Blades of Fire, le dernier-né du studio espagnol MercurySteam (à qui l’on doit Castlevania: Lords of Shadow et Metroid Dread), est un jeu d’action-aventure dark fantasy qui marie habilement l’intensité de God of War et la rigueur des Soulslike. Imaginez un cocktail où Kratos rencontrerait un forgeron en pleine crise existentielle, le tout saupoudré d’une pincée de Dark Souls.
Au cœur de cette épopée se trouve Aran de Lira, un héros équipé d’un marteau sacré lui permettant de forger ses propres armes. Avec l’aide de son compagnon érudit, Adso, Aran devra affronter les forces de la reine Nerea, qui a eu la brillante idée de transformer l’acier en pierre, rendant les armes traditionnelles aussi utiles qu’une cuillère en bois face à un dragon.
Le système de combat, inspiré des jeux de FromSoftware, offre une approche tactique où chaque bouton de la manette permet d’attaquer une partie spécifique du corps de l’ennemi : tête, torse, flanc gauche ou droit. Mais attention, certains ennemis présentent des résistances variées selon le type de dégâts (contondants, perforants, tranchants) et la zone ciblée, ajoutant une couche stratégique aux affrontements.
Côté progression, oubliez les traditionnels points d’expérience. À la manière de Sekiro, la santé et l’endurance d’Aran ne s’améliorent qu’en dénichant des objets bien cachés dans l’environnement. Une raison de plus pour fouiller chaque recoin et écouter les conseils (parfois) avisés d’Adso.
Une belle panoplie d’armes s’offre à vous, allant du pique-dent élémentaire au casse-tête à triple effet, et jongler entre les types de dégâts en plein combat sera souvent la clé pour éviter de manger les pissenlits par la racine. Aran devra aussi garder un œil sur sa précieuse barre d’endurance : chaque esquive et chaque coup la grignote, mais — petit twist de gameplay — c’est en bloquant qu’on récupère le plus vite. Oui, parfois la meilleure défense, c’est… une meilleure défense.
Les armes, quant à elles, s’usent à vue d’œil et ne peuvent être réparées qu’un nombre limité de fois, selon la qualité de leur passage à la forge. Une fois à bout de souffle, elles peuvent toujours avoir une seconde vie : recyclées pour des matériaux de base ou offertes à un PNJ qui, si vous êtes assez célèbre pour avoir empilé un joli tas de cadavres, vous remerciera avec des composants rares.
La Forge elle-même est à la fois une étape cruciale et un lieu sacré où Aran peut forger ses joujoux meurtriers, à condition d’avoir mis la main sur les bons schémas — souvent lâchés par des ennemis qui ont eu la mauvaise idée de les brandir devant vous. C’est un concept grisant, jusqu’à ce qu’un plan d’épée exige d’éliminer quarante fois le cousin surboosté d’un rhinocéros pour tomber. Heureusement, un mini-jeu de forge permet aux plus doués de gratter quelques Étoiles de Forge en bonus, prolongeant ainsi la vie de leurs créations. Entre les dimensions ajustables, le poids, les matériaux et la personnalisation aux petits oignons, l’artisanat flirte joyeusement avec l’addiction — on en oublierait presque qu’on devait sauver le monde.
Les enclumes magiques disséminées un peu partout jouent les multitâches : accès à la Forge, téléportation express, coin sieste, et distributeur officiel de soins à usage limité. Le tout avec une petite clause en bas de contrat : utiliser une enclume remet sur pied tous les ennemis du coin — sauf les boss, qui ont manifestement signé un autre type de pacte. On retrouve là un système bien connu, avec ses raccourcis savamment planqués et ses boucles de progression délicieusement satisfaisantes. Blades of Fire ajoute son grain de sel avec une pincée de runes et de clés à collecter pour débloquer certains itinéraires, forçant parfois un petit retour touristique dans les anciennes zones. Préparez-vous à y passer plus de 60 heures : le monde d’Aran, sous ses airs de carte raisonnable, est en réalité aussi vaste qu’un sac sans fond.
Mais parmi tous ces combats épiques et ces paysages grandioses, c’est Adso qui décroche la palme du personnage secondaire inattendu. Ce petit compagnon d’Aran, parfois aussi bavard qu’un gobelin en pleine crise existentielle, injecte une dose bienvenue de légèreté. Non, il ne se bat pas, mais il prend des notes — beaucoup de notes. Il consigne dans son carnet joliment illustré tout ce que vous croisez : ennemis, faiblesses, stats, comportements, et même des détails que vous auriez préféré oublier. Plus Aran massacre, plus Adso documente. En bonus, il file un coup de main pour les énigmes environnementales et peut même vous briefer sur les régions, façon guide touristique version encyclopédie vivante. Bref, un sidekick qui compense son absence de muscles par un excès de savoir-faire (et de commentaires parfois discutables).
Blades of Fire est une épopée d’action-aventure taillée pour les braves — ou du moins, pour ceux qui ont du temps devant eux et un bon stock de potions. Le jeu vous forge à coups d’affrontements intenses et de mécaniques exigeantes, à condition de ne pas poser l’épée en cours de route. Puisant sans honte dans les grimoires des plus grands classiques du genre, il rêve de gloire, mais trébuche en chemin, lesté par un univers aussi inspiré qu’un fond d’écran par défaut et une direction artistique qui hésite entre le gris et le « encore un peu plus gris ».
Cela dit, derrière ce voile de banalité se cachent quelques pépites. Le système de combat, nerveux et punitif juste comme il faut, couplé à un artisanat complet et addictif, parvient à maintenir la flamme allumée jusqu’au bout du périple. Ce n’est peut-être pas la légende que le jeu pense être, mais c’est un voyage qui mérite qu’on aiguise ses lames et qu’on s’y engage — ne serait-ce que pour dire qu’on a survécu à l’incendie.
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