Il faisait sombre. Pas juste dans le jeu — dans ma tête aussi. Un de ces soirs où on cherche quelque chose de nouveau, de bizarre, peut-être même de légèrement inquiétant. Et c’est là qu’il est apparu sur ma bibliothèque PSN : RATSHAKER. Le nom seul avait déjà des relents de fièvre et d’expérimentation ratée. J’ai cliqué. Je n’ai plus jamais secoué un rongeur de la même façon.
Dès les premières minutes, le jeu m’a plongé dans une ambiance dystopique où l’espoir semble avoir déserté depuis longtemps. Pas de tutoriel pompeux, pas de cinématique mielleuse. Juste vous, une ruelle crasseuse… et un rat. Mon premier réflexe ? Le caresser. Il m’a regardé. J’ai essayé de communiquer. Il m’a jugé. Alors je l’ai secoué.
Et là, tout a changé.
Chaque secousse déclenchait un flot de répliques absurdes, de réflexions étrangement profondes, ou de gémissements critiques sur le sens de l’existence. Ce rat n’était pas un simple outil de gameplay. C’était un compagnon. Un psy. Un miroir existentiel avec des moustaches. Parfois, il me racontait des souvenirs flous d’un monde meilleur. Parfois, il rotait. C’était imprévisible. Et hilarant.
Mais sous la couche d’humour noir, on sentait une critique plus fine, un malaise diffus : pourquoi est-ce que je fais ça ? Pourquoi est-ce que ça marche ? Est-ce que j’ai vraiment résolu un puzzle… ou est-ce que j’ai juste secoué plus fort ? Et pourquoi ai-je pris autant de plaisir à le faire ?
Graphiquement, le jeu baigne dans une esthétique crade mais poétique, entre ruines industrielles et décors délavés qui sentent la fin du monde et les souvenirs de cantine scolaire. La bande-son alterne entre nappes mélancoliques et silences gênants, ceux qui vous laissent seul face à votre rat, votre geste, et vos décisions.
RATSHAKER n’est pas un jeu. C’est une thérapie sauvage, une farce métaphysique, un doigt tendu au politiquement correct et à la logique vidéoludique. Est-ce qu’il faut y jouer ? Oui. Est-ce que vous allez comprendre pourquoi vous aimez ? Probablement pas. Mais vous allez secouer ce rat. Encore. Et encore.
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