Depuis son annonce, RENNSPORT se positionne comme le futur messie de l’eSport automobile, promettant de bousculer la hiérarchie établie par les géants que sont Assetto Corsa Competizione ou iRacing. Porté par la puissance théorique de l’Unreal Engine 5 et une ambition démesurée, le titre débarque enfin sur nos consoles de salon. Après avoir limé le bitume pendant de longues heures sur PlayStation 5, le constat est malheureusement celui d’un rendez-vous manqué, coincé entre un potentiel de conduite indéniable et une coquille désespérément vide qui peine à justifier son statut « next-gen ».

Une conduite chirurgicale mais sans âme

Il faut rendre à César ce qui est à César : une fois le volant en main et la voiture posée sur l’asphalte, RENNSPORT ne triche pas. La première prise en main surprend par une rigidité toute germanique qui plaira immédiatement aux puristes. Le modèle physique, bien que parfois déroutant par sa soudaineté dans les pertes d’adhérence, offre un ressenti du train avant particulièrement incisif. Sur ma base Fanatec branchée à la PS5, le Force Feedback (retour de force) délivre des informations claires, détaillées, permettant de sentir le moindre vibreur ou le transfert de masse au freinage. On sent que le cœur du développement a été mis ici, dans cette volonté de proposer une plateforme eSport fiable, précise et sans fioritures. Si vous cherchez uniquement à chasser le chronomètre au millième de seconde dans une ambiance compétitive stérile, le contrat est partiellement rempli sur le plan du pilotage pur.

Le garage fantôme

Cependant, une simulation ne se résume pas qu’à sa physique de pneu, et c’est là que le bât blesse cruellement. Lancer RENNSPORT aujourd’hui revient à entrer dans une concession automobile de luxe qui vient de se faire cambrioler. La pauvreté du contenu est tout simplement alarmante pour un titre qui souhaite s’imposer sur le marché console. Là où un Gran Turismo 7 ou même le vieillissant Assetto Corsa offrent une pléthore de véhicules, RENNSPORT se contente de nous servir une poignée de GT3 vues et revues. Le sentiment de tourner en rond arrive à une vitesse fulgurante. On a cette désagréable impression de jouer à une démo technique glorifiée plutôt qu’à un jeu complet. L’absence de diversité dans les catégories, le manque de circuits emblématiques au lancement et l’inexistence d’un véritable mode carrière solo transforment l’expérience en une succession de courses rapides sans enjeux narratifs ni sentiment de progression. On enchaîne les tours, mais pour quoi faire ? Le jeu ne nous donne aucune raison de rester une fois l’attrait de la nouveauté dissipé.

L’Unreal Engine 5 en difficulté sur console

L’autre grand argument de vente de RENNSPORT était son moteur graphique. L’Unreal Engine 5 devait nous mettre une claque visuelle, justifiant l’abandon des anciennes générations. La réalité sur PlayStation 5 est beaucoup plus terne. Techniquement, le jeu souffle le chaud et le très froid. Si les modélisations des véhicules sont soignées, les environnements, eux, manquent cruellement de vie et de détails organiques. Les circuits paraissent aseptisés, froids, presque cliniques. Plus inquiétant encore, l’optimisation ne semble pas au rendez-vous. J’ai noté plusieurs chutes de framerate inexplicables lorsque le peloton est groupé, ainsi qu’un aliasing persistant qui vient gâcher la netteté de l’image, un comble pour une simulation qui exige une précision visuelle absolue pour repérer les points de freinage. Les effets de lumière, censés être la force du moteur, sont parfois mal gérés, créant des contrastes violents ou des reflets peu naturels sur le pare-brise. On est loin, très loin de la claque photoréaliste promise par les premiers trailers.

Une austérité coupable

L’ambiance sonore et l’interface finissent de peindre ce tableau en demi-teinte. Si les moteurs rugissent avec une certaine férocité, l’environnement sonore global est plat. On ne ressent pas la ferveur des courses, les bruits de carrosserie ou l’ambiance des tribunes. Tout est trop propre, trop lisse. Les menus, bien que fonctionnels, sont d’une austérité qui frise la paresse, manquant cruellement d’identité visuelle. On navigue dans des tableaux grisâtres pour lancer une course sur une piste grise avec une voiture grise. Cette absence de « charme » ou de direction artistique forte empêche de s’attacher au titre.

Verdict

En l’état, il m’est difficile de recommander RENNSPORT sur PS5 à un autre public que les curieux de l’eSport hardcore qui ont déjà fait le tour de la concurrence. Le titre possède des fondations saines avec une physique de conduite intéressante et exigeante, mais il s’effondre sous le poids de son manque de contenu et de ses errances techniques. Avec un garage famélique et une réalisation qui peine à convaincre sur la console de Sony, RENNSPORT ressemble davantage à un chantier prometteur qu’à un produit fini. Il faudra sans doute des mois, voire des années de mises à jour pour en faire un incontournable, si la communauté ne l’a pas déserté d’ici là. Pour l’instant, c’est un démarrage en fond de grille.

On aime

  • Le modèle physique précis et exigeant.

  • Un Force Feedback riche en informations sur PS5.

  • La modélisation extérieure des véhicules très réussie.

  • Une base saine pour la compétition eSport pure.

On n’aime pas

  • Le contenu famélique au lancement (peu de voitures et circuits).

  • L’absence totale de mode carrière ou de progression solo.

  • Techniquement décevant (aliasing, chutes de framerate).

  • Des environnements froids, vides et sans vie.

  • Une interface austère et une ambiance sonore trop plate.

Note Finale : 12/20

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