Je ne savais absolument pas ce qu’était Bubble Ghost quand Bubble Ghost Remake est arrivé sur mon bureau. En creusant un peu, j’ai été surpris de découvrir un petit jeu de réflexion aussi inventif, né à l’époque de l’Atari ST. Le remake, lui, s’en éloigne radicalement : univers haut en couleur, direction artistique soignée, narration généreuse — on se croirait plongé dans un livre pour enfants ou un vieux dessin animé. Tous ces ajouts ont leur charme, mais au final, Bubble Ghost Remake donne l’impression de prendre appui sur l’original pour raconter une autre histoire, au risque de perdre ce qui faisait la magie du jeu d’origine pour ceux qui l’ont aimé.
À la base, Bubble Ghost est un petit jeu bien barré, né sur Atari ST (et vite porté ailleurs), imaginé par le développeur français Christophe Andréani. On y incarne un gentil fantôme tout ce qu’il y a de plus classique : blanc, flottant, avec une bouille rigolote. Il erre dans un vieux manoir hanté et tombe sur une bulle coincée qu’il doit absolument faire sortir de là. Le twist ? Il ne peut pas la toucher — c’est un fantôme, après tout — alors il souffle dessus pour la faire avancer à travers des pièces pleines de pièges tordus et d’appareils électroménagers (mortels… pour une bulle).
Notre petit fantôme a connu une métamorphose des plus craquantes dans la version Bubble Ghost sur Game Boy — une version que j’ai découverte grâce à cette critique, et qui est depuis devenue l’un de mes titres préférés sur la console. Ce portage, signé par la société japonaise Pony Canyon, ne se contente pas de copier-coller le jeu original de l’Atari ST. Il le repense avec intelligence pour s’adapter aux contraintes — et au charme — de la Game Boy.
Tout a été ajusté pour offrir une expérience plus fluide, plus intuitive, et franchement plus fun. Le gameplay a été simplifié avec malice : désormais, le fantôme s’attache automatiquement à la bulle dès qu’il s’en approche, tournant autour d’elle en suivant vos mouvements. Fini les clics pour pivoter, ici tout se fait naturellement, à l’instinct, avec cette douceur qui colle si bien à l’univers du jeu. Résultat : on obtient un jeu aussi malin que mignon, parfait pour une console portable.
Découvrir Bubble Ghost aujourd’hui, c’est tomber sur un petit bijou oublié, né sur Atari ST, où un fantôme guide une bulle fragile à travers des pièges en soufflant dessus. La version Game Boy, maligne et mignonne, simplifie les contrôles en les rendant plus naturels — une vraie réussite signée Pony Canyon.
Bubble Ghost Remake, quant à lui, reprend cette base mais la transforme en profondeur. Il propose deux types de contrôles selon la difficulté, mais la rotation automatique du mode facile se révèle moins précise que celle de la version portable. Côté ambiance, fini le minimalisme : le remake ajoute une histoire complète, avec un fantôme nommé Heinrich, un passé tragique, des rimes façon conte de fées et une direction artistique colorée. L’univers est plus riche, mais parfois au détriment de la simplicité et du charme discret du jeu original. Un hommage ambitieux… qui finit peut-être par trop s’éloigner de la formule d’origine.
Avec Bubble Ghost Remake, tout est dans la surenchère : graphismes soignés, narration étoffée, ennemis, boss, niveaux gigantesques… mais on s’éloigne beaucoup de l’esprit original. Sans la mécanique du fantôme qui souffle doucement sur sa bulle fragile, on aurait presque affaire à un tout autre jeu. Le style et l’histoire ne m’ont pas vraiment parlé, mais difficile de résister à une direction artistique aussi colorée et à un certain charme candide.
Le vrai souci, ce sont les niveaux : vastes, complexes, remplis d’embranchements, de pièges, d’ennemis, parfois même de chronos stressants. J’avais souvent l’impression de traverser des environnements pensés pour un jeu de plateforme, pas pour une bulle hypersensible qui explose au moindre contact. Même avec des points de contrôle (en mode facile), la frustration monte vite. Plusieurs fois, après avoir péniblement fini un niveau, je me suis surpris à lorgner ma Game Boy — ou plutôt mon Analogue Pocket — avec l’envie pressante de relancer l’original, ses mélodies chiptune et sa simplicité brillante.
Ce qui rend le Bubble Ghost original si plaisant, c’est justement qu’il ne cherche pas à être une aventure. C’est un pur jeu de réflexion à l’ancienne, typique de l’ère Atari : un niveau, un défi, un score. Chaque tableau se dévoile d’un coup d’œil, on peut analyser les obstacles, planifier, et tenter de faire traverser la bulle jusqu’à la sortie. Avec son système de contrôle unique, le jeu brille lorsqu’il se concentre sur des défis clairs, un à la fois. Et quand la bulle éclate, on perd une vie, on recommence — la boucle classique, simple et addictive.
Transposer ça dans des niveaux immenses façon Donkey Kong Country, avec des environnements labyrinthiques (certes magnifiques) et des ennemis mobiles géants, ça casse l’équilibre. On se retrouve à tenter de guider une bulle ultra-fragile dans des situations exigeant une précision extrême, sans réelle marge de manœuvre, et avec des retours en arrière frustrants après une erreur de dernière seconde. Je respecte l’ambition, mais ça ne marche pas. Ce n’est pas que Remake soit trop difficile, c’est qu’il est trop… trop tout.
Je comprends et je salue l’idée derrière Bubble Ghost Remake : remettre en lumière un jeu oublié, l’enrichir, le rendre plus spectaculaire, plus beau, et le proposer à un nouveau public. Mais il se trouve que le choix de faire « plus grand » était peut-être une erreur. Tous ne s’en rendront pas compte — beaucoup n’iront pas chercher l’original. Mais ceux qui le feront verront immédiatement à quel point une structure plus modeste, basée sur des niveaux courts et bien pensés, peut transformer un jeu un peu étrange et maladroit en une vraie petite perle.
Et au final, ce que je retiens surtout, c’est ma joie d’avoir découvert Bubble Ghost sur Game Boy. Il a désormais sa place dans ma rotation régulière, et je ne peux que recommander à tout le monde d’en faire autant.
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