Depuis l’annonce de sa bande-son signée par le légendaire Akira Yamaoka, DarkSwitch attisait une curiosité teintée d’angoisse. Le titre de Cyber Temple nous projette dans un monde de folk horror où l’humanité — ou ce qu’il en reste — a trouvé refuge dans les cimes d’un arbre titanesque de 200 mètres de haut. L’objectif ? Survivre à la « Brume » (the Shroud), une nappe de brouillard surnaturel qui dévore la santé mentale et transforme la faune en cauchemars. Après plusieurs heures sur le Playtest, le constat est sans appel : si le vertige est bien présent, la chute n’est jamais loin.

Visuellement, le jeu impose une identité forte. On oublie les cités à plat pour une construction verticale organique particulièrement grisante. Voir sa colonie s’étendre le long du tronc et des branches, reliée par des tyroliennes et des escaliers de fortune, offre un cachet indéniable. L’ambiance sonore, lourde et oppressante, sublime ce sentiment d’isolement. Mais DarkSwitch est avant tout un jeu de gestion « à la Frostpunk », où chaque morceau de bois et chaque unité de lumière se paient au prix fort. La gestion de la chaleur est ici remplacée par celle de la luminosité : s’éloigner du foyer central, c’est s’exposer à la folie.

Cependant, tout n’est pas encore vert au pays des elfes. Si le concept séduit, l’exécution sur ce Playtest souffre d’un manque cruel d’ergonomie. L’interface, bien que stylisée, s’avère parfois illisible, et le tutoriel actuel jette le joueur dans le vide sans filet. La progression est freinée par un équilibrage encore brut de décoffrage, notamment sur la récolte du bois, désespérément lente, qui transforme certaines phases en une attente un peu morne. Le système de Tower Defense, censé pimenter les attaques de monstres issus de la brume, manque encore de réactivité et de clarté dans les retours d’informations.

DarkSwitch possède un potentiel atmosphérique immense et une verticalité rafraîchissante pour le genre. S’il parvient à polir sa narration — encore un peu décousue — et à affiner son interface d’ici sa sortie, il pourrait devenir une référence du City-Builder de survie. En l’état, c’est une expérience fascinante mais rugueuse, qui demande autant de patience que de courage.
J’aime :
-
La direction artistique sombre et la construction verticale unique.
-
L’ambiance sonore magistrale signée Akira Yamaoka.
-
Le système de connexion automatique des passerelles, très satisfaisant.
-
Le mélange audacieux entre gestion de colonie et survie psychologique.
J’aime pas :
-
L’interface (UI) parfois confuse et surchargée.
-
Le rythme de jeu trop lent dû à un équilibrage des ressources frustrant.
-
Le tutoriel beaucoup trop lacunaire pour les nouveaux joueurs.
-
Quelques imprécisions dans les mécaniques de combat/défense.
Note finale : 15/20

No responses yet