Quand j’ai lancé Frostpunk 2 pour la première fois, j’ai eu cette sensation étrange de replonger dans un monde que je croyais déjà connaître mais qui m’a vite fait comprendre qu’il avait changé. Trente ans après la Grande Tempête, la neige recouvre toujours tout mais le vrai danger n’est plus seulement le froid, il vient des gens eux-mêmes, de leurs idées, de leurs revendications et de cette lutte permanente pour décider comment bâtir une société sur un bout de glace. On sent immédiatement que ce n’est pas juste une suite, c’est une nouvelle couche de tension qui vient se poser sur la survie pure et dure du premier jeu.
La grande nouveauté, ce sont les districts. Au lieu d’empiler des bâtiments comme avant, tu construis des zones entières spécialisées, et chacune doit fonctionner avec les autres. Un district industriel qui carbure sans un district de nourriture, c’est la famine assurée. Un centre de recherche sans population en bonne santé, c’est du temps perdu. C’est à la fois grisant et angoissant parce que chaque choix ressemble à une pièce de domino que tu poses, en espérant qu’elle ne va pas faire tomber toute ta belle organisation.
Mais là où le jeu m’a vraiment pris à la gorge, c’est avec le Conseil. Avant, tu décidais presque seul, comme un chef tout-puissant. Ici, non, tu dois composer avec des factions qui ont chacune leurs idées, parfois complètement opposées. Les progressistes veulent moderniser à tout prix, les traditionalistes s’accrochent à des valeurs qui rassurent mais freinent, et toi tu es coincé au milieu, obligé de trancher. Chaque vote ressemble à un mini-drame, et parfois tu sacrifies ta propre conviction juste pour éviter une révolte. C’est dur, mais tellement immersif.
Visuellement, je ne vais pas mentir, c’est magnifique. L’Unreal Engine 5 donne au froid une texture presque palpable, la neige crisse sous les yeux, les lumières des districts illuminent l’obscurité avec un contraste glaçant. Mais ce n’est pas juste joli, c’est oppressant, parce que plus ta ville s’étend, plus elle ressemble à une cicatrice dans la glace. Et sur PS5, le confort de jeu est vraiment là, avec une interface repensée pour la manette qui évite la gymnastique de menus compliqués, même si parfois quelques infos se perdent dans le flot.
La bande-son joue un rôle énorme aussi. Les nappes sonores lentes, les notes graves qui tombent comme des coups de vent, tout rappelle que tu n’es jamais tranquille. Parfois j’ai eu l’impression de respirer au rythme du jeu, de sentir ce silence lourd qui s’installe quand un district s’éteint faute de ressources. C’est le genre d’ambiance qui te colle à la peau et qui te pousse à continuer, même quand tout part en vrille.
Évidemment, tout n’est pas parfait. Le jeu est exigeant, très exigeant même. Les premières heures m’ont paru brutales, avec une courbe d’apprentissage qui ne pardonne rien. Il faut accepter de perdre, d’expérimenter, de recommencer. Et parfois, une partie peut donner l’impression de tourner en rond, quand les mêmes dilemmes reviennent sous d’autres formes. C’est le prix à payer pour cette richesse, mais je comprends que certains décrochent.
Ce que j’ai trouvé fascinant malgré tout, c’est cette capacité qu’a le jeu de te mettre face à toi-même. Quand tu sacrifies une minorité pour sauver la majorité, tu n’as pas juste cliqué sur une option, tu as pris une décision que tu ressens presque physiquement. Quand tu choisis d’apaiser une faction plutôt que d’en soutenir une autre, tu entends la rancune dans les réactions, et tu sais que tu viens de creuser un fossé dans ta société. C’est ce mélange d’émotion et de stratégie qui fait toute la force de Frostpunk 2.
Je ressors de cette expérience épuisé mais conquis. Ce n’est pas un jeu qui cherche à plaire à tout le monde, il est dur, il est parfois injuste, mais il est incroyablement vivant. On sent que chaque victoire, aussi petite soit-elle, a été arrachée à la glace, à la misère, et aux compromis. Pour moi, c’est une suite qui a réussi son pari : transformer une simple lutte contre le froid en une réflexion brutale sur la survie de l’humanité elle-même.
No responses yet