Kingdom Come: Deliverance 2 est un RPG colossal et exigeant, où chaque combat demande une concentration totale, chaque besoin implique une gestion réfléchie et chaque quête peut facilement occuper plusieurs heures. Délibérément lent et fastidieux, il offre une grande liberté d’exploration et d’immersion, faisant le bonheur des amateurs de RPG profonds, lassés par les productions récentes plus simplifiées.

Dans la continuité du premier opus, Henry et Hans arrivent à Trosky pour transmettre un message à Otto Von Bergow, mais les événements prennent rapidement une mauvaise tournure. Dès les premières minutes, l’action se fait plus intense que dans le précédent volet, tandis que la narration franchit un cap, offrant une expérience encore plus captivante.

Cependant, l’essence du jeu reste intacte. Le rythme est maîtrisé, les personnages sont captivants, et l’abondance de dialogues offre une immersion remarquable, faisant de ce RPG l’un des plus riches de ces dernières années. Avec un script estimé à 2,2 millions de mots, il détiendrait le record du scénario le plus long jamais écrit pour un jeu vidéo, surpassant même Baldur’s Gate 3. Après l’avoir essayé, cela ne me surprend pas le moins du monde.

Mais l’histoire ne se résume pas uniquement à des intrigues politiques et des épées perdues. Certes, ces éléments sont bien présents, mais cette fois, l’accent est aussi mis sur le parcours personnel d’Henry : son traumatisme, la violence qui l’entoure et cette soif de vengeance qui ne cesse de le hanter, sa liste de cibles ne faisant que s’allonger.

À travers les séquences oniriques où il converse avec son père forgeron, Martin, on plonge plus profondément dans ses dilemmes moraux et ses conflits intérieurs. Ces moments enrichissent son arc narratif, ajoutant de la complexité à son combat intérieur, tandis que le royaume tout entier se débat face à l’invasion, à l’occupation et aux horreurs de la guerre.

Aux côtés de Lord Hans Capon, difficile de ne pas s’attacher à ces personnages. Ce qui n’était au départ qu’une relation entre un noble arrogant et un jeune paysan dévoile désormais une toute nouvelle dynamique, rappelant celle de Merlin et du roi Arthur. Leur lien ne cesse d’évoluer, porté par des performances remarquables de Tom McKay et Luke Dale. Grâce à une capture de mouvement saisissante, leurs interactions, qu’elles soient empreintes d’inquiétude, de disputes ou de camaraderie sincère, donnent vie à une amitié des plus authentiques.

Le jeu ne se contente pas d’opposer un héros solitaire à un tyran ; il rassemble une galerie de personnages hauts en couleur, allant des nobles et seigneurs aux criminels et mercenaires, sans oublier des figures issues de cultures variées. Tous partagent un objectif commun : s’opposer au règne de Sigismond et restaurer Wenceslas sur le trône. Ce melting-pot de personnalités confère au récit une richesse qui dépasse les simples archétypes historiques, ancrant l’histoire dans une réalité vivante, où les alliances et les conflits tissent une dynamique captivante.

Mais lorsque je ne partageais pas mon temps avec ces compagnons d’armes, je me perdais dans l’immensité de la Bohême fidèlement recréée. Kingdom Come: Deliverance 2 offre deux vastes cartes à explorer, chacune regorgeant de lieux à découvrir, de quêtes secondaires à accomplir et d’environnements visuellement distincts. Pourtant, parmi tous ces décors, c’est la ville de Kuttenberg qui m’a le plus marqué.

Dès ma première visite, j’ai été submergé par son atmosphère. Pendant plus d’une heure, j’ai erré dans ses rues, exploré ses bâtiments, traversé ses ruelles tortueuses, flâné sur ses marchés et me suis imprégné de l’effervescence de ses tavernes et échoppes. Contrairement aux villes génériques que l’on trouve dans tant de jeux, où l’on identifie immédiatement « le forgeron du coin », Kuttenberg respire l’authenticité : ici, il n’y a pas un forgeron, mais sept, chacun exerçant son métier dans un quartier distinct. La ville ne se contente pas d’être un simple décor ; elle vit, respire et fourmille d’activités, renforçant l’immersion et rendant chaque visite unique.

Ce qui rend l’exploration si immersive, c’est la manière dont chaque rue et chaque intérieur s’intègrent naturellement à l’ensemble de la carte, sans interruption. Celle-ci est immense et splendide, parsemée de forêts épaisses qui ressemblent à de véritables bois sauvages, de villages épars où l’on découvre des activités fascinantes, et de ruines oubliées, vestiges du temps et des ravages de la guerre, qui suscitent curiosité et mystère. Chaque région possède son identité propre, chaque ville a son caractère unique, et peu importe la direction empruntée, il y aura toujours quelque chose d’intrigant à découvrir. L’exploration donne le sentiment de parcourir un monde authentique, où traverser une forêt ne signifie pas forcément tomber sur des gobelins ou des reliques anciennes, mais plutôt… de simples arbres imposants. Et honnêtement, cela a un charme indéniable.

Les quêtes secondaires sont nombreuses, vastes et, surtout, elles évitent toute forme de répétitivité en offrant un divertissement constant. Un jour, j’ai décidé de m’éloigner un instant de la quête principale pour en tenter une qui se trouvait à proximité. Cinq heures plus tard, j’étais encore absorbé par cette même quête, stupéfait du temps qui avait filé. C’est une expérience récurrente : même les missions les plus anodines, qu’elles se déroulent dans une ruelle isolée ou une ferme reculée, semblent travaillées et incontournables, malgré leur absence de lien direct avec l’intrigue principale.

Et puis, il y a le système judiciaire, implacable et brutal. Henry peut être publiquement exposé au pilori pendant plusieurs jours, fouetté en place publique, marqué comme criminel – une cicatrice visible sur son cou que les habitants ne manqueront pas de reconnaître – et si cela ne suffit pas à le dissuader, il finira tout simplement exécuté. Et oui, cette sentence se vit pleinement. Autant dire que je ne tenterai plus jamais de commettre le moindre crime.

Concernant le combat, quelques ajustements subtils et ajouts méritent d’être soulignés. Dans le premier opus, le système reposait sur cinq directions d’attaque plus une estoc. Kingdom Come: Deliverance 2 simplifie légèrement cette mécanique en réduisant les directions à quatre, la position basse étant désormais dédiée aux attaques de perforation. Un changement en apparence minime, mais qui a un impact significatif sur le ressenti des affrontements, tout en conservant l’essence du système original.

Cette modification permet d’alléger la contrainte liée au choix directionnel, laissant plus de place à la réflexion tactique, à la gestion des mouvements et à l’affrontement de plusieurs adversaires à la fois. Mais ne vous y trompez pas : le combat reste aussi impitoyable et exigeant que dans le premier jeu. Il ne s’agit pas seulement de vaincre ses ennemis, mais aussi de survivre à chaque confrontation. Heureusement, cette fois-ci, vous avez un atout supplémentaire : un authentique fusil de chasse du XVe siècle.

Le premier Kingdom Come: Deliverance offrait déjà des paysages magnifiques et un monde impressionnant, mais cette suite, bien que familière à bien des égards, marque un véritable bond en avant sur le plan technique. Joué sur une PS5 standard, le jeu m’a ébloui par sa beauté : les vastes champs d’herbe luxuriante, les forêts denses et imposantes, les rues animées et les ruelles sinueuses de Kuttenberg… À de nombreuses reprises, je me suis surpris à m’arrêter simplement pour admirer le paysage, m’imprégner de l’ambiance et découvrir des endroits d’une beauté insoupçonnée.

L’augmentation du nombre de cinématiques illustre également à quel point le jeu est visuellement saisissant. Grâce à un mélange habile de rendu en temps réel et de mises en scène travaillées, chaque moment clé bénéficie d’une intensité émotionnelle renforcée et d’une direction artistique soignée. À plusieurs reprises, j’ai posé ma manette, captivé par ces scènes, complètement absorbé – une sensation rare dans le jeu vidéo, mais que Kingdom Come: Deliverance 2 parvient à provoquer avec brio.

Les graphismes sont tout simplement phénoménaux. Bien que quelques problèmes d’éclairage aient été présents lors des premières heures de jeu, la plupart ont été corrigés grâce à une mise à jour avant le lancement. Cela témoigne non seulement du soin apporté au développement, mais aussi du soutien actif dont bénéficie le jeu, ce qui me rassure quant à son avenir.

Cette suite réussit brillamment ce qu’elle entreprend : rester fidèle à l’original en conservant ses fondations et sa vision, tout en les développant de manière spectaculaire. Elle ne se contente pas d’améliorer l’expérience du premier opus, elle renforce également l’identité de Kingdom Come en tant que série, en offrant un RPG en monde ouvert où le choix et la liberté occupent une place centrale – une ambition que bien des jeux prétendent avoir, mais que peu parviennent réellement à concrétiser.

Bien sûr, comme tout jeu d’envergure avec des ambitions aussi vastes, quelques problèmes techniques peuvent survenir en arrière-plan. Toutefois, nombre d’entre eux ont déjà été corrigés, et lorsque ces imperfections s’effacent, il ne reste qu’une expérience encore plus immersive, mettant en lumière toute l’ambition et les réussites du jeu. Avec des commandes affinées, une ergonomie améliorée et une multitude d’ajouts qui enrichissent tout ce qui faisait la force du premier volet, Kingdom Come: Deliverance 2 se révèle être une suite plus grande, plus aboutie et plus captivante, aussi bien pour les vétérans que pour les nouveaux joueurs.

Kingdom Come: Deliverance 2 est, à bien des égards, le RPG que de nombreux joueurs attendaient. Alors que Baldur’s Gate 3 a su conquérir le monde et que tant d’autres jeux de rôle ont peiné à atteindre leurs ambitions, cette suite s’impose comme une œuvre colossale, riche, sublime et conçue avec une maîtrise impressionnante en ce début d’année 2025. Grâce à d’excellentes performances et à une avancée technique majeure, le jeu dépasse les fondations de son prédécesseur pour offrir une expérience plus aboutie, capable de séduire un public moderne sans renier son identité.

Le premier opus avait pu rebuter certains joueurs par son rythme lent, ses mécaniques exigeantes et ses défauts techniques. Si cette suite corrige largement ces faiblesses sur le plan technologique, son plus grand défi reste d’éviter qu’elle ne soit mise de côté pour les mêmes raisons, en raison de son approche presque simulatrice du RPG. Pourtant, c’est précisément cette profondeur et cette authenticité qui font toute sa force.

À une époque où les jeux vidéo doivent plus que jamais se démarquer pour exister, Kingdom Come: Deliverance 2 mérite pleinement votre attention. Il ne se contente pas de raconter une histoire : il donne le sentiment d’écrire l’histoire.

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