C’est un monument, que dis-je, un dinosaure du jeu vidéo qui refait surface. Bub, le petit dragon vert qui a hanté les salles d’arcade enfumées des années 80, revient sur nos consoles modernes. Mais attention, avec Bubble Bobble Sugar Dungeons, Taito ne se contente pas de dépoussiérer une vieille formule. Ils tentent le pari risqué de marier la mécanique arcade pure et dure au genre roi de la scène indé actuelle : le roguelite procédural. Alors, ce mélange sucré est-il indigeste ou délicieusement addictif ? Après avoir poncé le jeu sur PS5, voici notre verdict.

La révolution procédurale : Bub se met à la page
Oubliez la structure figée des 100 niveaux à apprendre par cœur. Sugar Dungeons change la donne. Désormais, Bub se réveille dans un laboratoire mystérieux et doit explorer des donjons (les fameux « Sugar Dungeons ») qui changent de configuration à chaque run. Le principe de base reste immuable et jouissif : on crache des bulles pour emprisonner les ennemis, puis on les éclate avec ses épines dorsales ou ses cornes pour les transformer en bonus (ici, des sucreries).
La nouveauté réside dans la gestion de la progression. Ce n’est plus du « try and die » pur. Vous collectez des trésors qui servent de monnaie d’échange pour améliorer Bub de manière permanente. C’est là que le jeu devient accrocheur : même une défaite n’est pas frustrante car vous revenez toujours un peu plus fort, avec une portée de tir améliorée ou une vitesse de déplacement accrue. Le jeu introduit aussi de nouvelles compétences actives, comme le Water Bubble revisité ou le Balloon Wig qui permet de planer, ajoutant une couche tactique bienvenue.

Une direction artistique qui divise
Sur PS5, le jeu est propre, très propre. Trop peut-être ? C’est le point qui fâche un peu les puristes. La direction artistique, très colorée et « kawaii », lorgne parfois dangereusement vers le style jeu mobile. Les animations, bien que fluides (4K/60fps sans broncher, évidemment), manquent parfois du poids et du « crunch » des pixels d’antan. Cela dit, l’ambiance « sucreries et gâteaux » est cohérente et plaira aux plus jeunes ou aux amateurs de visuels acidulés.
La bande-son, elle, est un sans-faute. Elle reprend les thèmes iconiques en les remaniant avec une énergie moderne qui colle parfaitement à l’action frénétique. Mention spéciale aux bruitages de bulles qui éclatent, toujours aussi satisfaisants 40 ans plus tard.

Le bonus qui change tout : Bubble Symphony
C’est la cerise sur le gâteau, et pour certains, ce sera la raison principale de l’achat. Sugar Dungeons inclut une version complète de Bubble Symphony (la version console de l’arcade de 1994). Pour les retrogamers, c’est un cadeau inestimable. Ce titre est souvent considéré comme l’apogée de la série classique, et pouvoir y jouer sur PS5 avec une manette DualSense est un régal. C’est aussi là que le multijoueur prend tout son sens, car si le mode Sugar Dungeons est une aventure principalement solo (une déception pour un jeu dont l’ADN est la coop), Symphony permet de retrouver les sensations du jeu à deux sur le canapé.

Bubble Bobble Sugar Dungeons est un excellent « petit » jeu. Il réussit à moderniser une boucle de gameplay vieille de quatre décennies sans la dénaturer. L’aspect roguelite fonctionne bien pour des sessions courtes (15-30 minutes), parfait pour la Switch ou le Remote Play, mais tout aussi agréable sur grand écran PS5. On regrettera cependant un prix de lancement un peu élevé (env. 40€) pour un contenu qui, bien que rejouable à l’infini, peut sembler répétitif visuellement.
J’AI AIMÉ
- La boucle de gameplay intemporelle : Emprisonner et éclater reste fun, c’est mathématique.
- L’approche Roguelite : La génération procédurale des niveaux apporte une vraie fraîcheur et brise la routine du « par cœur ».
- La progression du personnage : Sentir Bub devenir une machine de guerre au fil des runs est très gratifiant.
- Bubble Symphony inclus : Un véritable trésor du passé, jouable en coop, qui justifie à lui seul une partie du prix.
- La bande-son : Des remix qui mettent de bonne humeur instantanément.
J’AI MOINS AIMÉ
- Le style visuel un peu « froid » : On dirait parfois un jeu mobile haut de gamme plutôt qu’une production console avec une vraie patte artistique.
- Pas de coop sur le mode principal : Un comble pour un Bubble Bobble ! Seul le mode rétro permet de jouer à deux.
- Le prix : Un poil cher pour ce qui reste, techniquement, un jeu d’arcade modeste.
- Certains boss : Un peu « sac à PV » (points de vie) qui cassent parfois le rythme frénétique des niveaux.

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