Liberté se déroule dans une réalité alternative intrigante où la Révolution française est brutalement interrompue par l’apparition de Lady Bliss, une gigantesque entité lovecraftienne. Celle-ci s’immisce dans le couronnement du prince Philippe, laissant la France sans roi et bouleversant le cours de l’Histoire. Si le jeu puise dans des éléments historiques, il s’éloigne vite de la réalité – après tout, les femmes-plantes géantes de deux mètres étaient rares dans la France du XVIIIe siècle quand même !!! L’histoire suit René, un guerrier ressuscité, conçu pour être l’esclave de Lady Bliss.
En tant que roguelite, Liberté s’appuie sur un cycle de résurrection : René revient à la vie après chaque défaite pour arpenter les rues de Paris, choisissant à chaque fois une faction à soutenir. Vous pouvez vous ranger du côté de l’Église, de la Tribu, du Prince ou des Rebelles – ces derniers occupant une place centrale dans le récit, avec des alliés comme Ana et Maximilien.
Le système de combat est dynamique et nerveux. Au départ, vous ne disposez que d’une attaque de base et d’une esquive, transformable en jet d’évasion en maintenant la touche correspondante. Cependant, le jeu innove avec un système de construction de deck unique. Chaque deck peut contenir jusqu’à 40 cartes, y compris des doublons. Vous débutez avec trois decks préconstruits – distance, mêlée et furtivité – mais vous pourrez rapidement les personnaliser. À chaque nouvelle tentative, vous choisissez un deck pour guider René dans sa quête au nom de Lady Bliss, cherchant des réponses aux mystères qui l’entourent.
Vous pouvez personnaliser vos decks comme bon vous semble, mais avec une limite de deux exemplaires par carte. Ces cartes représentent des compétences actives ou passives qui s’attribuent automatiquement à vos boutons d’action. La sélection est vaste, avec plus de 100 compétences à découvrir ou fabriquer. Elles vont du tir puissant à l’invocation d’un orage ou à la guérison de vos blessures, offrant une variété impressionnante. Vous trouverez également des objets, tels que des bombes, des flacons de poison ou de la nourriture, qui octroient divers avantages, parfois pour toute la durée de la partie. Pour jouer une carte, il vous faudra du Mana, une ressource obtenue principalement en « brûlant » des cartes inutiles, ce qui peut vous forcer à prendre des décisions délicates lorsque vous êtes à court de Mana et que la situation devient critique.
Le système de combat rappelle celui de Diablo, où vous combinez et alternez vos compétences pour gérer la distance, maximiser les dégâts ou simplement survivre. Contrairement aux traditionnels chronomètres de rechargement, ici les compétences se réinitialisent après un certain nombre de coups portés à n’importe quel ennemi. Ce système ingénieux favorise un gameplay actif, évitant les temps morts où vous resteriez en retrait, et pourrait inspirer d’autres jeux à l’avenir. Cependant, un inconvénient notable réside dans les problèmes de réactivité : il peut arriver que votre personnage s’arrête ou qu’une commande ne soit pas prise en compte, vous exposant à des dégâts. Cela devient particulièrement frustrant plus tard dans le jeu, où les objets de soin se font rares.
En progressant, vous débloquerez de nouveaux skins pour René. Il y en a trois, chacun offrant un style de jeu unique. Par exemple, Ana manie des pistolets doubles plutôt qu’une arme de mêlée. Cependant, quelle que soit l’apparence choisie, vous reviendrez toujours à René pour les interactions narratives, et ses dialogues conserveront sa voix, ce qui peut sembler étrange. Cela dit, compte tenu de la difficulté du jeu, il est possible que vous ne surviviez pas assez longtemps pour que cela devienne un véritable problème.
La Félicité prend une place de plus en plus inquiétante au fil du jeu. Cette étrange corruption contamine les humains et les animaux, engendrant des zombies ou des créatures monstrueuses. Parfois, vous croiserez une statue de Lady Bliss, où deux choix s’offriront à vous : entrer dans son domaine pour affronter les créatures qu’elle génère, ou libérer davantage de Félicité dans la ville. Cette dernière option rendra vos ennemis plus redoutables, mais renforcera aussi la connexion de René à la magie. Plonger dans la Félicité vous expose à des adversaires de haut niveau et exige une véritable détermination pour survivre.
À chaque fin d’acte, vous serez frappé par une malédiction de béatitude. C’est à ce moment-là que la difficulté bascule vraiment en votre défaveur. Ces malédictions peuvent transformer votre partie en véritable supplice, ajoutant des effets de dégâts aux ennemis ou les faisant revenir à la vie sous forme de zombies ou d’essaims d’asticots dévoreurs de chair. Ces handicaps s’accumulent rapidement et, souvent, vos cartes ne suffisent pas à compenser ces déséquilibres.
L’un des principaux défauts de Liberté réside dans le manque de diversité des environnements, surtout au début. Même en avançant dans les actes, vous retournez sans cesse dans les mêmes rues de Paris, la même cathédrale, ou les mêmes jardins de Bliss. Bien que le jeu varie les boss, les événements, les objectifs, les ennemis et les vendeurs, il reste frustrant de passer trois bonnes heures sur des décors récurrents. Pour cette raison, Liberté se prête probablement mieux à des sessions courtes.
Le jeu propose également un mode multijoueur local, qui lui donne une ambiance plus arcade. Cependant, cela n’altère pas fondamentalement le gameplay, si ce n’est en rendant l’écran particulièrement chargé. Identifier votre personnage parmi les ennemis et les effets visuels peut alors devenir un véritable défi.
Liberté se distingue par son approche unique. Bien que la combinaison de construction de deck et de combat isométrique ne soit pas révolutionnaire, le jeu parvient à fusionner ces éléments avec brio. Son histoire captivante, ses personnages bien écrits (même si leur interprétation laisse parfois à désirer) et ses combats rapides, fluides et satisfaisants en font une expérience mémorable. Certes, quelques bugs subsistent et la diversité des environnements pourrait être améliorée, mais malgré ces défauts, Liberté reste une aventure rafraîchissante et immersive dans un univers fascinant. C’est un titre qui place avec succès le développeur Superstatic sous les projecteurs.
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