Le genre du puzzle-platformer atmosphérique est devenu, depuis le sacre de Limbo et Inside, une terre sainte pour les développeurs indé. Difficile de s’y faire une place sans être immédiatement comparé aux maîtres de Playdead ou à la série Little Nightmares. C’est pourtant le pari d’Aya Games avec Ayasa: Shadows of Silence, sorti ce 28 novembre 2025. Une œuvre visuellement saisissante qui tente de marier horreur psychologique et poésie macabre. Mais derrière son esthétique de film noir surréaliste, le jeu parvient-il à sortir de l’ombre de ses modèles ?

Voyage au bout de la nuit
Dès les premières minutes, Ayasa impose le respect par sa direction artistique. Le jeu nous plonge dans le « Monde Inversé », un univers fracturé où Ayasa, notre protagoniste, doit voyager à travers des terres représentant des concepts humains (Foi, Espoir, Cupidité…). L’inspiration est palpable : on y retrouve la touche gothique de Tim Burton mêlée au surréalisme dérangeant de René Laloux (La Planète Sauvage).
Le jeu est beau, indéniablement. Chaque tableau est composé comme une peinture, jouant sur les contrastes marqués et une palette de couleurs minimaliste mais percutante. La narration, totalement silencieuse, fonctionne à merveille pour qui aime recoller les morceaux d’un lore cryptique éparpillé dans le décor. C’est mélancolique, parfois glauque, et soutenu par un design sonore d’une grande justesse qui appuie l’isolement de l’héroïne.

Ombre, Lumière et Frustration
Côté gameplay, Ayasa reprend les codes classiques du genre : on court, on saute, on tire des caisses et on fuit des monstruosités grotesques. La particularité du titre réside dans ses mécaniques liées aux pouvoirs d’Ayasa. La gestion de la lumière et de l’ombre n’est pas qu’esthétique ; elle est au cœur des énigmes. Pouvoir manipuler certaines sources lumineuses ou utiliser des compétences comme l’invisibilité apporte une fraîcheur bienvenue aux puzzles.
Cependant, c’est manette en main que le charme se fissure légèrement. Si vous avez déjà pesté contre la « lourdeur » volontaire d’un Little Nightmares, préparez-vous. Les contrôles d’Ayasa souffrent d’une inertie parfois excessive et d’un input lag notable qui rend les phases de plateforme précise inutilement punitives. L’alignement des sauts, en particulier avec la profondeur de champ (le fameux axe Z), peut s’avérer frustrant, transformant l’exploration en une séance de die & retry pas toujours justifiée par le design du niveau, mais plutôt par la rigidité du personnage.

Une technique en clair-obscur
Pour un titre indépendant, l’ambition est là, mais la finition pêche encore un peu à la sortie. Sur notre version de test, nous avons rencontré quelques bugs de collision et des scripts qui ne se déclenchent pas, obligeant à recharger le dernier point de contrôle. Rien de catastrophique qui empêche de finir l’aventure, mais ces accrocs brisent l’immersion, ce qui est un péché capital pour un jeu qui mise tout sur son atmosphère.

Ayasa: Shadows of Silence est un titre qui a du cœur et une âme artistique indéniable. Si vous êtes un inconditionnel des aventures narratives à la Inside, vous serez happé par cet univers cauchemardesque et sa poésie visuelle. Cependant, le jeu trébuche sur l’exécution purement ludique avec une maniabilité qui manque de la précision chirurgicale nécessaire au genre. Une belle expérience, imparfaite, mais qui marque la rétine.
J’aime
- La direction artistique, somptueuse et singulière (mélange Tim Burton / Surréalisme).
- L’ambiance sonore et la musique, très immersives.
- L’univers cryptique qui donne envie d’être décodé.
- Les mécaniques de lumière et d’ombre intelligemment intégrées aux puzzles.
- Une durée de vie correcte pour le prix (environ 5-6h).
J’aime pas
- L’inertie du personnage et la lourdeur des contrôles (input lag).
- La gestion de la profondeur (axe Z) souvent trompeuse lors des sauts.
- Quelques phases de die & retry frustrantes et mal dosées.
- Des soucis techniques et bugs de collision présents au lancement.

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