Dans l’océan désormais tumultueux des « Survivor-likes » (ou Bullet Heavens), initié par le raz-de-marée Vampire Survivors, il devient difficile de garder la tête hors de l’eau. Chaque semaine apporte son lot de clones, de variantes et de tentatives plus ou moins inspirées. C’est dans ce contexte que débarque Night Swarm, développé par Fubu Games. Loin de se contenter de copier la formule, ce titre tente de l’hybrider avec une esthétique « jeu de plateau » très marquée et une gestion d’escouade. Alors, simple promenade de santé nocturne ou véritable festin vidéoludique ? Verdict après plusieurs nuits blanches.
Le Plateau de Jeu s’anime
La première chose qui frappe dans Night Swarm, c’est sa direction artistique. Oubliez le pixel art minimaliste souvent inhérent au genre. Ici, le jeu adopte un rendu « diorama » en 3D qui rappelle immédiatement des figurines de jeu de rôle sur table. Vos personnages et les hordes d’ennemis (principalement des loups-garous et bêtes corrompues) se déplacent avec une rigidité assumée, imitant des pions que l’on pousserait sur une carte.
L’effet tilt-shift (flou miniature) renforce cette impression de manipuler un monde vivant à l’échelle micro. C’est un pari risqué car cela peut nuire à la lisibilité, mais Night Swarm s’en sort avec les honneurs. Les environnements, du château gothique aux forêts brumeuses, fourmillent de détails sans (trop) noyer l’action… du moins au début.
Un Seigneur, mais pas solitaire
Là où le jeu tire son épingle du jeu, c’est dans son titre : « Swarm » (la nuée/l’essaim). Contrairement à la majorité des titres du genre où vous incarnez un héros solitaire face à mille monstres, ici, vous construisez votre propre armée.
Vous incarnez un jeune Seigneur Vampire cherchant à asseoir sa domination. Très vite, la mécanique de Compagnons devient centrale. Vous ne vous contentez pas d’empiler des armes passives qui tournent autour de vous ; vous recrutez des alliés (archers squelettes, mages, etc.) qui vous suivent physiquement et attaquent de manière autonome. Cela crée une dynamique de « blob » mouvant très satisfaisante. Gérer le positionnement de votre escouade pour maximiser les dégâts tout en protégeant votre Seigneur ajoute une couche tactique bienvenue.
La Boucle de Gameplay : Classique mais efficace
Sur le fond, on reste en terrain connu : votre personnage tire automatiquement, vous gérez les déplacements pour esquiver les vagues incessantes, et vous ramassez l’expérience (ici du sang/or) pour monter de niveau.
Le système de fusion d’armes et d’évolution est robuste. On sent que les développeurs ont voulu donner du poids à chaque « run ». Les synergies entre vos propres compétences vampiriques et celles de vos compagnons peuvent aboutir à des déluges pyrotechniques jouissifs. Cependant, l’interface peut parfois manquer de clarté, notamment lorsqu’il s’agit de comprendre les prérequis exacts pour certaines évolutions d’armes en pleine partie.
La méta-progression est dense. Entre deux expéditions suicidaires, vous revenez à votre Château. C’est ici que vous dépensez vos richesses pour débloquer des talents passifs, acheter de l’équipement permanent et améliorer vos infrastructures. C’est classique, mais cela garantit ce sentiment de « je suis plus fort qu’à la partie précédente » qui rend le genre si addictif.
Quelques ombres au tableau
Tout n’est pas parfait dans le royaume des ombres. Si l’esthétique est charmante, elle devient le pire ennemi du joueur lors des niveaux avancés. Quand l’écran est saturé d’effets de sorts, de centaines d’ennemis et de vos propres compagnons, la lisibilité prend un coup, rendant certaines morts frustrantes car on ne distingue plus sa propre barre de vie ou le projectile fatal.
De plus, l’utilisation de voix générées par IA (assumée par les développeurs) souffle le chaud et le froid. Si cela permet à une petite équipe de donner de la vie aux personnages, le résultat manque parfois cruellement d’âme et d’intonation naturelle, ce qui casse un peu l’immersion gothique soignée du reste du jeu.
Enfin, certains combats de boss, bien que spectaculaires avec des changements d’angles de caméra dynamiques, souffrent parfois de hitbox un peu floues.
Night Swarm est une excellente surprise. Il ne se contente pas d’être un « autre » Survivor-like ; il apporte une identité visuelle forte et un système de compagnons qui change la dynamique des affrontements. C’est un jeu qui comprend ce qui rend le genre amusant (la montée en puissance démesurée) tout en y ajoutant sa propre saveur tactique.
J’aime
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L’esthétique « Tabletop » : Le rendu figurines/diorama est original et très soigné.
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Le système de Compagnons : Avoir sa propre petite armée change vraiment le feeling des combats par rapport à un Vampire Survivors.
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La Méta-progression : Le château offre de vrais objectifs à long terme et une montée en puissance tangible.
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Les Boss : Des affrontements qui tentent des choses, notamment avec la mise en scène.
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Le feeling des impacts : Écraser des hordes de loups-garous est viscéral et satisfaisant.
J’aime pas
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Lisibilité parfois critique : En « end-game », on ne voit plus grand-chose au milieu du chaos visuel.
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L’interface utilisateur : Les menus de fusion et d’évolution manquent parfois d’explications claires.
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Doublages IA : Cela manque d’émotion et sonne parfois très robotique.
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Quelques pics de difficulté : Certains élites peuvent vous « one-shot » sans préavis clair.

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