Sorti discrètement sur Steam en ce mois de décembre 2025, Adrift aurait pu n’être qu’un petit jeu indé de plus noyé dans la masse. Quelle erreur cela aurait été. Le titre de S.K.9.8 est une leçon de game design : une expérience viscérale, à la croisée des chemins entre la simulation de franchissement et le voyage onirique. J’ai lancé le jeu par curiosité, je l’ai lâché six heures plus tard, les mains moites et la rétine flattée. Voici pourquoi c’est une réussite.

Gameplay : Une physique qui a du poids

Ne vous laissez pas berner par la vue de dessus (top-down) qui rappelle les jeux d’arcade des années 90. Adrift est d’une exigence redoutable. Le cœur du jeu repose sur une physique de véhicule bluffante de réalisme.

Le 4×4 possède une véritable inertie. On ressent le transfert de masse à chaque coup de frein, les suspensions qui s’écrasent à la réception d’une dune, et les pneus qui cherchent le grip sur la roche ou le sable mou. Ce n’est pas un jeu de vitesse, c’est un jeu de lecture de terrain. Accélérer à fond est souvent synonyme de mort : il faut doser, contre-braquer et jouer avec l’élan.

À cela s’ajoute la mécanique de survie : le Noyau Énergétique. Votre cargaison chauffe en permanence. Rouler vite ventile le moteur mais consomme des ressources ; s’arrêter fait baisser la chauffe moteur mais le soleil du désert prend le relais. La seule échappatoire ? L’eau. Le gameplay devient alors une course tactique d’oasis en oasis, créant un rythme « Sprint / Tension / Soulagement » absolument addictif.

Graphismes & Ambiance : L’art du « Vaporwave »

Techniquement, Adrift ne cherche pas le photoréalisme, mais l’identité. La direction artistique est un pari audacieux : un désert aux teintes pastel, où le sable orange brûlé côtoie des ciels violets et cyans. C’est du « Vaporwave » post-apocalyptique, épuré et magnifique.

L’absence quasi-totale d’interface (HUD) renforce l’immersion. Pas de mini-carte envahissante, tout est diégétique : l’état de votre véhicule se lit sur sa carrosserie (fumée, jauges lumineuses). Mention spéciale au cycle jour/nuit dynamique : conduire de nuit, avec pour seuls repères le faisceau de vos phares et les ombres étirées des canyons, est une expérience angoissante et sublime. Le tout est porté par un Sound Design minimaliste mais percutant (le sifflement du vent, le crissement des pneus), qui isole le joueur dans sa bulle.

Adrift est la preuve qu’un gameplay solide et une direction artistique inspirée valent mieux que tous les polygones du monde. C’est un jeu de conduite pour ceux qui aiment « sentir » la route, une ode à la solitude et à la maîtrise. Si vous acceptez de vous perdre et de lutter contre les éléments, c’est une pépite incontournable. Une excellente surprise.

J’ai aimé 

  • La physique de conduite : Un équilibre parfait entre simulation et accessibilité. Sentir le poids du véhicule est un pur plaisir manette en main.

  • La Direction Artistique (DA) : Un choix de couleurs et de lumières qui donne une identité visuelle unique, à la fois rétro et moderne.

  • Le système de chaleur : Cette mécanique transforme une simple balade en un jeu de stratégie et de tension permanente.

  • L’immersion sonore : Une ambiance mélancolique incroyable, parfaite pour jouer au casque.

  • Le sentiment d’aventure : Pas de GPS assisté, on se sent vraiment explorateur, livré à soi-même.

Je n’ai pas aimé 

  • La caméra parfois piégeuse : La vue de dessus rend difficile l’appréciation de la verticalité. On se prend parfois des murs ou des chutes qu’on ne pouvait pas anticiper.

  • Une difficulté punitive : Certains passages demandent une précision chirurgicale et l’échec renvoie parfois loin en arrière. Frustrant pour les moins patients.

  • Un peu court : L’expérience est intense, mais on arrive au bout en 5-6 heures. On en aurait volontiers repris pour quelques biomes de plus.

Note Finale : 17/20

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