Ah, l’angoisse de la page blanche… Dans Forgotten Fields, on incarne Sid, un écrivain en panne d’inspiration, un peu largué dans sa vie, et probablement abonné aux nouilles instantanées. À quelques heures de la date limite pour soumettre un manuscrit, il décide de retourner dans sa maison d’enfance, histoire de se ressourcer, fuir un peu ses responsabilités, et affronter le genre de souvenirs qu’on croyait bien rangés dans un vieux carton mental. Spoiler : ce n’était pas si bien rangé.

Le jeu nous plonge dans un univers très contemplatif, à mi-chemin entre le simulateur de balade et le roman graphique interactif. Sur console, la prise en main est plutôt simple, même si les contrôles ont parfois cette petite raideur qu’on pourrait presque qualifier de nostalgique. On déambule dans des décors stylisés, un peu anguleux, comme si les polygones avaient été sculptés avec amour dans un logiciel de 2004, mais cela ajoute un charme particulier à l’ensemble. Il ne s’agit pas de beauté photoréaliste, mais plutôt de cette poésie un peu floue qu’on retrouve dans les souvenirs d’enfance. Ou dans les rêves, quand on a trop mangé de fromage.

Narrativement, c’est là que Forgotten Fields fait mouche. Ce n’est pas tant ce qu’on fait qui est important, mais ce que cela nous fait ressentir. On parle avec des amis d’enfance, on revisite des lieux chargés de mélancolie, et on se rend compte que le temps a fait son œuvre, pour le meilleur et pour le moins rigolo. Les dialogues sont sincères, parfois drôles, parfois un peu tristes, mais toujours crédibles. Le jeu respire l’authenticité, comme un bon vieux carnet Moleskine avec quelques pages déchirées.

La bande-son accompagne parfaitement l’ambiance : douce, discrète, un brin mélancolique. C’est le genre de musique qui donne envie de boire un café seul à une terrasse en regardant la pluie tomber, même s’il fait grand soleil. L’expérience est courte, mais c’est voulu. Forgotten Fields, ce n’est pas une épopée, c’est un moment suspendu. Un petit voyage intérieur, entre passé et présent, entre ce qu’on était et ce qu’on veut devenir.

Côté adaptation console, rien de catastrophique, mais on sent que le jeu a été pensé d’abord pour le PC. Les menus manquent parfois un peu de souplesse, les interactions auraient gagné à être plus intuitives à la manette, et quelques petits bugs de collision viennent parfois nous rappeler que même la nostalgie a ses aspérités.

Forgotten Fields – Console Edition n’est pas un jeu pour ceux qui cherchent de l’action, des scores, ou des explosions hollywoodiennes. C’est un titre pour les rêveurs, les artistes incompris, et les nostalgiques invétérés. Il ne révolutionne rien, mais il touche juste. Un peu comme une vieille photo retrouvée par hasard dans un tiroir, qui nous arrache un sourire, et un petit pincement au cœur.

Et puis, entre nous, qui n’a jamais eu envie de lambiner un peu en partant à la campagne sous prétexte d’inspiration artistique ?

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