On pensait avoir tout vu en matière de simulation d’horreur et de satire capitaliste, mais DRINK HUMAN BEANS débarque sans prévenir pour nous prouver le contraire. Développé par Last Dissent, ce titre au nom absurde cache en réalité une descente aux enfers psychologique d’une rare intensité. Oubliez les jump scares faciles, ici, c’est l’âme de l’entreprise qui vient vous dévorer.

Dès les premières minutes, le jeu installe un malaise palpable. Vous n’êtes pas un héros, vous êtes un candidat. Un simple rouage qui tente de s’insérer dans une machine administrative devenue folle. L’esthétique, mélangeant délibérément des visuels générés par IA pour créer un effet « Uncanny Valley » (la vallée de l’étrange), sert parfaitement le propos : le monde est froid, artificiel, et profondément déshumanisé. Ce choix artistique, qui pourrait passer pour de la paresse ailleurs, devient ici une arme narrative redoutable. Les couloirs sont trop propres, les sourires sur les affiches sont tordus, et l’atmosphère sonore, faite de bourdonnements de néons et de silences pesants, vous glace le sang avant même que le premier danger ne se manifeste.

Le gameplay s’articule autour d’une interface téléphonique et de tâches à accomplir qui semblent anodines au départ, mais qui glissent rapidement vers l’horreur pure. C’est là que le titre réussit son pari de donner des sueurs froides. Il ne s’agit pas seulement de fuir un monstre, mais de comprendre les règles d’un système qui vous veut du mal. La tension monte crescendo lorsque l’environnement commence à changer, que les murs semblent saigner et que la réalité du « job » se dévoile. La gestion du stress et de la violence, présentée comme une « catharsis » nécessaire par le jeu, nous place dans une position morale inconfortable, nous forçant à commettre l’irréparable pour progresser.

Ce qui frappe le plus dans DRINK HUMAN BEANS, c’est sa capacité à transformé une situation banale (un processus de recrutement) en un thriller psychologique étouffant. La narration est cryptique, fragmentée, et demande au joueur de s’impliquer pour recoller les morceaux de cette conspiration transhumaniste. On ressort de l’expérience lessivé, avec ce sentiment rare d’avoir traversé quelque chose d’interdit. Le jeu n’est pas techniquement parfait, souffrant de quelques raideurs propres aux productions indé, mais sa direction artistique et son écriture audacieuse font oublier ces défauts. C’est une critique acerbe de notre société de consommation, servie « frappée » dans un cocktail d’angoisse pure.

DRINK HUMAN BEANS est une petite pépite d’horreur psychologique qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui ravira les amateurs d’expériences singulières. Si vous cherchez un jeu qui vous met mal à l’aise et vous fait réfléchir tout en vous donnant la chair de poule, signez le contrat. Mais attention, la clause de sortie est brutale.

Ce que j’aime

  • Une ambiance « Vallée de l’étrange » totalement maîtrisée et dérangeante.

  • La satire du monde de l’entreprise, aussi drôle que terrifiante.

  • Le sound design qui participe grandement au sentiment d’oppression.

  • Un scénario qui reste en tête longtemps après la fin.

  • L’utilisation intelligente de l’IA pour créer un monde sans âme.

Ce que j’aime moins

  • Quelques rigidités dans les déplacements (walking simulator oblige).

  • Une durée de vie qui laisse un peu sur sa faim, on en voudrait plus.

  • Certaines énigmes un peu trop obscures sans indice.

NOTE FINALE : 16/20

 

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