Quand on parle de Tsukasa Hojo, on pense immédiatement à l’action de City Hunter ou au charme de Cat’s Eye. Pourtant, avec Family Compo, l’auteur livre ce qui est sans doute son œuvre la plus humaine, la plus drôle et, étonnamment, la plus avant-gardiste. Ce premier tome de la Perfect Edition est une redécouverte totale. É

L’histoire suit Masahiko, un jeune étudiant orphelin qui se retrouve accueilli par la famille de son oncle, Sora. Mais dès son arrivée, il découvre le secret de la maison : dans cette famille, les rôles de genre sont inversés. Son oncle est une femme au foyer rayonnante, et sa tante est un mangaka hyper-masculin.

Ce premier tome s’impose immédiatement comme une leçon d’écriture et de mise en scène, où l’élégance du trait réaliste de l’auteur vient sublimer un sujet qui, même trente ans après sa création, conserve une force de frappe émotionnelle intacte. L’entrée en matière de Masahiko dans l’univers de la famille Wakana n’est pas seulement le point de départ d’une comédie de mœurs efficace, c’est une véritable immersion dans une réflexion sur l’identité et les apparences.

Le génie de Hojo réside ici dans sa capacité à briser les codes du genre avec une bienveillance rare, utilisant l’inversion des rôles parentaux non pas comme une simple mécanique de vaudeville, mais comme un prisme pour questionner les normes sociales. Le lecteur est placé à la même hauteur que le protagoniste, oscillant entre le choc culturel et l’admiration face à cette cellule familiale finalement bien plus équilibrée et aimante que la moyenne. Visuellement, le grand format de cette édition rend enfin justice à la finesse des hachures et à la précision des expressions, permettant d’apprécier la dualité entre la force physique et la douceur psychologique des personnages.

Ce premier volume réussit le tour de force de faire rire aux éclats tout en installant un malaise salvateur qui pousse à la remise en question. On y retrouve l’humour percutant de l’auteur de City Hunter, mais avec une sensibilité organique qui touche au cœur de l’humain. En refermant ce tome, on réalise que Family Compo est bien plus qu’un divertissement sur le travestissement ou le genre ; c’est un plaidoyer vibrant pour la liberté d’être soi-même au sein d’un foyer qui ne juge pas. C’est un indispensable de la culture manga qui bénéficie ici d’un écrin éditorial à la hauteur de son importance historique et artistique.

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