Jérôme est un menteur compulsif. Sa famille et ses amis ne supportent plus ses mensonges quotidiens. Ils font tout pour qu’il change d’attitude. N’écoutant pas ce qu’on lui reproche, Jérôme s’enfonce de plus en plus dans le mensonge jusqu’au jour où une malédiction divine le frappe : tous ses mensonges prennent vie. Commence alors pour un lui un véritable cauchemar.
ENTRETIEN
OLIVIER BAROUX
POURQUOI AVEZ-VOUS EU ENVIE D’ADAPTER « MENTEUR » DU QUÉBÉCOIS ÉMILE GAUDREAULT ?
La Gaumont me l’avait fait parvenir en me demandant si j’étais partant pour en faire une version française. Je l’ai regardé comme un spectateur lambda et je me suis tellement marré que j’ai tout de suite rappelé pour dire que oui, j’étais partant. Tout m’avait réjoui dans ce film : le scénario, la réalisation et l’interprétation. J’ai simplement demandé de pouvoir ne pas m’en tenir à un simple copié/collé et de changer des éléments pour le rendre, non pas meilleur (je n’avais pas cette prétention-là !), mais pour y proposer ma propre vision du mensonge. Une fois l’accord obtenu, on a travaillé ensemble trois mois et demi pour aboutir au scénario définitif.
QU’EST-CE QUI VOUS AVAIT PLU DANS CETTE COMÉDIE ?
Son sujet ! Le mensonge est l’un des ressorts de comédie les plus employés au cinéma, mais il n’est jamais, ou presque, le cœur d’un scénario en tant que tel. Dans ce film, on essayait de l’analyser, d’en comprendre non seulement les effets mais aussi les facteurs qui le déclenchent. Exister, s’échapper, faire mal, ne pas faire de peine, se valoriser… Les raisons de mentir sont nombreuses. Le film en explorait pas mal ! Ça m’amusait et m’intéressait d’autant plus que, très peu de temps auparavant, j’avais lu dans Le Monde un papier très sérieux qui avançait l’hypothèse qu’une société sans mensonge ne pourrait pas exister. Hypothèse qui avait d’ailleurs inspiré à Ricky Gervais il y a une dizaine d’années un film qu’il avait intitulé THE INVENTION OF LYING et qui traitait de l’utopie d’une société sans mensonge.
VOUS-MÊME, PENSEZ-VOUS QU’UNE SOCIÉTÉ OÙ ON SERAIT CONTRAINT À NE DIRE QUE LA VÉRITÉ RELÈVE DE L’UTOPIE ?
Mais, oui. Tout le monde est appelé un jour ou l’autre à mentir, pour des raisons de sociabilité. Par exemple, lorsqu’un couple envoie la photo de son nouveau-né, il est difficile de ne pas lui répondre qu’il est le plus beau du monde, alors qu’on sait combien il est rare qu’à leur naissance, les bébés soient au meilleur de leur photogénie ! Mais pour faire plaisir, on fait tous ce genre de petit mensonge !
À VOTRE AVIS, POURQUOI, JÉRÔME, VOTRE HEROS, MENT-IL ?
Pour exister. Il a commencé à mentir très tôt pour qu’on s’intéresse à lui et il n’a plus jamais arrêté. Inventer des mensonges est devenu pour lui un mode de vie, une seconde nature. Il sait qu’en inventant des histoires, les gens vont l’écouter, voire, l’admirer. Au fond, ce que veut Jérôme c’est être considéré. Uniquement cela.
VOUS LE FILMEZ AVEC UNE BIENVEILLANCE AMUSÉE. LES MENTEURS VOUS INSPIRERAIENT-ILS DE LA TENDRESSE ?
Jérôme n’est pas un vrai menteur malfaisant. Il n’est pas mythomane, il n’a pas de déviance mentale. Il n’est pas non plus un escroc et il ne fait de mal à personne, tout au moins sciemment. Il est juste un hâbleur et un petit malin, des travers d’autant plus pardonnables que beaucoup d’entre nous s’y adonnent. Il n’y a qu’à regarder sur TikTok ou Instagram : le nombre de gens qui s’inventent des vies ne cesse de croître. C’est un phénomène de société qui devrait inspirer des débats sur le pourquoi du mensonge, ses vertus, son immoralité, ses dégâts et sa… nécessité.
VOUS TRAVAILLEZ GÉNÉRALEMENT VOS SCÉNARIOS EN TANDEM. CELA N’A PAS ÉTÉ LE CAS POUR CELUI DE « MENTEUR »…
C’est le deuxième que j’ai écrit seul. J’avais déjà fait cette expérience pour ON A MARCHÉ SUR BANGKOK. Mais en fait, dans un cas comme dans l’autre, je n’ai jamais travaillé coupé du monde dans le fond de ma cave. À chaque fois, j’ai écrit en étroite collaboration avec mes producteurs. Pour MENTEUR, j’envoyais mes textes au fur et à mesure à Franck Weber et Guillaume Colboc, et on en discutait. Parfois, ils me donnaient leur feu vert, mais s’ils trouvaient que je m’égarais, ils m’aidaient à me remettre sur les rails.
Le film arrive au cinéma pour le 13 juillet 2022.
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