Le studio espagnol Anima Project a toujours navigué entre une ambition démesurée et les réalités d’un budget contenu. Inspiré de l’univers du jeu de rôle sur table Anima: Beyond Fantasy, la série Gate of Memories est une déclaration d’amour aux Action-RPG japonais old-school, proposant un mélange enivrant d’exploration semi-ouverte et de combats frénétiques. Que vaut cette double-aventure, retrouvée aujourd’hui sur Steam ? C’est une expérience exigeante, imparfaite, mais dotée d’un panache rare.

I. Anima: Gate of Memories (La Fondation)

Le premier épisode, Gate of Memories, sert de rampe de lancement à l’univers. Le joueur y incarne l’Unique, une porteuse de calice sans mémoire, et Eril, un ancien monstre d’une grande puissance, scellé dans le calice. Le cœur du jeu repose sur ce système de switch dynamique : on passe instantanément d’Eril, spécialisée dans les attaques rapides et la magie, à l’Unique, axée sur le combat au corps-à-corps lourd et les compétences plus défensives.

Le scénario prend place dans la Tour d’Arcane, un lieu labyrinthique rempli d’entités mystérieuses et de créatures redoutables. L’exploration est un point fort, le jeu n’hésitant pas à vous laisser chercher votre chemin à travers des environnements variés, du monde enneigé aux bibliothèques dimensionnelles.

Cependant, le système accuse son âge et ses limites. La maniabilité est parfois rugueuse, les animations manquent de fluidité par rapport aux standards actuels du genre, et la caméra peut se montrer capricieuse lors des affrontements intenses. C’est le prix à payer pour l’ambition : le jeu veut être un monde ouvert alors qu’il fonctionne mieux comme une succession d’arènes et de couloirs.

II. The Nameless Chronicles (L’Évolution et le Panache)

L’opus suivant, The Nameless Chronicles, change radicalement de perspective, se concentrant sur The Nameless, l’antagoniste principal du premier jeu, un être immortel surpuissant.

Ce changement de protagoniste impose une nouvelle philosophie de combat. Fini le système de switch dual : ici, le Nameless est une machine de guerre. Le gameplay est plus rapide, plus vif, et surtout plus spectaculaire. Les combos sont plus longs, les sorts explosifs, et la sensation de puissance est immédiate. On passe d’un jeu de rôle d’action exigeant à un véritable « Character Action Game » à la Devil May Cry.

Les développeurs ont visiblement appris de leurs erreurs. Les Nameless Chronicles proposent des combats de boss plus inventifs et une progression narrative plus focalisée, limitant l’aspect « remplissage » des environnements. Même si les faiblesses techniques (textures, quelques bugs de collision) persistent, l’ensemble est mieux maîtrisé, offrant une aventure plus nerveuse et plus gratifiante pour les amateurs de défis.

Les jeux Anima: Gate of Memories ne sont pas des blockbusters, mais ils possèdent une âme et un sens du spectacle qui leur sont propres. Jouer aux deux jeux sur Steam, c’est embrasser un style de jeu où le lore dense et les personnages charismatiques (Eril, The Nameless) priment sur le polissage technique.

Si vous êtes un fan des Action-RPG avec une composante exploration prononcée et que vous êtes prêt à pardonner une direction artistique parfois inégale et une technique datée, cette double-aventure est incontournable. Elle récompense la persévérance et séduit par son casting haut en couleur et la richesse de son univers.

Points Forts

• Système Dual (GoM) : Le switch entre l’Unique et Eril est tactique et unique.

• Vitesse et Puissance (TNC) : Le gameplay du Nameless est grisant et spectaculaire.

• Univers Profond : Lore très riche tiré du JdR, personnages complexes.

• Ambiance Visuelle : Certains panoramas et designs de boss sont magnifiques.

Points Faibles

• Maniabilité Imprécise : La rigidité des contrôles peut frustrer en combat.

• Technique Limite : Animations et textures d’un petit budget.

• Caméra Capricieuse : Particulièrement en zones exiguës.

Note finale : 14/20