Permettez-moi de vous présenter *Warcana*, une des combinaisons de genres les plus étranges et surprenantes que j’aie jamais rencontrées. Le jeu se décrit comme un « jeu de stratégie de défense de base en temps réel avec une mécanique unique de construction de deck ». C’est en partie vrai, mais cela ne reflète qu’une petite partie de ce qu’il a à offrir. En fusionnant ces deux concepts, *Warcana* crée un mélange complexe qui transforme et perturbe chaque aspect de ce qui pourrait autrement sembler familier.
Comme vos armées et vos tours attaquent automatiquement, votre rôle consiste à gérer votre économie, mettre en place vos défenses et développer votre base. Tout cela est guidé par une couche stratégique supplémentaire : la gestion de votre deck, qui vous permet de construire et d’invoquer des unités. En cela, *Warcana* réalise un tour de force que je n’avais encore jamais vu : il fusionne un deckbuilder avec un jeu de stratégie en temps réel (RTS) axé sur la construction de base. C’est étrange. J’ai joué à de nombreux jeux dans ces deux genres, et je suis encore perplexe face à cette hybridation inattendue.
Le format de base de *Warcana* repose sur un jeu de défense de tour en duel, où vous devez non seulement protéger vos propres ressources, mais aussi créer les unités qui attaqueront votre ennemi. Chaque partie se déroule en plusieurs manches de plus en plus longues, avec une courte période de tranquillité au début, suivie d’une phase prolongée où vos deux îles se rejoignent pour l’affrontement. Ce cycle se répète jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un seul vainqueur.
En plus des modes par défaut *Battle Royale* et *Head-to-Head*, *Warcana* propose également des modes de survie par vague, des affrontements contre des hordes, ainsi que des conditions de victoire plus spécifiques réparties dans une trentaine de missions solo et divers modes multijoueurs et personnalisés.
Tout cela semble vraiment impressionnant. Des milliers d’unités envahissent l’écran, assaillant les constructions ennemies, tirant des projectiles et perçant les défenses. Les tours lancent des lasers, des rochers, ou utilisent des vignes et de grandes massues pour abattre des vagues d’ennemis par dizaines. Les sorts, quant à eux, détruisent d’immenses bâtiments ou déchaînent une nouvelle vague de milliers d’unités pour submerger vos adversaires.
Tout cela peut sembler être une simple défense de base, mais l’ajout de la mécanique de construction de deck change la donne. Vos options de construction dépendent des cartes que vous avez en main : chaque carte jouée déclenche un effet spécifique, qu’il s’agisse d’augmenter vos ressources ou d’ajouter de nouvelles cartes à votre deck. Hormis les murs, tout doit être construit à partir d’une carte. Une fois jouée, la carte est défaussée, et vous pouvez en piocher une nouvelle, jusqu’à la limite de votre main, et continuer à jouer jusqu’à épuiser vos ressources en énergie et en substance, ou choisir de faire une pause stratégique.
À partir d’un petit deck de 10 cartes ou moins, vous devez créer un ensemble d’actions qui vous permettront de remporter la victoire. Vous aurez besoin de cartes économiques et de bâtiments pour équilibrer vos deux ressources, ainsi que de cartes offrant des avantages supplémentaires, comme une main plus grande ou des troupes qui apparaissent automatiquement. Certaines cartes invoquent des hordes de troupes ou des sorts, vous donnant des avantages défensifs ou vous permettant d’infliger des dégâts à la forteresse ennemie. Cela fonctionne comme un deckbuilder classique : il faut veiller à ne pas surcharger votre deck afin de conserver vos cartes les plus utiles, tout en combinant les cinq factions disponibles et leurs cartes de départ pour personnaliser votre stratégie.
Autrement dit… à quel moment les cartes ne sont-elles plus vraiment des cartes, ni même un véritable jeu de cartes ? Quand elles deviennent en réalité un arbre technologique déguisé.
Dans les jeux de stratégie en temps réel (RTS), l’ordre de construction et l’arbre technologique sont essentiels, et *Warcana* vous les présente de manière ingénieuse sous forme d’un processus de construction de deck. Ce n’est pas caché non plus : chaque carte peut être examinée dans un diagramme qui montre clairement quelles cartes elle peut ajouter à votre deck ou en quoi elle peut se transformer avec le temps.
Ainsi, la construction de deck n’est pas le mécanisme central ni même la mécanique principale de *Warcana* ; c’est plutôt un concept sophistiqué qui randomise la façon dont vous pouvez construire votre base et attaquer vos ennemis. Il détermine quelles unités vous pouvez jouer et dans quel ordre. Savoir exploiter ce système et le maîtriser représente une grande partie de vos compétences dans le jeu.
Il est difficile de porter un jugement définitif sur l’idée, tant elle est innovante (et si cela vous intrigue, je vous recommande de l’explorer), mais je soupçonne que *Warcana* pourrait rencontrer les mêmes difficultés que *Artifact* de Valve. Ce dernier était un jeu de cartes magnifiquement complexe, mais dont la profondeur a dépassé les capacités de nombreux joueurs. J’imagine également que *Warcana* pourrait poser des défis en matière d’équilibrage, surtout lorsque les joueurs découvriront et exploiteront des combos déséquilibrés.
Après plusieurs dizaines d’heures sur *Warcana*, j’ai l’impression d’effleurer seulement la surface des stratégies possibles et de leur application. Faut-il privilégier l’économie et la défense ou adopter un rythme agressif pour maintenir ses adversaires sous pression ? Doit-on se limiter à des decks mono-faction pour la cohérence ou mélanger plusieurs factions pour maximiser la flexibilité, au risque de perdre en fiabilité ?
J’espère que l’attrait de ce jeu de stratégie en temps réel basé sur la construction de base, ainsi que l’effet visuel impressionnant en action, attireront suffisamment de joueurs pour le soutenir sur le long terme. Je suis très curieux de voir où cela nous mènera. Si vous êtes intéressé par l’exploration des nouvelles frontières de la conception de jeux, je vous encourage vivement à lui consacrer un peu de votre temps.
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