Casting Whispers est une expérience d’horreur psychologique audacieuse et résolument unique, créée par un seul développeur passionné par le sound design. Dans l’Amérique des années 60, il nous plonge dans une ambiance Lovecraftienne et paranoïaque où la vue n’est qu’une façade. Sa mécanique centrale, qui vous force à fermer les yeux pour « écouter » le monde, crée des moments de tension et de génie narratif inédits. Bien que l’exécution technique et l’opacité de la progression puissent parfois frustrer, l’atmosphère riche, le scénario intrigant et la qualité de la conception sonore en font un titre incontournable pour les amateurs d’horreur cherchant une approche nouvelle et intelligente du genre.
Dans Casting Whispers, vous incarnez Victoria, assistante de laboratoire à Corburgh, qui se rend à l’appartement de son mentor, le Professeur Henry Zubringer, après sa disparition. L’atmosphère, ancrée dans les années 60, mélange habilement l’esthétique du cinéma d’époque et l’influence du Cosmic Horror de Lovecraft. L’immeuble délabré du 1195 Norman Ave. devient rapidement un huis clos claustrophobe, où l’entité malveillante qui vous traque ne respecte aucune logique connue.
L’excellence de Casting Whispers réside dans son concept fondamental : la mécanique d’écoute. En maintenant la touche « Écouter », Victoria ferme les yeux et ses sens sont amplifiés. Ce n’est pas un simple filtre graphique ; le jeu entier bascule alors dans une dimension sonore. Vous pouvez entendre des murmures codés derrière les murs, localiser des mécanismes cachés par le son qu’ils émettent, ou suivre les échos d’une présence invisible.
Cette mécanique est brillante, car elle transforme le fait de fermer les yeux – un acte de vulnérabilité totale dans l’horreur – en un outil de survie et de découverte. Chaque fois que vous activez l’écoute, vous vous exposez au danger dans l’obscurité, mais vous progressez. C’est un dilemme constant qui installe une tension palpable et intelligente.
Le jeu est avant tout une aventure narrative linéaire de type « walking simulator » horrifique, mais ponctué d’énigmes et de phases de furtivité. Les puzzles basés sur le son sont souvent mémorables et bien intégrés à l’univers : décoder des fréquences radio, composer des numéros de téléphone cryptiques, ou identifier l’origine de bruits dans un laboratoire obscur.
Cependant, la narration interactive n’est pas toujours fluide. L’opacité des objectifs peut être un véritable obstacle. Il n’est pas rare de tourner en rond, incertain d’avoir manqué un indice visuel subtil ou, pire, un élément déclenché uniquement par un écho spécifique que l’on n’a pas écouté au bon moment. Le jeu manque parfois de clarté dans sa progression, ce qui peut faire basculer l’excitation de la découverte dans une frustration tenace.
De plus, si le concept est exceptionnel, l’exécution des contrôles, notamment l’interaction avec des objets qui nécessite souvent de cliquer-glisser ou de maintenir la souris au lieu d’un simple clic, peut paraître rigide et parfois capricieuse.
La direction artistique, bien qu’utilisant l’Unreal Engine 5, parvient à capturer une atmosphère décrépite et rétro réussie, inspirée des villes industrielles américaines de l’époque. Cependant, les performances techniques restent le point le plus faible. Les rotations de caméra, en particulier, peuvent parfois provoquer des micro-saccades (« stutters ») qui brisent l’immersion, révélant un manque d’optimisation.
En revanche, le travail sur l’écriture et le doublage est de haut niveau. Le scénario est riche en détails sur l’ESP et la psychologie mentale, et le doublage professionnel donne corps aux personnages et surtout à l’entité. La narration est soutenue par des dialogues offrant parfois des choix, influençant subtilement la direction du récit.
Avec ses multiples fins possibles, Casting Whispers offre une rejouabilité intéressante, invitant à explorer les différentes répercussions des choix et des découvertes faites grâce à l’écoute.
Points forts :
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La mécanique d’écoute : Unique, brillante et génératrice de tension.
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Sound Design exceptionnel : L’élément central du jeu est parfaitement exécuté.
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Atmosphère Lovecraftienne/Americana des 60s.
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Scénario riche avec un doublage professionnel.
Points faibles :
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Progression parfois trop opaque et sujette à l’errance.
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Problèmes d’optimisation (micro-saccades).
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Contrôles d’interaction parfois rigides.

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