Après avoir écumé la scène indépendante italienne, le studio Chubby Pixel nous livre ici son projet le plus abouti et le plus risqué. Mai: Child of Ages n’est pas simplement un jeu d’aventure de plus ; c’est une fable mélancolique sur le temps qui passe, lorgnant sans se cacher du côté des légendes du genre comme The Legend of Zelda ou Rime. Ayant parcouru l’aventure de long en large sur PlayStation 5, le constat est celui d’une œuvre touchante, pétrie de bonnes intentions, mais qui se heurte parfois à la réalité technique de ses ambitions.
Une direction artistique qui a de l’âme
Dès les premières minutes, le titre frappe par sa « patte » visuelle. On est loin du photoréalisme froid ; ici, tout est question d’ambiance, de couleurs saturées et de ce charme un peu « cartoon » qui rappelle les productions Ghibli. Sur PS5, le rendu est d’une propreté exemplaire. La résolution 4K (dynamique ou native, difficile à dire, mais c’est net) flatte la rétine et sublime les environnements changeants. Car c’est là le cœur du jeu : la manipulation temporelle. Voir un décor passer d’une forêt luxuriante à une ruine enneigée en un instant est un véritable plaisir esthétique. La narration, bien que parfois un peu cryptique, porte des thèmes matures sur l’identité et la mémoire avec une justesse étonnante pour une si petite production. La bande-son accompagne merveilleusement ces moments de contemplation, renforçant ce sentiment de mélancolie douce qui ne nous quitte jamais vraiment.
Un gameplay ingénieux mais inégal
Sur le papier, les mécaniques sont brillantes. Utiliser la Pierre d’Ouroboros pour manipuler le temps, geler des objets ou faire vieillir/rajeunir des éléments du décor offre des puzzles environnementaux très satisfaisants au début. On retrouve ce plaisir de la découverte « à l’ancienne », où l’on doit comprendre la logique du monde sans être tenu par la main. Cependant, le rythme finit par s’essouffler. La structure, qui hésite entre le Metroidvania et l’aventure linéaire, nous oblige parfois à des allers-retours un peu laborieux. Là où le bât blesse davantage, c’est dans les combats. Si l’exploration est fluide, les affrontements manquent cruellement de « punch ». Les hitboxes sont parfois flottantes et l’impact des coups manque de retour physique, donnant une sensation de « frapper dans le vide » qui tranche avec le soin apporté au reste. C’est fonctionnel, mais on sent que le cœur des développeurs était plus dans les énigmes que dans la bagarre.
Le verdict technique : la PS5, reine du bal
C’est sur le terrain de la technique que le fossé se creuse entre les supports, et votre choix de la version PS5 était assurément le bon. Contrairement à la version Nintendo Switch, qui souffre malheureusement de chutes de framerate notables et d’une résolution parfois boueuse en mode portable (rendant certains puzzles de précision frustrants), la mouture PS5 tourne comme une horloge. On profite d’un 60 images par seconde quasi-imperturbable, essentiel pour les phases de plateforme un peu exigeantes. Comparée à la version PC, la mouture PS5 n’a pas à rougir : elle offre un confort « plug-and-play » immédiat sans les petits soucis de configuration ou de compatibilité manette que l’on peut parfois rencontrer sur Steam (notamment sur le Deck avant les derniers patchs). Les temps de chargement, quasiment inexistants grâce au SSD, fluidifient considérablement l’expérience lors des changements de zones ou des voyages temporels, là où les joueurs Switch ont le temps de boire un café. C’est donc, à ce jour, la version console « ultime » pour profiter de l’œuvre sans friction technique.
Mai: Child of Ages est de ces jeux qu’on a envie d’aimer inconditionnellement malgré leurs défauts. C’est une aventure sincère, parfois maladroite, mais généreuse. Si vous parvenez à passer outre des combats un peu mous et quelques longueurs, vous découvrirez une pépite indé qui, sur PS5, brille de mille feux.
J’aime
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La direction artistique colorée et l’ambiance poétique très réussie.
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Le concept de manipulation temporelle, visuellement superbe et ludiquement intéressant.
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La version PS5 techniquement irréprochable (60 fps, 4K, chargements éclairs).
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Une bande-son mélancolique qui colle parfaitement au propos.
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Une durée de vie honnête pour le prix (environ 15-20h).
J’aime pas
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Les combats manquent de précision et de sensations (impact, feedback).
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Certains puzzles deviennent répétitifs sur la longueur.
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Quelques errances dans le level design qui cassent le rythme.
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La narration parfois trop vague qui peut perdre le joueur.

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