inattendue : L’exploration de l’adolescence de Simon ajoute une dimension émotionnelle subtile.
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Les Finitions Techniques : Jeu extrêmement bien poli, avec de nombreuses options d’accessibilité.
On a moins aimé
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L’Adieu au Pixel Art : Bien que la nouvelle DA soit réussie, elle pourrait diviser et déplaire aux puristes des deux premiers jeux.
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Simplification des Contrôles : Le passage à l’interface contextuelle (fini l’interface verbeuse à multiples icônes) peut être perçu par les vétérans comme une simplification excessive.
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Logique Tordue Requise : Les énigmes, bien que bien écrites, peuvent encore nécessiter du « trial and error » typique de la série pour les joueurs moins habitués au genre.

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