C’est un fait : le genre du deckbuilder roguelike est saturé. Depuis le séisme Slay the Spire, tout le monde veut sa part du gâteau. Mais de temps en temps, un titre arrive à se frayer un chemin non pas en réinventant la roue, mais en la polissant avec un amour du détail obsessionnel. C’est exactement le cas de Cross Blitz. Imaginez les aventures solo légendaires de Hearthstone (époque Kobolds & Catacombes), injectez-y une dose de RPG tactique et enrobez le tout dans un pixel art absolument somptueux. Vous obtenez l’une des expériences les plus addictives de cette année.

Une mécanique de jeu huilée à la perfection

Le cœur de Cross Blitz repose sur des affrontements de cartes, mais avec une dimension spatiale. Contrairement à un Slay the Spire où vous frappez une cible unique ou un groupe, ici, vous jouez sur un plateau en deux rangées (avant et arrière). La mécanique est simple mais profonde : vous devez placer des serviteurs pour protéger votre héros, gérer votre mana qui augmente à chaque tour, et utiliser des sorts pour contrôler le terrain. La subtilité vient des synergies, car le jeu ne vous demande pas simplement de poser la plus grosse créature, mais de créer des réactions en chaîne dévastatrices.

Les factions proposées sont radicalement différentes et offrent une belle variété de styles. D’un côté, nous avons les Pirates menés par Redcroft, dont le gameplay se base sur l’agression pure, les combos rapides et l’utilisation ingénieuse de pièces d’or comme munitions. De l’autre, la faction des Reliques, incarnée par Violet, propose une approche beaucoup plus technique reposant sur l’enchaînement de sorts et l’activation d’artefacts magiques. D’autres archétypes tout aussi variés, comme les Draconiques ou la Nature, viennent enrichir l’expérience à travers le mode roguelite.

Deux jeux en un : Fables et Tusk Tales

C’est là que Cross Blitz frappe fort en proposant deux modes distincts qui justifient à eux seuls l’achat. Le premier, baptisé « Fables », est un véritable RPG scénarisé. Vous y suivez Redcroft le lion pirate ou Violet la pop-star aventurière sur une carte du monde remplie de dialogues souvent très drôles, de boutiques et de PNJ. C’est une structure idéale pour comprendre les mécaniques, pensée comme une lettre d’amour aux J-RPG d’antan.

Le second mode, « Tusk Tales », verse quant à lui dans le Roguelite pur et dur. C’est le mode « infini » où vous choisissez un mercenaire pour parcourir une carte générée aléatoirement, avec pour seul but d’aller le plus loin possible. C’est une expérience brutale et rapide où la construction de deck devient folle grâce à des reliques passives qui changent totalement la façon de jouer à chaque tentative.

Une direction artistique à tomber

Il faut s’arrêter une seconde sur l’esthétique. Le pixel art de Cross Blitz n’est pas juste « rétro », il est vivant. Chaque carte est animée, les attaques ont du « punch » visuel, les menus fourmillent de détails. La bande-son, mélangeant chiptune, synthé et instruments orchestraux, colle parfaitement à l’ambiance « aventure pirate cartoon ». On sent que Tako Boy Studios a passé un temps fou à rendre l’interface agréable, un point souvent négligé dans les jeux de cartes.

L’équilibrage : Le défi de l’Accès Anticipé

Si le jeu est brillant, il n’est pas exempt de défauts de jeunesse. L’IA oscille parfois entre le génie tactique et la stupidité profonde, allant jusqu’à ignorer une menace létale pour attaquer un serviteur inutile. De plus, en mode Roguelite, la courbe de difficulté peut être en dents de scie : on roule sur tout le monde pendant 20 minutes, avant de tomber sur un boss qui possède le « contre » parfait à notre deck, rendant la défaite inévitable et parfois frustrante. C’est le lot du genre, mais certains pics de difficulté semblent artificiels.

Cross Blitz est bien plus qu’un simple « autre jeu de cartes ». C’est un hommage vibrant aux RPG tactiques et aux jeux de cartes à collectionner des années 2010. Généreux, magnifique et doté d’un gameplay « facile à apprendre, difficile à maîtriser », il s’impose déjà comme une référence incontournable, même en Accès Anticipé. Si vous avez aimé le mode solo de Hearthstone ou si Slay the Spire commence à vous lasser, foncez. C’est une pépite.

J’aime 

  • Visuellement sublime : Un pixel art coloré, détaillé et des animations très fluides.

  • Contenu gargantuesque : Entre le mode Histoire (30h+) et le mode Roguelite infini, la durée de vie est énorme.

  • Profondeur tactique : Le système de placement sur deux rangées ajoute une vraie couche stratégique.

  • Synergies jouissives : Réussir un combo qui nettoie le plateau adverse en un tour est extrêmement satisfaisant.

  • L’humour : L’écriture est légère, drôle et ne se prend pas au sérieux.

  • La clarté : Malgré la complexité, les mots-clés et effets sont très lisibles.

J’aime pas 

  • L’IA parfois aux fraises : L’ordinateur fait parfois des erreurs grossières qui gâchent un peu la tension.

  • Équilibrage inégal : Certaines cartes ou reliques sont objectivement trop puissantes (ou trop faibles), rendant certaines « runs » triviale ou impossibles.

  • Un peu de « Grind » : Débloquer toutes les cartes et améliorations dans le mode histoire peut sembler un peu longuet vers la fin.

Note : 17/20

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