Au départ, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en lançant Wall Town Wonders, un jeu qui me proposait d’explorer une ville construite entièrement à l’intérieur d’un gigantesque mur vertical comme un gruyère habité où chaque cavité cache un foyer une boutique ou un secret et où la gravité semble suivre ses propres règles.
Très vite, j’ai compris que le jeu misait sur l’émerveillement et l’exploration patiente plutôt que sur l’action frénétique. Ici, pas de monstres à vaincre ni de score à battre, simplement la promesse de découvrir petit à petit un monde miniature complexe, cohérent et étrangement vivant avec ses habitants ses coutumes ses murmures et ses drames feutrés.
Je me glisse dans la peau d’un voyageur muet fraîchement arrivé à Wall Town et qui gravit ou descend les niveaux du mur au fil de ses rencontres. Les interactions sont simples, souvent basées sur l’observation et quelques choix de dialogue, mais elles ont ce charme discret des jeux qui prennent leur temps pour raconter une histoire sans jamais tout dévoiler d’un coup.
Graphiquement, le jeu adopte un pixel art délicat, avec des animations minimales mais pleines de détails. Chaque étage du mur a son ambiance propre. Certaines zones sont baignées de lumière, d’autres plongées dans une pénombre moite où l’on devine plus qu’on ne voit. Les musiques sont rares, souvent remplacées par les bruits du vent, des voix lointaines ou des outils qui résonnent dans la pierre
Ce qui fait la magie de Wall Town Wonders, c’est ce sentiment constant de verticalité assumée, comme une mécanique à part entière. Je dois construire mon propre itinéraire en m’aidant d’ascenseurs, de cordes, de balcons secrets. Certains habitants me proposent leur aide, d’autres m’ignorent ou m’observent avec suspicion et chaque trajet devient une sorte de puzzle spatial où l’on tente de comprendre comment tout cela tient debout.
Le gameplay joue beaucoup sur la collecte d’objets et la résolution d’énigmes environnementales. Parfois, il faut simplement prêter attention à un détail dans un appartement, parfois il faut relier deux histoires entendues à plusieurs étages d’écart et souvent, ce sont les souvenirs eux-mêmes que le jeu me pousse à reconstruire. Car, ici, la mémoire est aussi un territoire à explorer.
La narration ne suit pas un fil unique mais s’éparpille comme les notes d’un journal oublié. Je découvre les fragments d’une civilisation qui a choisi de vivre dans un espace contraint et qui a transformé cette contrainte en richesse architecturale, en liens humains fragiles mais solides et en traditions étranges que je ne comprends pas toujours mais que je respecte de plus en plus.
Ce n’est pas un jeu spectaculaire, c’est un jeu contemplatif et curieux qui m’invite à ralentir, à écouter, à revenir en arrière juste pour mieux comprendre ce que j’ai manqué et à accepter qu’une porte fermée aujourd’hui s’ouvrira peut-être plus tard si j’ai su poser les bonnes questions au bon étage.
Wall Town Wonders m’a laissé cette impression rare de ne pas vouloir tout expliquer et pourtant de tout suggérer. Il m’a rappelé que l’émerveillement naît souvent des choses petites, silencieuses et construites avec soin.
Et qu’au fond il y a toujours quelque chose de merveilleux à habiter un mur, surtout quand il est peuplé d’histoires à hauteur d’homme.
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