Après les précédents opus qui empruntaient déjà lourdement aux classiques 8 et 16-bit, Angry Video Game Nerd 8-bit franchit un palier de fidélité au passé. Ce n’est pas juste un jeu avec des graphismes pixelisés ; c’est un véritable jeu conçu pour être fonctionnel sur la console NES originale. Cette contrainte technique, loin d’être un obstacle, définit l’expérience : nous sommes face à un action-platformer pur et dur, inspiré de la formule exigeante et souvent brutale de Mega Man.
L’histoire est, comme il se doit, un prétexte à la rage : le Nerd (James Rolfe) se fait arracher sa console par Super Mecha Death Christ 2000 B.C. Version 4.0 (SMDC), qui infecte le monde du jeu vidéo. Le Nerd doit alors parcourir six niveaux basés sur ses pires cauchemars vidéoludiques pour sauver l’industrie. Les fans seront ravis de retrouver des cinématiques en prises de vue réelles typiques de l’émission, ainsi que des clins d’œil et des insultes numérisées qui ont fait la renommée du personnage.
Au cœur du gameplay, on trouve le Nerd armé de son Zapper, capable de sauter, de glisser et de tirer. Les contrôles sont globalement précis et réactifs, un prérequis essentiel pour un jeu qui demande une mémorisation rigoureuse des schémas d’ennemis et des sauts millimétrés.
L’inspiration Mega Man est palpable :
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Sélection des Niveaux : Les six niveaux sont sélectionnables dès le départ, chacun culminant avec un boss inspiré de l’univers AVGN. 
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Power-ups : Le Nerd peut ramasser des améliorations pour son tir, le transformant en un triple-shot ou un tir diagonal. Cependant, et c’est là que le jeu adopte une difficulté à l’ancienne, perdre ces améliorations après avoir été touché peut être frustrant. C’est un mécanisme qui force à jouer parfaitement si l’on veut conserver son avantage. 
Heureusement, le jeu propose une excellente gradation de la difficulté, avec des modes comme « Chill as Hell » (plus tolérant, une chute ou des pics n’entraînent pas une mort instantanée mais des dégâts) et « Hard As Balls » (pour les masochistes nostalgiques). Cette approche rend le jeu accessible aux néophytes tout en offrant un défi digne des pires jeux testés par le Nerd pour les vétérans.
Le level design est la véritable force de cet opus. Les développeurs ont réussi à mélanger les tropes de l’ère NES, non seulement en imitant Mega Man, mais en intégrant aussi des mécanismes tirés d’autres jeux de plateforme infâmes. Attendez-vous à des niveaux qui changent radicalement de style, passant du Run & Gun classique à des sections de shoot ’em up horizontal (style shmup) ou des variations de la formule Jekyll & Hyde, où le jour et la nuit altèrent le level design.
Ces références sont intelligemment exécutées et servent l’action, plutôt que d’être de simples caméos. Le jeu évite ainsi les pièges de design les plus malhonnêtes que le Nerd déteste tant, tout en maintenant une difficulté élevée mais juste—la mort est généralement la conséquence d’une erreur du joueur, et non d’un bug ou d’une mauvaise visibilité, même si certains pics et ennemis sont un peu trop bien cachés.
Visuellement, le jeu est une réussite totale. La palette de couleurs, la résolution basse et les sprites correspondent parfaitement aux capacités de la NES. C’est un travail d’artisan qui respecte les limites matérielles d’origine.
La bande-son, composée de morceaux chiptune originaux, est absolument kickass. Les mélodies sont entraînantes, rappellent le meilleur de Capcom sur 8-bit et accompagnent parfaitement la frénésie de l’action. L’intégration de la voix du Nerd (même si elle est compressée pour sonner 8-bit) apporte une touche humoristique essentielle.
Angry Video Game Nerd 8-bit est plus qu’un simple fan-service ; c’est un très bon jeu de plateforme en soi. Il capture à la fois la difficulté sans concession de l’ère NES et l’humour cinglant qui a rendu James Rolfe célèbre.
Certes, l’expérience est courte (quelques heures en mode normal), et l’absence d’armes spécifiques (à la Mega Man) à obtenir des boss est regrettable. De plus, votre appréciation dépendra énormément de votre affinité avec l’univers AVGN et son humour grossier. Si vous n’êtes pas familier avec la série, vous passerez à côté d’une grande partie des références.
Mais pour les fans, c’est l’expérience ultime. C’est l’équivalent vidéoludique d’un nouvel épisode de haute qualité, mais jouable.
On aime :
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L’authenticité et la fidélité à l’esthétique 8-bit. 
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Le level design inventif, bourré de références intelligentes. 
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La bande-son chiptune exceptionnelle. 
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L’ajout de cinématiques live-action. 
On n’aime pas :
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Le mécanisme de perte de power-up après un seul coup, parfois frustrant. 
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La faible durée de vie (typique des jeux NES, cependant). 
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L’attrait limité pour les joueurs non-fans de l’AVGN. 
Note Finale : 8/10

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