Les RPG de l’âge d’or de Square Enix ont conservé une ambition et un charme indéniables au fil des années. À une époque où beaucoup de jeux prennent des raccourcis pour offrir des récits et des expériences de jeu simplifiés, certains titres se distinguent comme des anomalies, et Romancing SaGa 2 en fait partie.

Le jeu original reposait sur un concept ambitieux de succession et d’héritage, qui reste encore aujourd’hui unique. Le remake complet parvient à préserver cette expérience tout en l’adaptant pour une ère moderne, en conservant ce qui a fait du jeu un succès culte à sa sortie. Quelques choix de conception discutables empêchent ce remake d’être parfait, mais cela reste l’un des meilleurs que Square Enix ait produit ces dernières années.

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Romancing SaGa 2 se démarque à bien des égards, même par rapport aux standards actuels. Alors que la majorité des RPG suivent un groupe de personnages définis dans une quête linéaire avec un but précis, ce jeu prend une tout autre approche. Il s’inscrit dans une vision à long terme, offrant aux joueurs une grande liberté dans la manière d’atteindre les objectifs ambitieux établis dès le prologue. Cette approche permet une flexibilité rarement vue dans le genre.

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Ce qui fait avancer Romancing SaGa 2: Revenge of the Seven, c’est moins la dynamique mémorable des personnages et leurs épreuves personnelles, caractéristiques des RPG classiques, que le principe central du jeu de rôle lui-même. Ici, vous incarnez un roi, avec la responsabilité d’investir dans vos sujets, de mener des campagnes, et de surmonter les épreuves auxquelles vous faites face. Le jeu vous pousse à embrasser pleinement ce rôle.

 

À travers les générations, vous prenez le contrôle d’un monarque et d’une équipe de personnages recrutables pour défendre votre trône contre les Sept Héros, des ennemis paradoxalement nommés, qui menacent votre royaume d’Avalon. Le gameplay met l’accent sur la succession des chefs et la transmission du pouvoir, un concept clé qui se déploie au fil du jeu, offrant à la fois des opportunités uniques et des défis à relever dans un RPG de cette envergure.

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Pour les joueurs habitués aux RPG de Square Enix plus centrés sur les personnages, cet aspect pourrait intriguer. Le fait de pouvoir jouer avec différents personnages rend votre histoire plus personnelle, et la manière dont vous choisissez de mener vos campagnes a un impact direct sur le monde et votre progression. Cette liberté de choix est un aspect que j’ai mis du temps à comprendre lors de ma première expérience de jeu.

L’objectif ultime du jeu, vaincre les « sept héros », gagne en profondeur dans ce remake. Les antagonistes bénéficient d’un développement plus étoffé, offrant ainsi un contexte plus riche et pertinent à vos batailles, par rapport à leur caractère plutôt plat dans la version originale.

L’histoire de Romancing SaGa 2 est véritablement dynamique, s’adaptant à vos choix et s’intégrant parfaitement au thème de la création d’une dynastie et de la perpétuation d’une lignée de héros pour mener à bien la mission à long terme. J’ai joué à des jeux qui exploitent la notion du temps qui passe, mais aucun n’a réussi à le faire avec une telle ampleur, et c’est un aspect qui mérite vraiment d’être souligné.

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Le gameplay de Romancing SaGa 2 conserve un charme classique, au-delà de son système unique de succession de dirigeants. Plutôt que de proposer un vaste monde ouvert, ce remake reste fidèle à l’original en permettant une navigation vers des zones spécifiques via la carte du monde, minimisant ainsi les temps morts entre les donjons et les villes lorsque vous explorez de nouveaux lieux.

La refonte en 3D se manifeste surtout dans les éléments d’exploration de chaque zone, avec des chemins et des ennemis optionnels à rencontrer tout au long du jeu. Comme dans l’original, les ennemis sont visibles dans le monde extérieur avant que le jeu ne bascule rapidement en combat au tour par tour. Ces affrontements, qui occupent une grande partie des rencontres, ont bénéficié d’une refonte notable dans ce remake, constituant sans doute l’une des améliorations les plus significatives.

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Les combats dans Romancing SaGa 2 suivent un schéma classique de tour par tour, mais la stratégie et la planification y jouent un rôle central. Ce remake introduit une chronologie des actions, qui indique précisément à quel moment vos alliés et ennemis agiront au cours d’un tour. Par rapport à l’original, cette fonctionnalité m’a permis de mieux anticiper les attaques, de savoir quand prioriser la défense ou quand attaquer pleinement. Là où j’aurais pu être surpris par un coup ennemi dans le passé, j’avais désormais une vue claire pour réagir en conséquence.

Les systèmes existants ont été étendus pour s’adapter aux attentes modernes, incitant à explorer et expérimenter la composition de votre groupe au fil des générations. Créer une équipe équilibrée de cinq membres, capable de couvrir toutes les situations tout en restant efficace, devenait un défi constant mais gratifiant.

Le système de formation ajoute également un contrôle supplémentaire sur les rôles de votre équipe dans diverses situations de combat. Bien qu’il soit possible de progresser avec la formation par défaut, j’ai trouvé des résultats bien plus satisfaisants en optimisant les positions de mes personnages. Par exemple, en plaçant une unité fortement blindée en première ligne et un guérisseur à l’arrière, j’ai réussi à mieux protéger mes membres les plus vulnérables contre des attaques imprévisibles.

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La mécanique de la mort permanente a toujours suscité des débats dans le milieu des jeux vidéo, divisant les joueurs selon les genres et les expériences. L’idée de perdre un personnage dans lequel on a investi des dizaines d’heures peut effrayer et en détourner certains. Romancing SaGa 2: Revenge of the Seven, en harmonie avec ses thèmes d’héritage et de transmission, exploite cette mécanique d’une manière particulièrement intéressante.

Bien que le jeu ne soit pas le RPG au tour par tour le plus difficile auquel j’ai joué, avec des régénérations de santé généreuses entre les combats, le système de points de vie (LP) vous oblige à rester prudent. Si vous épuisez cette ressource en plus de votre santé, cela entraîne la mort définitive d’un membre de votre équipe.

Ce système agit comme un second levier de stratégie, forçant à ajuster régulièrement la composition de votre groupe, tout en tenant compte de l’évolution générationnelle de vos guerriers. Votre attachement aux personnages est mis à profit pour vous inciter à réfléchir soigneusement à vos choix en combat.

Cette mécanique n’est ni contournable ni désactivable, mais elle fait partie intégrante de la progression. Toutefois, le jeu ne vous punit pas si vous devez remplacer votre monarque. Il n’y a aucune limite au nombre de dirigeants que vous pouvez incarner au fil de votre périple, ce qui est essentiel à retenir. Vous n’êtes jamais piégé ou obligé de forcer la progression, surtout si vous investissez dans l’amélioration des équipements et le développement d’Avalon au fil des générations.

En ce qui concerne la progression des personnages, un véritable dynamisme sous-tend l’évolution tout au long du jeu. À l’image de la liberté offerte dans le déroulement de l’histoire, on retrouve une flexibilité similaire dans le système de progression, qui, bien qu’ambitieux et intéressant en théorie, se révèle frustrant dans son exécution.

Les personnages gagnent de l’expérience dans les domaines où ils se spécialisent, ce qui améliore leurs compétences là où elles sont le plus utiles. Par exemple, un archer n’améliorera pas ses compétences en épée à deux mains à moins de commencer à en utiliser une. Ainsi, les personnages se spécialisent naturellement dans leurs capacités sans perdre de points sur des statistiques inutiles. Si vous souhaitez améliorer les compétences de guérison d’un personnage, vous devrez l’utiliser fréquemment dans ce rôle. Ce système rappelle une version plus aboutie de celui de Final Fantasy II, et s’avère plus satisfaisant dans cette approche.

On peut en dire autant des ennemis, qui gagnent en puissance au fur et à mesure que vous progressez, garantissant que les combats ne deviennent jamais trop simples et vous incitant parfois à éviter les affrontements inutiles, au risque de renforcer davantage vos adversaires. Sur le papier, cela semble être une inversion intéressante des conventions classiques du RPG, mais parfois ces conventions existent pour de bonnes raisons. Je me suis souvent demandé si affronter mes ennemis valait vraiment l’impact que cela aurait, car mes propres gains de niveaux semblaient correspondre directement à l’augmentation de la force des ennemis.

Ces particularités atteignent leur apogée avec le système Glimmer. Cette méthode unique d’apprentissage de nouvelles capacités est intrigante en théorie, mais en pratique, elle m’a laissé perplexe et frustré dès les débuts du jeu. Les compétences s’apprennent en utilisant régulièrement des capacités spécifiques, signalées par une icône d’ampoule, et en débloquant éventuellement une nouvelle compétence après plusieurs utilisations. Cependant, une part importante de hasard est impliquée, ce qui donne l’impression de frapper à l’aveuglette jusqu’à ce qu’une nouvelle capacité se débloque, indépendamment de vos choix stratégiques.

Je comprends et apprécie la vision derrière cette mécanique — l’engagement à préserver ce qui a rendu l’original Romancing SaGa 2 si distinctif est louable. Cependant, je ne peux pas totalement adhérer à ce système de progression des capacités. Pour un jeu qui repose sur la création de nouvelles générations de héros, j’aurais préféré une approche plus réfléchie. Cet engagement se retrouve dans les sections de gestion d’Avalon et dans la composition stratégique de votre groupe, mais le système Glimmer, quant à lui, m’a semblé trop aléatoire pour être vraiment satisfaisant.

Ce remake a été réalisé par la même équipe derrière le remake de Trials of Mana en 2020, et leur talent pour préserver l’essence de l’œuvre originale se fait une nouvelle fois ressentir ici. Si d’autres remakes 3D de classiques RPG de la SNES doivent voir le jour, c’est sans aucun doute sous cette forme qu’ils devraient être envisagés. Bien qu’il ne possède pas l’hyperréalisme du remake de Final Fantasy 7, ce style artistique parvient à capturer parfaitement le charme de l’original tout en le transposant brillamment sur une nouvelle plateforme.

Les environnements sont riches en détails et les modèles de personnages retranscrivent fidèlement les sprites 2D en versions 3D, sans sacrifier l’authenticité de l’ensemble. La bande-son, quant à elle, a été réorchestrée avec soin, rendant hommage à la partition originale tout en s’inscrivant parmi les meilleures œuvres de Square Enix — ce qui est presque une évidence pour un projet de cette envergure. De plus, l’ajout d’un doublage complet est bien géré et convaincant, ce qui est souvent un défi pour les remakes de jeux classiques. Alors que *Trials of Mana* avait été critiqué pour sa direction vocale, ce n’est absolument pas le cas ici, où l’ensemble du casting livre des performances de qualité.

Ce remake dégage une confiance indéniable, portée par un jeu qui n’avait pas encore eu l’occasion de briller, et cela fait plaisir de voir Square Enix revisiter son catalogue pour explorer comment ces titres peuvent être réimaginés avec les technologies modernes. Square Enix n’est pas novice en matière de remakes, et Romancing SaGa 2: Revenge of the Seven est l’une de leurs tentatives les plus convaincantes de ces dernières années.

Malgré quelques bizarreries présentes dans cette nouvelle version, je ne peux que saluer ce qu’elle réussit brillamment, et considérer ces particularités comme quelque chose qui plaira sans doute à d’autres joueurs. Il m’est même arrivé d’oublier qu’il s’agissait d’un remake tant il repousse les limites de son concept, et c’est véritablement impressionnant.

 

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