Après le raz-de-marée Unpacking qui a prouvé qu’il y a une âme dans le rangement, le studio Kylyk Games tente de cultiver son propre jardin avec Urban Jungle. Plus qu’un simple simulateur de décoration, ce titre édité par Assemble Entertainment nous invite à suivre la vie d’Ayta à travers le prisme de sa passion pour les plantes. Avons-nous affaire à une simple bouture d’un concept à la mode ou à une plante vivace qui mérite sa place au soleil ? Verdict, avec un détour par Bangkok pour le DLC Brother’s Wedding Story.

La vie en Chlorophylle

Urban Jungle ne cache pas ses inspirations. Dès les premières minutes, on retrouve cette volonté de raconter une histoire silencieuse, non pas par des mots, mais par des objets et des lieux. Vous incarnez Ayta Borisova, une jeune femme que l’on suit de l’enfance chez sa grand-mère jusqu’à sa vie d’adulte active. Le fil rouge ? Une passion dévorante pour la botanique qui servira d’exutoire et de point d’ancrage tout au long de ses déménagements, de ses échecs professionnels et de ses réussites personnelles.

Là où le jeu se distingue de ses concurrents directs, c’est par sa dimension « puzzle » plus prononcée. Il ne s’agit pas seulement de poser un ficus là où il est joli. Chaque plante possède ses propres caprices : l’une exige une forte luminosité, l’autre déteste les courants d’air, et certaines refusent catégoriquement la proximité d’espèces incompatibles.

Un Gameplay entre Feng Shui et casse-tête

Le cœur du jeu repose sur un système de notation. Pour valider un niveau (et donc une étape de la vie d’Ayta), vous devez atteindre un certain score de « bien-être » végétal. Cela vous force à observer l’environnement : repérer les fenêtres, les sources d’humidité ou les coins d’ombre. C’est une mécanique intelligente qui donne une consistance ludique à l’acte de décorer. On se prend vite au jeu d’optimiser l’espace, transformant un studio d’étudiant insipide en une jungle luxuriante millimétrée.

Cependant, cette rigidité est à double tranchant. Parfois, on a envie de placer cette magnifique Monstera près du canapé pour le style, mais le jeu nous punit car la luminosité y est insuffisante. Le conflit entre l’esthétique pure et les règles du jeu peut frustrer les décorateurs du dimanche qui cherchaient une liberté totale (bien qu’un mode créatif se débloque par la suite).

Une réalisation « Cozy » maîtrisée mais statique

Visuellement, Urban Jungle coche toutes les cases du genre « Cozy Game ». La direction artistique en low-poly lissé, avec sa palette de couleurs pastels et chaudes, est un régal pour la rétine. L’ambiance sonore, faite de guitares acoustiques douces et de bruits d’ambiance feutrés, enveloppe le joueur dans un cocon de sérénité.

Néanmoins, la technique montre quelques limites. La caméra, bien que pivotable, reste parfois capricieuse dans les espaces exigus, rendant la sélection de petits objets laborieuse. De plus, le moteur physique a ses petits ratés : le « clipping » (objets qui se rentrent dedans) est fréquent et le placement manque parfois de ce « snapping » (aimantation) satisfaisant qui rend Unpacking si tactile.

Zoom sur le DLC : Brother’s Wedding Story

Si le jeu de base se concentre sur Ayta, le DLC Brother’s Wedding Story nous emmène en Thaïlande pour suivre Nurgun, son frère, alors qu’il prépare sa demande en mariage pour son compagnon, Rachata.

Un dépaysement bienvenu Ce contenu additionnel est une véritable bouffée d’air frais. L’architecture change radicalement pour adopter un style thaïlandais coloré et vivant, rompant avec les appartements européens plus classiques du jeu de base. Les nouveaux objets (disques vinyles, décorations locales, ingrédients de cuisine) apportent une richesse visuelle indéniable.

Une narration plus touchante Là où l’histoire d’Ayta pouvait parfois sembler un peu générique, celle de Nurgun touche par sa justesse. La préparation du nid douillet pour une demande en mariage offre une trame narrative plus intime et émotionnelle. Le studio réussit ici un joli coup en proposant une représentation LGBTQ+ naturelle et bienveillante, parfaitement intégrée à l’ADN du jeu. C’est court, mais c’est sans doute le chapitre le plus abouti en termes d’atmosphère.

Urban Jungle est une proposition solide pour qui cherche à faire baisser son rythme cardiaque après une journée stressante. S’il n’atteint pas la maestria narrative d’un Unpacking ni la liberté totale d’un Sims, il trouve son équilibre dans cette gestion « jardinage d’intérieur » satisfaisante. Le DLC Brother vient sublimer l’expérience avec une touche d’exotisme et d’émotion qui manque parfois à l’aventure principale.

URBAN JUNGLE (Jeu de base)

Ce que j’aime :

  • Une direction artistique douce et apaisante, parfaite pour le genre.

  • Le système de « besoins » des plantes qui ajoute une vraie couche de réflexion (lumière, humidité).

  • La variété des environnements qui évite la lassitude visuelle.

  • Le mode Créatif qui se débloque, libérant enfin les contraintes.

  • La bande-son, discrète mais efficace pour la relaxation.

Ce que j’aime moins :

  • Une maniabilité parfois rigide (caméra, précision de la souris).

  • L’aspect « score » qui bride parfois la créativité pure lors du premier run.

  • Une narration en filigrane un peu trop timide qui manque d’impact émotionnel fort.

  • Quelques soucis de collisions d’objets agaçants.

NOTE GLOBALE : 16/20

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Jeux Vidéo|Test

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