Issu des mains expertes de Crate Entertainment (les créateurs de Grim Dawn), Farthest Frontier n’est pas un simple city-builder de plus. C’est une immersion brutale et magnifique dans l’établissement d’une colonie médiévale à la lisière du monde connu. Il prend la formule classique de jeux comme Banished et la complexifie de manière brillante, notamment grâce à son système de culture réaliste et à ses mécanismes de survie impitoyables. Pour quiconque cherche un défi de gestion profond, où la famine, la maladie et les maraudeurs sont des menaces permanentes, la Frontière est un foyer. Malgré quelques inévitables problèmes d’optimisation en fin de partie, le potentiel est immense et l’expérience actuelle déjà indispensable.
Dès les premières minutes, Farthest Frontier vous rappelle que la vie médiévale est difficile. Le concept est familier : un petit groupe de pionniers, quelques provisions, et une nature hostile. Mais la richesse de la simulation est immédiatement palpable. Chaque villageois n’est pas un simple chiffre ; il a des besoins précis, un foyer à améliorer et une espérance de vie soumise aux aléas de la mauvaise saison ou d’une dent cariée.
Le jeu excelle dans son système de production. Oubliez les chaînes de fabrication abstraites ; ici, tout fait sens. Du bois brut aux planches, des peaux aux vêtements, chaque ressource est vitale. Le passage d’une petite bourgade de cueilleurs-chasseurs à une cité stable reposant sur l’artisanat et le commerce est un voyage long et périlleux, demandant une planification micro-managée constante pour équilibrer l’offre et la demande.
C’est sans doute dans son agriculture que Farthest Frontier se démarque le plus de ses pairs. La terre est une entité vivante qu’il faut comprendre et respecter. L’époque où l’on plantait du maïs année après année est révolue.
Le système de rotation des cultures est un chef-d’œuvre de complexité maline. Il faut surveiller la fertilité du sol, l’équilibre en nutriments, et les mauvaises herbes. Planter des pois pour enrichir l’azote une année, puis du seigle pour la nourriture l’année suivante, tout en utilisant la jachère pour reposer la terre : c’est une véritable leçon d’agronomie. Maîtriser ce cycle est non seulement satisfaisant, mais absolument crucial pour éviter la famine, car la nourriture, elle aussi, pourrit avec le temps.
Si le défi vient souvent de l’intérieur (maladies, blessures, gestion des déchets et des rats), la menace extérieure est tout aussi réelle.
Les Pillards ne sont pas des ennemis anecdotiques ; ils peuvent anéantir des années d’efforts en quelques minutes. La construction de murs, de tours de guet et la formation d’une milice sont des investissements lourds, mais nécessaires. L’aspect combat, bien que simple dans son exécution, ajoute une tension bienvenue qui transforme ce paisible city-builder en un jeu de stratégie en temps réel par intermittence. La difficulté est parfaitement dosée : chaque succès est mérité, et chaque échec est une leçon cuisante.
Visuellement, Farthest Frontier est une réussite. Le jeu arbore une direction artistique détaillée, riche et lisible. Observer les saisons passer, voir la neige recouvrir les toits et les champs verdir au printemps, crée une forte sensation d’immersion. Le niveau de détail est tel que l’on se plaît à zoomer pour admirer les villageois vaquer à leurs tâches.
Cependant, il faut noter l’étiquette d’Accès Anticipé. Si le jeu est stable et jouable, l’optimisation reste perfectible. Dès que la population dépasse les 150-200 colons, les ralentissements se font sentir, et la vitesse de jeu maximale (x3) semble parfois trop lente pour les phases d’attente. Ce sont des défauts typiques du genre, que l’on espère voir corrigés avant le lancement de la version 1.0.
Farthest Frontier est un city-builder pour ceux qui aiment les défis et la profondeur de simulation. Il récompense la patience, la micro-gestion et la planification à long terme. Crate Entertainment a réussi à insuffler une âme authentique à ce genre, transformant la survie en un art. Si vous avez aimé Banished mais que vous le trouviez trop superficiel, ce jeu est fait pour vous. Préparez-vous à perdre quelques colonies… mais à en aimer chaque minute.
Les Plus
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Système d’agriculture incroyablement réaliste et profond.
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Direction artistique magnifique et très détaillée.
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La boucle de jeu de survie est viscérale et addictive.
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Grand potentiel pour l’avenir (Accès Anticipé).
Les Moins
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Optimisation à améliorer pour les très grandes villes.
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La fonction d’aplanissement du terrain est parfois frustrante.
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Nécessite un engagement en micro-gestion élevé.
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Vitesse de jeu maximale (x3) qui pourrait être plus rapide.
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