Tu ouvres les yeux un matin, encore un peu vaseux, et là, une envie étrange t’envahit : et si aujourd’hui, tu tranchais du démon en kimono ? Mais pas dans n’importe quel décor, non, dans un monde trempé de folklore japonais, où chaque recoin sent l’encre de Chine et la violence stylisée. Bienvenue dans Yasha: Legends of the Demon Blade, un jeu qui fonce sabre en main dans le tas sans se retourner, sans peur ni limites… sauf peut-être quand un bug surgit pour briser ton élan — mais pas de panique, on en reparlera.
Visuellement, le jeu, c’est une estampe vivante sous acide pixelisé, une œuvre d’art qui aurait sniffé un peu trop de saké avant de se transformer en terrain de jeu sanguinolent. Chaque écran est un tableau qui claque, un waouh qui surgit même quand un kappa furibond t’envoie valser comme une feuille d’automne. Il y a là un amour sincère, presque artisanal, pour l’imagerie traditionnelle japonaise, mêlée à un respect évident pour les bastons bien pêchues, à l’ancienne, façon salle d’arcade et réflexes tendus.
Côté gameplay, imagine un beat’em up croustillant comme un tonkatsu parfaitement frit, avec une pincée bien dosée de rogue-lite. Tu progresses, tu tapes, tu prends cher, tu meurs — mais avec le sourire — puis tu recommences, cette fois avec une nouvelle arme qui en impose ou une compétence qui te fait sentir comme le boss final d’un anime. Tu te dis “allez, une dernière run”, et sans t’en rendre compte, il est trois heures du matin, tu ne sens plus tes pouces et tu marmonnes des incantations en japonais alors que tu viens littéralement de fusionner avec ta manette.
Les personnages, eux, ne sont pas là pour faire de la figuration. Charismatiques jusqu’au bout des tongs, chacun a son look, son arme signature et cette manière bien à lui de te rappeler que toi, pauvre joueur lambda, tu n’es qu’un touriste dans un monde où tout le monde, même les mobs de fond de couloir, a plus de prestance que ton Paladin de 2005. Désolé, mais il faut savoir entendre la vérité.
Quant à l’histoire, elle s’apprécie comme un bon anime du samedi matin : un mélange de mystères, de trahisons bien senties et de dialogues dramatiques juste ce qu’il faut. Tu n’auras pas besoin de sortir ton tableau de liège ni de relier les indices avec des ficelles rouges, mais tu seras tout de même accroché, intrigué, suffisamment embarqué pour vouloir connaître le fin mot de cette fable sanglante.
Alors oui, soyons honnêtes : parfois la caméra s’emmêle comme un vieux kabuki sous acide, et l’interface a des petits airs de menu Dreamcast mal réveillé.
Mais qu’importe, parce qu’au fond, Yasha, c’est une déclaration d’amour — violente, colorée, un peu folle — au jeu d’action old-school. Une sorte de bento surprise, où tu sais pas exactement ce que tu vas manger, mais tu sais déjà que ce sera généreux, relevé, et peut-être un peu trop bon pour la santé mentale d’un joueur raisonnable.
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