Dans Unknown 9: Awakening, vous incarnez la jeune Quaestor Haroona, une aventurière en devenir, gardienne de secrets, portée par une soif de vengeance contre son maître. Dotée de pouvoirs mythiques, elle évolue sous les traits de la talentueuse Anya Chalotra, qui déploie toute son énergie pour insuffler de la vie à un scénario qui semble pourtant lui résister à chaque instant.
Je ne sais pas si c’est moi qui ai manqué de vigilance, mais j’ai eu l’impression de découvrir au moins trois versions différentes d’Haroona au cours des premières heures de jeu. Cela dit, cela n’a que peu d’importance, car toute l’intrigue ressemble à un interminable prélude, saturé d’une exposition cryptique, qui finit par vous claquer la porte au nez au moment où elle commence enfin à piquer votre intérêt. Quant aux personnages secondaires, ils ne sont guère mieux lotis : chacun d’eux semble porter un grand panneau invisible indiquant « à développer plus tard », probablement dans les multiples récits parallèles de l’univers d’Unknown 9.
Certes, il n’est pas indispensable de tout révéler d’un coup. Mais quand la majorité de votre intrigue ressemble à des notes de bas de page d’une histoire plus vaste, même les moments censés être émotionnellement forts, comme les deux grands climax, finissent par résonner dans le vide, laissant une impression de superficialité et de creux.
Malheureusement, le gameplay ne brille guère davantage. Vous vous retrouverez à traverser des niveaux visuellement splendides mais dépourvus de profondeur, ou bien à affronter des groupes d’ennemis en alternant entre furtivité et action. Haroona dispose d’une capacité spéciale liée au « Revers », une dimension spirituelle qui lui permet de devenir invisible, de posséder temporairement des ennemis ou de les attirer et repousser à sa guise. La majorité des situations de jeu vous demanderont soit d’éliminer les ennemis un par un, soit d’en réduire le nombre avant que l’affrontement ne devienne inévitable.
Si le combat est fonctionnel, il devient véritablement amusant lorsque des types d’ennemis plus variés et des scénarios plus complexes sont introduits. Cependant, juste au moment où l’action devient vraiment engageante, le jeu touche déjà à sa fin. Ce problème est en grande partie dû au système de progression. Vous pouvez attribuer des points de compétence dans trois arbres distincts, chacun influençant votre furtivité, votre capacité à posséder des ennemis ou votre combat au corps à corps. Bien que ces arbres ajoutent des éléments essentiels à votre arsenal, ce n’est qu’à l’approche de la fin que Haroona commence à s’imposer comme un personnage pleinement abouti, ce qui nuit à l’expérience des premières phases du jeu.
Ces points de compétence se gagnent principalement en explorant en dehors des sentiers battus. En théorie, cela encourage l’exploration pour récompenser les joueurs les plus curieux. Mais en pratique, puisque vous avez un besoin crucial de ces points, l’exploration se transforme vite en une quête systématique où vous activez votre « sens de quêteur », négligeant le paysage pourtant magnifique pour collecter tous les bonus.
Les niveaux sont certes splendides, mais ils n’offrent aucun véritable plaisir d’exploration. Vous vous retrouvez à parcourir des chemins déjà tracés, sautant d’un groupe d’ennemis à l’autre, tout en escaladant des murs et en rampant à travers des passages étroits. Plutôt que de susciter un sentiment d’émerveillement ou de découverte, Unknown 9: Awakening laisse peu de répit. Les moments où l’on pourrait s’arrêter pour contempler l’environnement sont noyés sous des expositions incessantes et des dialogues omniprésents, vous laissant à peine le temps de souffler entre deux combats. Pour couronner le tout, des problèmes de performance viennent entacher l’expérience sur PlayStation 5, avec une fréquence d’images qui peine parfois à rester stable.
Jouer à Unknown 9: Awakening m’a laissé avec un mélange d’émotions à la fin des 13 heures de jeu. D’habitude, j’essaie toujours de comprendre la vision d’un jeu et de trouver des points positifs, même si l’expérience n’est pas parfaite, mais cette fois-ci, c’était particulier. L’aventure proposée par Reflector Entertainment ressemble à un ensemble de bandes-annonces des premiers films de la phase 1 de Marvel, combinées avec l’acte d’ouverture du premier Avengers. On a l’impression de vivre une ébauche de ce qui pourrait devenir une grande franchise multimédia, mais qui hésite encore à révéler son véritable potentiel.
Le jeu semble s’inspirer des expériences cinématographiques des jeux vidéo du début des années 2010. Et bien que certains combats soient amusants, même s’ils manquent parfois de finesse, l’ensemble peine à se démarquer. C’est frustrant, car on sent qu’il y a une bien meilleure expérience qui se cache derrière, une expérience qui n’a pas encore trouvé son équilibre. Cela donne envie de croire en l’avenir de cette franchise, car il y a une vraie base à exploiter et à améliorer.
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