Dans le marché saturé des action-roguelikes et des twin-stick shooters, se démarquer relève de l’exploit. Le jeune studio Howling Wolf Games tente l’approche de la saturation visuelle et du chaos sous-marin avec Squidly’s Revenge. Derrière son esthétique de dessin animé du samedi matin et son pitch décalé — un petit calmar sans histoire, béni (ou maudit) par Poseidon pour se venger du culte d’Azure —, se cache une tentative ambitieuse de fusionner la frénésie d’un Brotato avec la boucle de progression d’un Hades. Verdict sur cette plongée dans les grands fonds.
Le cœur de Squidly’s Revenge repose sur un principe simple mais efficace : la survie par l’appropriation. Notre calmar, propulsé par une puissance divine, doit affronter des vagues incessantes de créatures marines (crabes blindés, poissons mutés, etc.) dans un format de top-down shooter chaotique.
Là où le jeu tire son épingle du jeu, c’est dans sa mécanique de butin dynamique. Chaque ennemi vaincu peut laisser tomber une arme. Nous ne parlons pas ici d’upgrades passifs, mais de fusils à bernacle, de gants de boxe de crevette-mante, ou de canons à algues. Le système nous force à une gestion constante et rapide de notre arsenal. Cette volatilité des outils de destruction est à la fois la force et la faiblesse du titre : elle garantit que chaque run est unique, mais peut aussi frustrer lorsque l’on perd une combinaison d’armes synergiques à cause d’un drop malheureux.
La nervosité est le maître-mot. Les hitboxes sont précises, et l’écran se remplit rapidement d’une quantité indécente de projectiles (l’aspect bullet hell est bien présent). Les combats de boss, présentés comme des confrontations épiques contre des figures mythologiques corrompues, sont de véritables tests de patience et de réflexes, récompensant le joueur par des pouvoirs permanents cruciaux pour modifier son style de jeu.
Visuellement, Squidly’s Revenge choisit l’approche cute et cartoony en pixel art. C’est un choix audacieux qui tranche avec la violence du gameplay. La direction artistique est maîtrisée : les couleurs sont saturées, les animations des ennemis sont expressives et l’univers marin est foisonnant. On sent l’influence des dessins animés des années 90, apportant une légèreté nécessaire à l’intensité du genre.
Cependant, cette richesse visuelle engendre un problème majeur, typique des jeux orientés chaos : la lisibilité. Lorsque l’écran croule sous les ennemis, les loot drops et les effets de projectiles, il devient difficile de discerner la position exacte de Squidly ou l’origine des dégâts, menant parfois à des morts injustes.
Techniquement, l’optimisation semble correcte, le jeu visant manifestement la fluidité pour soutenir sa cadence infernale. Le design sonore, avec ses effets de tirs aquatiques et ses musiques rythmées, colle parfaitement à l’ambiance mais manque parfois de percussion pour souligner l’impact des coups les plus dévastateurs.
Comme tout bon roguelike, la mort n’est qu’un prélude à la prochaine tentative. Le système d’amélioration permanente entre les runs est classique mais bien dosé, permettant de sentir une progression tangible même après un échec cuisant. La possibilité d’activer des modificateurs de difficulté (run modifiers) est un excellent ajout pour les joueurs en quête de défi, offrant une rejouabilité presque illimitée.
Le véritable potentiel réside dans la variété des builds. La synergie entre les armes volées et les pouvoirs divins (conférés par les boss vaincus) permet des combinaisons explosives, encourageant l’expérimentation constante.
Squidly’s Revenge est un coup de cœur qui, malgré quelques accrocs en termes de lisibilité pure, parvient à injecter une dose d’originalité et d’humour dans le genre roguelike. Son système de vol d’armes est la clé de voûte d’un gameplay nerveux et addictif. Si vous cherchez un défouloir sous-marin qui ne se prend pas au sérieux mais qui exige des réflexes d’acier, Squidly mérite votre attention. C’est un titre qui demandera du polissage, mais dont le potentiel est immense.
Dans le détail, le Gameplay/Mécaniques mérite un très solide 4.5/5 (⭐⭐⭐⭐) pour sa formule dynamique. La Direction Artistique est notée 4/5 (⭐⭐⭐⭐) pour son style cartoon assumé. Quant à la Durée de Vie/Rejouabilité, elle atteint un excellent 4.5/5 (⭐⭐⭐⭐) grâce à l’aléatoire et aux modificateurs. Le seul bémol concerne la Technique/Finition, notamment la lisibilité en plein chaos, qui se contente d’un 3.5/5 (⭐⭐⭐).
Vous pouvez retrouver une démo par ici :
https://store.steampowered.com/app/3854780/Squidlys_Revenge
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